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Le lycée Simone Veil revendique son nom

On l’appelle lycée Danton pourtant il se nomme officiellement Simone Veil. Désormais une fresque à l’effigie de cette grande dame le proclame sur un mur d’enceinte. Le projet a réuni profs, élèves, personnel. Et ce n’est pas fini. Un clip vidéo est prévu pour 2021.

La fresque est monumentale, à l’image de cette icône de la lutte pour les droits des femmes à qui l’on doit la loi sur l’interruption volontaire de grossesse dépénalisant en 1974 l’avortement. Le visage de Simone Veil occupe 140 mètres carrés du mur longeant le stade du lycée polyvalent briviste. Un visage souriant et volontaire, bien visible de tous, avec ses 9 mètres de haut sur 16 de large et ses couleurs acidulées, rose fushia, bleu turquoise, jaune citron ou vert émeraude.

Cette fresque réalisée Sêma Lao, une des rares femmes du milieu du street art (voir plus bas), résulte d’un joli projet d’établissement qui a su fédérer des élèves, des enseignants comme le personnel. Tout est parti du formateur en arts appliqués intervenant auprès des apprentis. Jérémie Louis, également président de l’association Jardins de S-cultures qui organise chaque été à Aubazine un festival brassant patrimoine et street art et donc en contact avec de nombreux graffeurs, a proposé de réaliser une fresque au sein du lycée.

Crédit photo LPO Simone Veil

Le projet a immédiatement séduit le proviseur Thierry Chazarin qui y a vu le moyen d’affirmer la nouvelle identité de l’établissement. Le LPO Simone Veil, officiellement nommé ainsi en 2019, reste en effet pour beaucoup « le lycée Danton » dont l’ancienne entrée donnait sur cette rue. « Nous voulions absolument partager la conception du projet avec les élèves. Ils ont participé à toutes les étapes : choisir l’artiste, calculer les superficies et le matériel nécessaire, déterminer les fournisseurs, appréhender la réglementation pour l’échafaudage, faire des communiqués… Tout cela alors que l’on ne se voyait qu’une heure toutes les trois semaines. » Un défi de taille pour ces jeunes de 16 à 18 ans, lycéens, apprentis et étudiants. Avec une belle parité filles et garçons.

Crédit photo LPO Simone Veil

Le projet aurait dû voir le jour en mai dernier mais la crise sanitaire l’a repoussé en octobre. Dans l’adversité, l’équipe a su faire preuve de persévérance. « Nous sommes fiers du résultat », reconnaissent Manon, Liza et Mathis. « On l’a vécu comme une belle aventure entre amis et on s’est franchement amusé, surtout lorsqu’on a posé la sous-couche. Nous étions tous recouverts de peinture et on avait bien mal au bras », se rappellent-ils. « Nous avons aussi pu discuter avec l’artiste, elle est très sympa. »

Un record aussi pour Sêma Lao qui a dû jongler avec la tempête Alex. « Je suis partie d’une photo noir et blanc choisie par les jeunes : ils voulaient un portrait souriant et assez jeune de Simone Veil. Toute la difficulté était de coloriser et je n’avais pas trop de recul vu la dimension de la fresque. » L’artiste a réalisé son œuvre en seulement 40 heures sur quatre jours. Les fleurs de Spirée qu’elle a glissées au bas de la fresque et qui symbolisent la volonté et la ténacité, illustre cette épopée au long cours.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. « Les jeunes ont photographié et filmé le travail de l’artiste et ils préparent maintenant un clip vidéo pour 2021 », annonce Jean-Baptiste Flocher, un surveillant très investi dans le projet. « On voudrait aussi poursuivre la fresque qui n’occupe qu’une partie du mur », expliquent les trois élèves qui se sont pleinement approprié le message transmis par Simone Veil. « Elle a défendu le droit des femmes. Je suis même allée lui rendre visite au Panthéon », glisse l’une d’eux. « Ce nom que porte notre lycée nous plait vraiment. »

  

Crédit photo Sybarts

Sur l’artiste

Un père chinois, une mère allemande et un prénom qui signifie « signe » en grec. Née à Limoges, Sêma Lao s’est installée à Louignac en Corrèze. À 33 ans, c’est une street artiste limougeaude reconnue, l’une des rares femmes dans ce milieu. Sa marque de fabrique : les visages, les frimousses d’enfants surtout. « J’aime travailler sur la suggestion, le mouvement, me saisir des expressions, des états d’âme d’un regard. J’y mets beaucoup de couleurs. » Parmi ses portraits muraux : le basketteur Richard Dacoury au palais des sports de Beaublanc, Coluche sur les Restos du cœur à Limoges, Georges Brassens à Feytiat, Angela Davies, militante pour les droits de l’homme aux Etats-Unis, sur un immeuble de six étages à Blois, des personnalités de la réunification italienne à Forli… Elle signe d’autres murs en Angleterre, Écosse, Italie, Espagne… À découvrir sur Facebook et Instagram.

 

Sur le lycée

Fort de 90% de réussite au bac, le lycée polyvalent Simone Veil regroupe plusieurs formations en gestion, management, sanitaire et social, hygiène et propreté, services à la personne, technologies de laboratoire, métiers de la mode… Le site abrite aussi plusieurs BTS et une unité de formation des apprentis dans la banque, la vente et le commerce. En tout plus de 1100 jeunes. Infos sur lpo-simone-veil.ac-limoges.fr.

 

Le lycée revendique son nom sur des “Blocstop” du Bordelais Abdel Feghoul

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

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