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Le livre “J’ai [eu] 10 ans” confié aux Archives

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C’est un projet scolaire de toute une année qui a débouché sur la réalisation d’un imposant livre mémoire (680 pages). Les 25 enfants en classe de CM1-CM2 à Paul de Salvandy s’y racontent et sont témoins de leur temps. Le livre J’ai [eu] 10 ans, exemplaire unique, est désormais conservé aux Archives municipales. A charge à tout un chacun de le consulter et à eux, dans quelques années, de revenir sur la trace d’eux-mêmes.

pano groupe

De sa dernière année scolaire à Brive, le directeur François Clauzel qui part enseigner la rentrée prochaine à Valladolid en Espagne, laissera une trace indélébile, non seulement dans le cœur des élèves de sa classe de CM1-CM2, mais  aussi, plus matériellement, dans un des magasins des Archives municipales, “dans la zone réservée aux documents prestigieux, entre des livres de Claude Michelet et Michel Peyramaure”, précise le responsable des lieux. Il s’agit d’un imposant livre dans son coffret rouge en peau de veau réalisé gracieusement par les Reliures du Limousin. Un ouvrage entièrement manuscrit sur joli papier Vergé 110 gr fourni par la même société.

livre ouvertA l’intérieur, chaque élève a son chapitre qui suit le même canevas patiemment construit en classe tout au long de l’année. Chacun a consigné de son écriture enfantine sa vingtaine de textes. En commençant par un autoportrait dessiné et un questionnaire de Proust. Puis les personnalités se dévoilent plus en détail au fil des “Je me souviens… de l’été 2015”, “Ce que je veux pour Noël”, “Ce que j’ai eu pour noël”, “Une anecdote drôle arrivée avec des copains de l’école”, “Inventaire de mes sensations”, “La première fois que…”, “Ma chanson préférée modifiée à ma manière”, “Idées qui viennent, qui vont, qui passent par ma tête”… Chacun a même dû rêver son futur à la manière de Léo Ferré dans L’âge d’or.

“La première fois que j’ai eu un amoureux, j’avais 5 ans”, se souvient l’un. “La première fois que j’ai pleuré, c’est quand mon papy est mort”, raconte un autre. “Mon principal défaut, c’est de vouloir avoir toujours raison”, reconnait une. “Dans ma chambre, il y a un coin ou je me sens bien. J’ai choisi cet endroit parce que je m’y sens libre”… Autant de textes qui témoignent de ce qu’ils sont, leurs envies, leurs anecdotes, “ce qui fait que leur vie a une saveur particulière”, explique François Clauzel. “Il s’agissait de mettre sur le papier tout ce qui constitue l’enfant de dix ans qu’ils sont.”

projection

“L’idée est née suite à la visite de Pierre Bergounioux en classe le 24 avril 2015″, relate l’enseignant. Son ami écrivain sculpteur, greffier de son existence qu’il consigne au jour le jour depuis 35 ans dans des cahiers régulièrement publiés, débute ainsi son journal: “Ce cahier parce que je sens que s’effacent, à peine posées, les touches légères qui confèrent aux heures de notre vie leur saveur, leur couleur. Il ne subsiste plus, avec l’éloignement, que des blocs de quatre ou cinq années teintés grossièrement dans la masse. J’aimerais bien avoir conservé quelques lignes du temps d’avant, ­ d’avant la conscience du monde et de soi, de la fièvre et de l’urgence, de la certitude de mourir. Mais c’est parce qu’elles m’étaient épargnées que je n’ai pas éprouvé le besoin de rien noter.”

livre remisC’est en relisant ces lignes que l’idée s’est immiscée dans l’esprit du directeur: faire écrire les enfants sur leurs 10 ans. Lui-même s’est prêté au jeu – “ça fait 25 ans que j’ai 10 ans” -, tout comme une de ses collègues et le photographe Olivier Gouéry qui y ont étroitement collaboré. Pierre Bergougnoux a également préfacé l’ouvrage collectif ainsi qu’un tiré à part intitulé En ce lieu, j’ai [eu] dix ans, en vente à la librairie La Baignoire d’Archimède, où se tient d’ailleurs en parallèle l’exposition photo de la classe jusqu’au 5 juillet.

Avant de symboliquement confier ce matin le fruit de toute une année de travail à la conseillère municipale déléguée Anne Colasson, les élèves ont visité les Archives et se sont montrés particulièrement attentifs au système de classement et de conservation qu’allait suivre leur ouvrage. “L’idée est que quelques uns fassent la démarche de venir se remémorer l’enfant qu’il était“, souhaite François Clauzel. Au delà du rappel de mémoire, un effet miroir sur ce qu’ils étaient et seront devenus.

Certains n’attendront pas 10 à 20 ans avant de retrouver cette part d’eux-mêmes. Les deux copines Emilie et Gaëlle ont déjà prévu de prendre le temps de compulser l’ouvrage dès cet été. “Ça restera un bon souvenir”, assurent-elles. D’autres viendront en famille, avec parents ou grands-parents de passage. Drainant ainsi un public inhabituel en ce lieu de conservation du temps. “On ne pensait pas que tout le monde pouvait venir comme ça aux archives.”

“C’est un beau projet de mémoire qui nous permet d’avoir une trace de la jeunesse de Brive à un moment donné. Finalement, les enfants ne sont pas souvent représentés dans les archives”, se réjouit aussi le directeur Thierry Pradel.

dans les magasins

visite archives

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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