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Le film choc “Bas-fonds”, tourné à Brive, à l’affiche au Rex

A la fin de l'avant-première, la comédienne Valérie Nataf signe les premiers autographes de sa carrière qui devrait être longue (photo Olivier Soulié)

Le film Bas-fonds, signé Isild Le Besco, sort demain. Tourné essentiellement à Brive, ce long métrage a provoqué un choc au Festival de Locarno où il était présenté il y a quelques mois. En cause, la violence des trois personnages, des jeunes filles vivant en marge de la société dans une grande misère sociale et affective.

Seules deux salles projetteront Bas-fonds à partir de demain: une à Paris, l’autre à Brive. Il s’agit donc de ne pas manquer l’événement, qui fait déjà parler dans le petit monde du cinéma hexagonal. Le Rex accueillait hier soir une avant-première en présence de deux comédiennes: Valérie Nataf et Ginger Roman.

Ginger Roman et Valérie Nataf (photo Olivier Soulié)“Asseyez-vous bien au fond de vos sièges, accrochez-vous aux accoudoirs, vous allez en prendre plein la tête pendant plus d’une heure!” Valérie Nataf, comédienne, a gentiment prévenu les spectateurs de l’avant-première de Bas-fonds, d’Isild Le Besco. Effectivement, ce film, tourné essentiellement à Brive en novembre 2008, est un choc. Les trois personnages évoluent dans un univers aussi sale que leurs esprits sont torturés. Dans la froideur d’un trois pièces sans papier peint, un sol jonché d’immondices et de revues pornographiques. Sous un matelas, un fusil. Une arme qui finira comme principale pièce à conviction dans le procès intenté aux jeunes femmes pour le meurtre d’un boulanger.

Lors de la projection, le choc a bien eu lieu. Pas tant par rejet de la violence montrée crûment par la réalisatrice. Le choc est avant tout artistique!

Isild Le Besco montre, certes sans fard, une violence qu’on n’aime pas voir car sans autre raison d’être que la misère affective et l’exclusion sociale, avec les conséquences psychiatriques que ce cocktail détonnant peut engendrer chez des êtres fragiles. Mais elle a la délicatesse de filmer ça superbement. Très maîtrisée, la forme permet au spectateur de rester dans son rôle d’observateur. On ne rentre pas “dans” le film, on le regarde. Et c’est sans doute mieux ainsi.

Ginger Roman, Valérie Nataf et Laurence Biermé hier au Rex (photo Diarmid Courrèges)

Si on excepte les premières minutes, où la volonté de choquer le spectateur peut exaspérer, et les respirations où Isild Le Besco choisit une forme facile, presque naïve, en récitant en voix off des psaumes sur fond de ciel, d’arbres ou d’eau qui coule, Bas-fonds est une œuvre à part, et une œuvre à voir. La façon originale de faire vivre aux spectateurs le procès des trois jeunes femmes est, par exemple, une totale réussite.

Ginger Roman et Valérie Nataf (photo Diarmid Courrèges)“C’est le premier film de la “nouvelle nouvelle vague”, un film qui s’inscrira dans l’histoire du 7e art”, affirme déjà celle qui distribue et défend corps et âme le film, Laurence Biermé. “Bas-fonds parle avant tout de l’identité de la femme, à notre époque où les jeunes filles hésitent souvent entre le string et la burqa. C’est pourquoi le film sera support à de nombreux débats dans les mois qui viennent, car il aborde des thèmes qui vont de la délinquance à la psychiatrie en passant par l’exclusion sociale.”

Outre la confirmation du talent d’Isild Le Besco, reconnu depuis ses deux premiers longs, Bas-fonds permet aussi à trois comédiennes de débuter leur carrière avec des rôles d’une rare consistance.

Ginger Roman et Valérie Nataf après la projection de Bas-fonds (photo Olivier Soulié)Noémie Le Carrer et Ginger Roman sont parfaites. Valérie Nataf est sublime. Campant le rôle de Magalie, grosse, alcoolique, violente, affalée sur le lit devant des films pornographiques, ne parlant qu’en cris et insultes, l’actrice crève l’écran!

“Depuis que j’ai 18 ans, je vais de casting en casting et là, quand Isild m’a appelée pour me dire qu’elle voulait que je sois un des trois personnages, j’ai d’abord cru à une blague. C’était incroyable!” Valérie Nataf a passé un premier casting en mai 2008, pour un tournage en novembre. “J’ai largement eu le temps de m’approprier le personnage. Je me promenais dans les rues en gros jogging, comme celui que porte Magalie dans le film. Par contre, dès la fin du film, j’ai vite posé le jogging pour remettre mes jeans et redevenir moi même!”

Redevenue une jeune fille souriante et jolie après avoir perdu la voix grave et les 12 kilos en plus de Magalie (des kilos pris spécialement pour le rôle), Valérie Nataf mesure sa chance d’avoir eu un rôle aussi dense pour débuter sa carrière. “Commencer en se jetant dans le grand bain, c’est bien mieux que de débuter tranquillement là où on a pied. Si j’ai été capable de tenir ce rôle là, c’est que je peux faire autre chose. Et je compte bien le prouver!”

Forcément, sa prestation va marquer les esprits et si, pour l’heure, la demoiselle n’a toujours pas d’agent, on peut parier que ça va changer très vite.

Bas-fonds est projeté au Rex dès demain. Renseignements sur le site du Rex.




Ginger Roman et Valérie Nataf (photo Olivier Soulié)

Ginger Roman et une admiratrice (photo Olivier Soulié)

Olivier SOULIÉ

Olivier SOULIÉ

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