Les agendas des gens du cinéma sont souvent chargés, et pas mal de primés n’ont pu être présents hier soir lors de la cérémonie de clôture du 8e festival du cinéma de Brive. Guillaume Brac était là. Son moyen métrage Un monde sans femmes a reçu le Grand prix Europe du 8e festival du cinéma de Brive. De chaleureux applaudissements sont venus saluer une œuvre touchante et abordable, portée par des comédiens excellents.
Un monde sans femmes, Grand prix Europe du 8e festival du cinéma de Brive à l’unanimité du jury professionnel, peut être vu et apprécié par le plus grand nombre. D’aucuns pensent que le festival ne propose dans sa sélection que des films pour une élite à la tête remplie de références cinématographiques pointues. Le prix accordé à ce magnifique film, tendre, drôle, touchant, montre que ce n’est forcément pas le cas.
“A force de discussions, d’échanges de points de vue, nous sommes arrivés à l’unanimité”, a explique le président du jury Vincent Dietschy. “Trois tendances se distinguaient dans la sélection: le documentaire, la fiction et l’expérimental. Il pourrait d’ailleurs presque y avoir un prix pour chacune de ces catégories. Ce n’est pas le cas, alors nous avons choisi un parti pris que vous allez découvrir maintenant.”
Lorsque Guillaume Brac, réalisateur distingué par le Grand prix Europe, monte sur scène, il affiche sa surprise: “Le Grand prix France venant d’être désigné, je ne m’attendais plus à rien car mon film, jusqu’à preuve du contraire, est français!” Mais c’était oublier que, jusqu’à preuve du contraire, la France est en Europe. Le jeune homme n’a pas boudé son plaisir de recevoir, des mains du député maire Philippe Nauche, son trophée.
“Je crois au format moyen métrage”, a expliqué le lauréat. “Il y a des histoires qui correspondent à ce format, et faire un moyen métrage ne signifie pas forcément qu’on n’a pas eu les finances pour faire un long. Le moyen métrage est un film à part entière et, ce soir, je suis heureux que mon film débute sa vie par ce prix. Il n’avait jamais été montré avant ce festival. J’ai une pensée pour les gens de la commune de Picardie dans laquelle on a tourné, et aussi pour les acteurs.”
Un monde sans femmes est né d’un “pari un peu fou”. Guillaume Brac avait, en effet, pris la décision, en mai dernier, de tourner en août. Et il a préparé le tournage sans avoir ni financement, ni scénario! Au final, pourtant, la réussite est totale. L’histoire de Sylvain, qui rencontre deux jolies jeunes femmes qui pourraient passer pour sœurs alors qu’elles sont mère et fille, a touché le public. Cet anti-héros, un homme sans doute un peu trop gentil, un peu trop serviable, un peu trop timide, passe, auprès de quelques mâles dominants de sa commune, pour la bonne poire dont on n’hésite pas à se moquer pour se faire valoir. Difficile, dans ses conditions, pour Sylvain de conquérir le cœur de celle qu’il se surprend à aimer.
La grande qualité de ce film réside dans la parfaite distance trouvée par le réalisateur pour filmer le personnage. Là où il eut été facile d’entraîner le public du côté des coqs moqueurs, Guillaume Brac a su éviter l’écueil en portant un regard plein de tendresse sur Sylvain. Le public rit de ses maladresses mais ne se moque pas. Un moyen métrage finalement très moral.
Sur un plan plus général, signalons la fréquentation stable du festival du cinéma avec environ 7.000 entrées. “On n’augmente pas, certes, mais peut-être parce qu’il se passait beaucoup de choses à Brive ce week-end, avec un grand match de rugby ou encore l’inauguration du théâtre, ce dont nous n’allons certainement pas nous plaindre”, a expliqué Sébastien Bailly, directeur délégué, en amont de la remise des prix. “Nous sommes particulièrement satisfaits de la grande qualité d’écoute du public de Brive, illustré par exemple par l’attention portée par les 600 spectateurs du ciné-concert de jeudi soir. Et le festival tient à remercier Boris Eustache, fils de Jean auquel le festival consacrait un panorama, pour avoir accepté de beaucoup échanger avec les spectateurs et les jeunes en toute discrétion.”
Face à des représentants de Guimaraes (Portugal), ville jumelée à Brive et capitale européenne de la culture en 2012, Sébastien Bailly a d’ores et déjà émis le souhait de mettre en avant, l’année prochaine, le jeune cinéma portugais, “pour montrer ce que font les successeurs de Manoel de Oliveira”.
Le palmarès complet
Les fiches des films se trouvent sur le site officiel du 8e festival du cinéma de Brive.