L’Ouvroir est le tout nouveau nom de l’ancienne chapelle de la Providence entièrement rénovée. La salle d’activités pour les jeunes placés sous l’aile de cette association reconnue d’utilité publique, se donne aussi une dimension culturelle. Le chorégraphe Giovanni Martinat y a entamé aujourd’hui une résidence avec dix danseuses pour adapter sa pièce Moon, in your black eyes en plus long format. Une pièce en recréation dans un lieu en devenir. Comme un écho.
Mouvements arabesques de corps s’évitant, se frôlant, se cherchant, se répondant. Fluidités des mouvements. Volutes de tissu en rouge, noir et blanc. “J’aime jouer avec les couleurs”, commente le chorégraphe qui préfère laisser à l’interprétation sa part de liberté. Il a créé sa pièce Moon, in your black eyes pour quatre interprètes et veut aujourd’hui la porter sur un plus long format avec dix danseuses. Dix corps dont il magnifie la féminité.
Giovanni Martinat n’est assurément point homme de ressentiment. “J’aurais pu devenir misogyne”, reconnait celui qui enfant avec ses frères a été martyrisé par sa mère. Une histoire qu’il a enfin pu coucher par écrit dans un livre à paraitre, Les viscères de la vie. Il y raconte comment il a conjuré le destin tracé par la cruauté féminine et a transformé, grâce à la danse qui lui a sauvé la vie, la rancune en pardon.
Son enfance cabossée résonne comme un dénominateur commun avec celles parallèles des jeunes résidents accueillis par la Providence et pour lesquels il a déjà organisé des ateliers d’initiation. “Ils ont accroché, ça les a tout de suite touchés, la danse est exutoire et libératrice”, a-t-il constaté. “Leur histoire fait écho à la mienne. Je me reconnais en eux. Et puis d’abord, nous sommes chez eux, ils peuvent venir voir comment se déroule les répétitions”, déclare l’artiste qui est d’ailleurs parrain de L’Ouvroir, cette salle au nouveau potentiel. Un nom ancré dans le passé et tourné vers un avenir où pourront germer des projets culturels dont bénéficieront aussi les jeunes que la Providence accueille.
L’ouvroir désignait en effet le lieu où les femmes se rassemblaient pour effectuer des travaux d’aiguille. Le nom choisi rappelle évidement le temps où les sœurs de Nevers prenaient sous leurs ailes des orphelines et leur apprenaient ce métier. Les sœurs ont quitté depuis longtemps la Providence mais une association reconnue d’utilité publique continue d’accompagner des jeunes en difficulté, hébergés sur site ou en autonomie dans la ville.
« Ce projet prend place dans la vocation de l’établissement », précise la présidente Françoise Rabia. « Cette chapelle est d’abord un lieu d’activités pour les jeunes et nous souhaitons y voir germer des projets qui prennent en compte cette dimension et puisse leur ouvrir le champ des possibles. Il faut que ça fasse sens. » Les propositions devront d’ailleurs passer par le filtre d’un comité consultatif culturel qui intègre notamment un jeune et des membres du conseil d’administration. Les demandes doivent être déposées sur le site laprovidence-brive.fr en cliquant sur l’onglet L’Ouvroir.
« L’outil est là et il y règne une belle lumière », se réjouit Jean-Marc Comas chargé de mettre sur rail le projet. La programmation de ce nouveau lieu va ainsi se construire au fil des demandes. Une exposition « Couturières » va s’y tenir pour les journées du patrimoine les 19 et 20 septembre. Une autre est prévue autour du rugby et de la poésie avec l’arrière-ailier Mathias Atayi, un ancien de la Providence.
« L’ambition est d’absorber toutes les formes d’art émergeant et en devenir mais aussi d’explorer les possibilités infinies de la réalité virtuelle et augmentée. » Mais il faudra que ces demandes intègrent ce « petit plus » qui sort du commun. Passer en quelque sorte par le chas de l’aiguille, image évoquée par le logo mêlant les initiales de La Providence et son Ouvroir.
A noter que le chorégraphe a prévu en accord avec l’établissement une répétition publique le 26 août après-midi. Le nombre de places étant très limité, pour y assister, il faut contacter la Providence.