Chaque année, durant les Orchestrades, il y a les artistes qui jouent sur le devant de la scène et ceux qui s’affairent en coulisse. Parmi eux, Pierre Fournier, un sympathique luthier de 35 ans. Ce métier, peu répandu, est ici plus qu’indispensable ! En effet, les problèmes d’instruments ne sont pas rares durant ce festival. Chevalet brisé, archet savonné, ce ne sont pas les occasions qui manquent ! Pierre sort alors le ciseau à bois, les crins, sa large panoplie de canifs, les différents gabarits de touches, les limes et autre râpe, et même un diapason ; il arrange ainsi les problèmes en un minimum de temps, pour faire quelque chose de “fonctionnel et solide, du moins assez pour que cela tienne le temps des Orchestrades. Alors il faut inventer, trouver des astuces, c’est ça l’interêt”.Pour Pierre, la lutherie, c’est une passion : “J’ai commencé le violon à dix ans mais je l’ai démonté et remonté plus que j’ai joué avec”. Pas très scolaire, il abandonne la seconde pour préparer un CAP ébénisterie et là, c’est la “révélation”. Avec les dizaines d’heures d’ateliers par semaine, c’est encore là qu’il se sent le mieux. Puis, il passe un CAP marqueterie pour ensuite se rendre en Angleterre, dans l’école de lutherie de Newark afin de devenir luthier de quatuor, c’est à dire spécialisé dans les violons, altos et violoncelles. Après tout cela, il passera deux ans à Calgary, au Canada, puis un an et demi à San Francisco. Actuellement, il vit à Limoges, dans son “appartelier”.
Aux Orchestrades depuis maintenant quatre ans, Pierre se souvient encore de son tout premier travail: “C’était un groupe de québécois venu aux Orchestrades par avion, tandis que leurs instruments les suivaient par container. Lorsqu’ils les ont récupérés, l’un des altos avait le dessus dessous et un gros trou au milieu… J’ai donc dû, en cadeau de bienvenue, réparer un alto entier. Et aux Orchestrades, ce qui prend, comme dans ce cas, deux à trois semaines en atelier, doit être exécuté en 48 heures”.
Et si on lui demande s’il est de la partie l’année prochaine, il nous répond sans hésiter: “y’a des chances”.