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"Le bonheur, ça se transmet dans les soins"

La danse du poignet

“Le bonheur, ça se travaille et ça se transmet dans les soins”, serine la Neztoile devant un parterre de blouses blanches. Elle se nomme Anabelle, se dit “représentante de la joie en soins palliatifs” et a animé cette après-midi une conférence spectacle interactive pour le personnel du centre hospitalier, où elle témoignait de son expérience pour remettre de la joie dans les grands moments de souffrance. De l’art de désamorcer l’angoisse, de porter un autre regard sur la fin de vie… sur la vie tout simplement.

 

NeztoileElle est arrivée dans la salle de conférence comme une fée clochette, mi clown mi elfe, moulinant La vie en rose avec sa boite à musique, interpellant au passage l’un ou l’autre des participants. “Ha moi, je m’arrête à chaque regard”, pétille-t-elle d’amour. En trois respirations, Sandrine Meunier alias Anabelle aura fait surgir le sourire sur la plupart des visages et fait déplacer ceux à l’arrière sur les places de devant.

Belle initiative du centre hospitalier qui d’avoir saisi la journée mondiale du bonheur pour inviter ce rayon lumineux. Et pourtant ce “docteur de la joie” – sa façon plus poétique de qualifier l’art-thérapie – est confrontée depuis 10 ans aux souffrances du corps et de l’âme.

2Je travaille au pays d’où l’on ne revient pas. J’aide les gens adultes à mourir et ceux en cancérologie à se battre”, se présente-elle. Ce personnage léger et profond ouvre ainsi les portes de la fantaisie comme autant de clés au bonheur. “Je suis respirateur d’hôpital, une assistance du moral de troupes.”

La forme peut paraitre badine mais personne n’est dupe dans l’assistance. Derrière les mots se cachent d’autre maux. La clown pointe du doigt des situations on ne peut plus sérieuse, parle avec humour de la confrontation des soignants avec la souffrance du patient, de leur impuissance devant certaines situations. Plus largement aussi d’une capacité à être heureux et le rester.

danse du poignet“Et si le vrai bonheur ne dépendait que de nous?”, interroge-telle. “Tu te rends compte de notre responsabilité… Faudrait prendre la décision d’arrêter de râler? Mince!” Alors cette drôle de luciole y va de ses recettes sans jamais se départir de son énergie: “Tu vas d’abord sourire en toi et tu respires en souriant”, invite-t-elle l’assistance.

“Il faut garder la capacité à s’émerveiller”, répète-t-elle à la cantonade. “A quel âge, on arrête de grandir pour vieillir?”, questionne-t-elle avec une naïveté trompeuse. “Si on ne peut pas changer la vie, on peut peut-être changer le regard qu’on a sur elle…”, suggère-telle. Voilà qu’elle demande à son auditoire de se prêter à des travaux pratiques, comme cette “danse du poignet” que le soignant peut entamer avec un patient qui ne peut plus bouger. Se laisser submerger par ses sensations, retrouver sa part d’imaginaire et donc de liberté…

“Tu en es où de ton BNP?”, demande-t-elle au public. Rien avoir avec la banque, il s’agit du “Bonheur naturel profond”, en quelque sorte sa capacité intime à se transcender au quotidien. “Etre heureux, ça se cultive et on ne perd pas ce chemin intime si on l’a trouvé”, assure Anabelle. Une Neztoile, le jour de l’éclipse, tout un symbole ! Et une belle rencontre porteuse de réflexions.

compo

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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