C’était ce matin l’audience de rentrée du tribunal de grande instance de Brive. Un moment solennel et habituel qui permet, en début d’année, aux autorités judiciaires, de faire un bilan de l’année écoulée et de se projeter sur celle qui commence.
Les années se suivent et se ressemblent pour la juridiction Briviste. Le tribunal de notre ville a en effet du gérer son existence par rapport à Tulle. Il y a quelques temps c’était parce que les deux juridictions étaient fusionnées. En 2014, c’était parce qu’elles étaient, à nouveau, séparées. Des allers-retours décidés par la chancellerie que les personnels des tribunaux, de la simple secrétaire à la présidente, ont eu à mettre en œuvre, sans que cela nuise au bon fonctionnement de la justice.
De l’avis de la présidente du TGI, Catherine Beinex, comme de celui du vice-procureur Olivier Kern, cette mission a été accomplie et notamment grâce à ce que tous deux ont salué, “la mobilisation de ses acteurs, magistrats et fonctionnaires et à leur engagement professionnel”. Une mission d’autant plus difficile qu’elle a du se faire dans un contexte de réduction budgétaire et de baisse des effectifs importantes. Ainsi, Brive a fait face au 1er septembre dernier au départ de 12 fonctionnaires vers d’autres juridictions, d’un autre en retraite et non remplacé, et de deux congés longue maladie. “La situation du greffe de la chaîne pénale apparait assez délicate pour les prochains mois” reconnait Catherine Beinex.
Mission difficile également quant à la répartition des compétences entre Brive et Tulle. Pour un même dossier, les deux juridictions pourraient devoir intervenir. Prenons l’exemple d’un chef d’entreprise indélicat basé à Tulle. Au pénal, ce serait à Tulle d’intervenir, mais si des poursuites devant un tribunal de commerce devaientt avoir lieu, ce serait à Brive d’agir puisque son tribunal garde cette juridiction avec des compétences départementales. “Kafka n’est pas bien loin” comme l’a souligné avec humour le vice- procureur Kern.
Les magistrats restent cependant optimistes pour l’année à venir. La présidente a notamment souligné que la modernisation de la justice engagée par le pouvoir politique va dans le bon sens même si, dans cette modernisation, “l’objectif économique est sous-jacent, mais peut on ignorer encore longtemps la pauvreté de nos services publics et nos budgets chroniquement déficitaires” s’interroge Catherine Beinex.
L‘économie, il en fut également question avec le nouveau bâtonnier de l’ordre des avocats de Brive. Maître Faure-Roche s’est insurgée contre la loi Macron. Selon elle, cette dernière “fait des avocats des commerçants”. “C’est la première fois en effet” précise t-elle, “que notre profession est mise sous tutelle du ministère de l’économie“. “Mais que vendons-nous?” questionne t-elle. Et de rappeler que le travail d’un avocat, c’est avant tout l’humain, les rapports entre les êtres humains. “Nous ne sommes pas des commerçants” lance t-elle ! “Nous, héritiers des Lumières, de Montesquieu à Voltaire, nous ne devons pas baisser les bras et continuer de nous battre pour que cet esprit des Lumières reste vivant, qui plus est par ces temps où l’obscurantisme veut mettre à mal nos valeurs”.