Raconter l’histoire de la préhistoire, tel est le fil qu’a décidé de dérouler l’établissement public de coopération culturelle, l’EPCC Les Treize arches, à l’initiative d’un laboratoire de territoires œuvrant au développement économique et culturel dans le cadre de la future grande région.
Il y a ce qu’on connaît des Treize arches, la programmation de spectacle vivant présentée il y a une dizaine de jours (nous vous en parlions ici). Cela, c’est pour le contenu. Mais Les Treize arches, c’est aussi un contenant. Derrière l’intitulé se cache en effet le sigle moins attractif d’EPCC. Et, dans EPCC (établissement public de coopération culturelle), “il y a surtout le C de coopération”, a pointé hier matin Jean-Paul Dumas, directeur de la structure juridique, lors d’une conférence de presse se proposant de préciser “l’utilité de l’EPCC en tant qu’outil de réflexion et de travail pour aborder le concept de bassin de vie à partir de la culture”. “Outil pertinent et fédérateur”, il cristallise la volonté des acteurs du territoire de mettre leurs forces en commun pour développer l’économie et la culture. Deux domaines étrangers par le passé, mais de plus en plus mêlés: “La culture et le tourisme culturel constituent des axes importants de notre approche de l’économie”, a confirmé le maire de Brive et président de l’EPCC Frédéric Soulier.
Mises dos à dos hier, les politiques culturelles sont aujourd’hui menées main dans la main dans le cadre d’une “approche globale” et d’une “démarche partenariale”. Sur le territoire, elles sont pensées à l’intérieur d’un triangle Brive-Périgueux-Cahors qui sera appelé à grandir: “Aujourd’hui, on ne peut plus voir le territoire à l’ombre de son clocher. On raisonne en terme de bassin de vie“, a expliqué le directeur. Un changement de trajectoire présenté comme incontournable: “Comment faire face au puissant corridor maritime et parvenir à tirer notre épingle du jeu à l’intérieur des terres, à l’est de la future grande région ?”, a questionné de son côté Frédéric Soulier. Leur réponse: la préhistoire qui irrigue le bassin de vie de Brive et englobe les vallées de la Vézère et de Planchetorte, la Chapelle aux Saints ou encore Montignac, membre de l’EPCC.
“Le département de la Dordogne accueille quelque 2,6 millions de touristes par an“, a chiffré Laurent Mathieu, maire de Montignac. “On a fait visiter Lascaux II à 10% d’entre eux l’an dernier”, a-t-il poursuivi en pointant la marge possible de progression. En outre, forte du grand projet Lascaux 4 prévu pour juin 2016 et susceptible d’accueillir jusqu’à 600.000 touristes (selon les prévisions les plus optimistes), la ville de Montignac doublerait son attractivité, ce qui pourrait bénéficier à Brive dans le cadre d’une complémentarité de territoire sur la capacité hotelière notamment.
Proposer une offre touristique singulière, facteur de valorisation du territoire, c’est bien là un des enjeux visés et portés par les SPôtt, contrats de structuration de pôles touristiques territoriaux. “La Vallée de la préhistoire de Brive” compte ainsi parmi les 12 projets nationaux retenus par l’Etat. Quelles traductions concrètes attendre de tout cela ? “Ce projet pourrait être le moyen de prolonger la saison estivale portée par le front de mer de la Région Aquitaine”, détaille Frédéric Soulier. Cette démarche intégrera également la “priorisation” du musée Labenche qui n’a pas, selon lui, toute l’attention qu’il mérite. Et de citer par exemple la nécessité de valoriser les quelques 20.000 objets lithiques ou osseux qui ont fait l’objet d’un récolement ou encore l’exposition prévue en 2016 qui retracera un siècle de recherches préhistoriques à Brive.
A l’intérieur du laboratoire de territoires créé par l’EPCC, “plusieurs fers sont au feu”, a enfin résumé Jean-Paul Dumas. “Aucun projet ne s’exclut mais ne survivront que ceux qui prennent en compte la réalité économique et le bassin de vie”. Et Frédéric Soulier de conclure sur “l’opportunité de raconter l’histoire de cette partie de l’humanité qui peut intéresser beaucoup de monde, même vu de l’Europe…”