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La Maison Émergence ouvre davantage sur l’inclusion

C’est une grande maison tout à fait ordinaire avec un beau jardin, située à proximité du centre-ville et que loue l’Adapei. Y vivent des personnes porteuses de troubles du spectre autistique, accompagnées par des éducateurs. Une approche nouvelle qui les immerge, hors institution, dans un quotidien plus autonome. La Maison Émergence a été inaugurée avec bonheur en fin de matinée.

“Moi, c’est Romain, Sport adapté!”, se présente à chaque invité un filiforme jeune homme de 26 ans. En ce jour d’inauguration, il est radieux Romain, met les doigts en signe de victoire, lève les bras en triomphe et fait visiter sans se départir d’une joyeuse énergie la maison qu’il habite depuis début mars. Au pas de course, car Romain est un grand sportif. Licencié au club d’athlétisme (il a d’ailleurs bouclé les récents 10km de Brive en 57 minutes, tout de même), il s’adonne aussi à la natation comme en témoigne la médaille quasi à demeure autour du cou et à d’autres disciplines proposées par l’Adapei.

Romain fait découvrir sa chambre, l’univers dans lequel il peut s’isoler, celles des autres, les communs et passe du séjour à la cuisine ou à l’étage à grandes enjambées. Un nouvel univers que se partagent six résidents à demeure. La maison peut aussi accueillir d’autres personnes pour des activés de jour.

“Il s’agit d’un foyer hors les murs qui accompagne les personnes porteuses de troubles de l’autisme vers davantage d’inclusion”, explique Raphaëlle Sauvet, directrice de l’offre habitat de l’Adapei. “Des  encadrants s’y relaient en journée et assure une présence la nuit. C’est un foyer de vie et nous les amenons à intégrer les codes sociaux sans que ce soit anxiogène: comment aller chercher son pain, traverser la rue, apprendre un trajet, faire ses courses, compter la monnaie…” Des “habiletés sociales” qu’ils ne pratiquaient pas.

“Ce sont des personnes qui ont jusqu’ici vécu en institution, avec des horaires précis, c’est donc un gros changement pour eux. Pour nous, professionnels, aussi, car il nous faut réinventer notre approche, les sortir de ce qu’ils ont toujours connu en IME ou en foyer collectif, les accompagner dans l’inclusion tout en sachant rester en retrait et les aider à émerger”, pèse la directrice.

Cette co-construction personnalisée s’affine et s’adapte au quotidien, tout en douceur. Par exemple, si les résidents ont leurs repas du midi livré, ils doivent pour le soir le préparer et le partager. Une personne de service assure le ménage des parties communes, mais chaque résident prend soin de sa chambre. “Même chose pour les extérieurs qui sont entretenus par le service espaces verts de l’ESAT à Malemort, mais le but est que les résidents y prennent aussi part.”

L’ouverture de cette maison est un pas de plus vers une meilleure inclusion du handicap et quelque fois vers une plus grande autonomie avec un hébergement locatif dans le parc ordinaire. “L’an dernier, nous avons pu fermer un foyer d’hébergement grâce à ce type d’accompagnement”, abonde Raphaëlle Sauvet.

L’arrivée des nouveaux résidents dans cette impasse résidentielle a évidemment suscité la curiosité environnante. “Nous allons organiser la fête des voisins en juin, ce sera un bon moyen de se présenter. L’inclusion est à double miroir, il faut habituer aussi les personnes en ville à voir le handicap.”

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

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