Jusqu’au 31 décembre, pénétrer au 10 de la rue des Echevins en plein centre ville, c’est entrer dans un autre univers, changer de millénaire et s’enfoncer dans l’imaginaire des premiers abris. Présentée par les Treize arches, la caverne origami de Vincent Floderer, la référence en la matière, est spectaculaire.
On est à des années-lumière de nos cocottes en papier ou de nos crèches en papier rocher d’enfant. C’est que Vincent Floderer pousse l’art du pliage dans ses retranchements les plus spectaculaires. Dernier exploit en date, cette caverne de papier déployée au numéro 10 de la rue des Echevins en plein centre ville de Brive.
En passant le seuil, on peine à croire que l’endroit a pu être une banale boutique. On oublie que de l’autre côté du mur la vie suit son cours. Dans ce cocon, le visiteur est immédiatement plongé dans un autre univers, peuplé de plis et de replis, né entre les mains expertes de l’organiste de génie formé aux Beaux Arts et à l’atelier de César, pendant 10 ans à Paris. C’est la recherche de la légèreté qui a guidé l’artiste de la sculpture à l’origami. 50g le m2. C’est là tout ce que pèse le papier ignifugé utilisé. A l’intérieur des 80m2 du local, quelque 800m2 de ce papier ont tout de même été déployés. Le tout transporté dans le coffre de sa Laguna, en un seul voyage!
Difficile à croire, tant la matière déployée est riche et volumineuse. Tout tient dans le dépliage et l’installation que Vincent Floderer et ses amis plieurs de l’association du CRIMP peaufinent, (en improvisant, parfois, mais sans jamais s’en remettre tout à fait au hasard) depuis ce week-end à grands coups de pinces à linge et de bouts de ficelle. “Cela tient à très peu de chose et tout est recyclable, reconfigurable.” C’est la philosophie de l’origami: faire plus avec moins . “On pousse l’économie de moyens jusqu’à son maximum” mais le résultat n’en demeure pas moins spectaculaire.
Le travail de pliage est sublimé par une bande son et la mise en lumière de Théo Philippot qui vit là, du haut de ses 16 ans, sa première vraie création. Il a souvent travaillé avec l’artiste mais sur des formats plus petits. “Sur ce projet, avec l’accord de Vincent, je suis parti sur 20 points de lumières, notamment rasantes et un éclairage par pulsations qui fasse respirer la structure caverneuse.” Les effets sont saisissants et confèrent au papier une dimension tour à tour massive, vaporeuse et translucide.
Pour les fresques et les sculptures qui ornent les parois, Vincent Floderer a fait confiance à un autre jeune homme, Emmanuel Mazaud qui était, comme Théo, élève à des ateliers qu’il animait au centre socioculturel Jacques Cartier. “Il a très bien maîtrisé toutes mes techniques”, salue l’artiste en pointant la valeur de la transmission qu’il relie aux cavernes. Un espace propice à la concentration et la médiation où on enseignait jadis, rappelle-t-il, en faisant aussi référence à la caverne platonicienne comme à celle d’Ali Baba. C’est tout cet imaginaire que la caverne transporte avec elle. Une expérience inédite et immersive qui préfigure un projet de plus grande envergure fonctionnant à l’année sur un lieu d’exposition permanent et qui pourrait sortir de l’ombre d’ici 2018.
La caverne origami, 10 rue des Echevins. Jusqu’au 31 décembre. Entrée libre. Ouverture du lundi au samedi de 13h à 19h. Plus d’infos au 05.55.24.11.13 et sur le site des Treize arches.