Le petit théâtre de la rentrée littéraire, organisé demain, jeudi, à 19h15, à la Baignoire d’Archimède offre aux lecteurs de se frayer un chemin dans un dédale littéraire jalonné de 524 ouvrages et dans lequel les libraires Elodie Martin et Laurence Guillemot ont pénétré, lumière à la main, dès la fin mai.
C’est la deuxième année que les libraires de la Baignoire d’Archimède organisent dans leur librairie un rendez-vous autour de la rentrée littéraire. “Nous avons proposé à des clients lecteurs de choisir des ouvrages parmi une sélection”, expliquent Elodie Martin et Laurence Guillemot. Charge pour eux de les lire pendant l’été et de choisir celui qu’ils présenteront jeudi. “C’est une manière de découvrir d’autres textes que ceux que nous portons et d’amener le lecteur au-delà des choix que nous pouvons faire toutes les deux.”
Cette ouverture, cet élargissement du regard est au cœur de la démarche des deux libraires. C’est la raison d’être de ce rendez-vous et, plus largement, des animations organisées tout au long de l’année dans cette librairie indépendante de la rue Farro. “Nous allons d’ailleurs créer une association, les amis de la Baignoire d’Archimède, pour que chacun puisse s’emparer du planning d’animations, fruit de rencontres et échanges nourrissants et enthousiasmants” qui rappellent que “la littérature n’est pas morte. Elle est d’habitude couchée à plat sur le papier. Ces rendez-vous, au croisement des genres, la raniment, lui donnent du relief, du corps.”
Une voix aussi. Celle d’auteurs qu’on entend moins dans le brouhaha de la rentrée littéraire. “L’idée n’est pas de tourner le dos aux textes médiatisés mais ils se vendent tout seul.” Leur valeur ajoutée, leur richesse, elles veulent la puiser en tendant la perche à ces voix nouvelles voire discordantes, détonantes, différentes. “L’objectif est d’essayer de dénicher des auteurs qui auront une visibilité moins importante. Nous sommes aussi attentives aux premiers romans, aux petites maisons d’édition. Découvrir des talents et les suivre, les voir grandir, c’est ce qui fait encore le charme de notre métier.”
Et dans le quotidien de ce métier, la rentrée littéraire fait figure d’acmé. “La rentrée littéraire commence pour nous dès la fin mai avec les réunions à Paris ou Bordeaux proposées par les éditeurs ou groupements d’éditeurs. C’est à Paris que les auteurs sont les plus nombreux. Y aller permet de les rencontrer en direct et de ramener des textes en amont.” Des 524 ouvrages qui composent cette rentrée et qu’elles lisent entre juin et décembre, elles en approcheront 10%.
“Nous avons 100m2. Nous devons être sélectives.” Une sélection liée et reliée à leurs lecteurs. “Il arrive souvent qu’on pense à un de nos lecteurs en particulier en découvrant un ouvrage sur une thématique particulière.” C’est une des singularités des librairies indépendantes de taille moyenne et dont la structure est à taille humaine. “On connait notre clientèle. La plupart de nos lecteurs viennent nous demander un conseil, ils nous font confiance.”
Parmi leurs coups de cœur, les libraires citent Soir de fête du journaliste Mathieu Deslandes (Grasset). “Un premier roman inspiré d’un fait divers et qui interroge cette zone grise qui sépare consentement et viol d’une écriture superbe.” Elles pointent aussi pêle-mêle le dernier Deville, Amazonia (Seuil), Le monde horizontal de Bruno Remaury (Corti), “auteur d’essais qui entre pour la première fois en littérature et le fait brillamment”; mais aussi Anne Poly chez Verdier, “jeune auteur qui amène une écriture neuve car décomplexée” ou encore Un soleil en exil (Gallimard) du Réunionnais Jean-François Samlong qui a enquêté sur ces enfants exilés et confiés à des familles en Creuse mais aussi en Corrèze, à Turenne et Malemort.
“Nous ne sommes pas là pour vendre ce qu’on a aimé”, tempèrent-elles “mais pour s’adapter à la demande du lecteur, cerner ses goûts et sentir s’il a envie d’être amené plus loin, au-delà des textes médiatisés notamment. Il est important de dévoiler la richesse et la diversité de la production éditoriale”; d’autant que, de leur point de vue, si la littérature française est jugée déclinante, c’est que l’on ne s’attache qu’à une poignée d’auteurs nombrilistes dont tout le monde parle et beaucoup ont soupé. Pour trouver du nouveau à se mettre sous la dent, le rendez-vous de jeudi tombe à point nommé!
Le petit théâtre de la rentrée littéraire, jeudi 26 septembre dès 19h15 à la librairie La Baignoire d’Archimède, 21 rue du Lieutenant colonel Farro. 05.55.23.93.67