Ce soir au théâtre municipal, à l’occasion des Rencontres chorégraphiques départementales portées par l’Addiam, Hervé Koubi, chef d’orchestre de cette édition, a sublimé les talents locaux. A l’engagement des 120 danseurs a répondu l’engouement d’une salle pleine à craquer.
A voir sur scène les élèves mécaniciens carrossiers et chaudronniers du lycée Lavoisier et, dans la salle, l’acclamation du public saluant leur courage autant que l’audace du chorégraphe, on comprend mieux l’allusion faite par Hervé Koubi en guise de préliminaire. “Sacrée aventure que d’avoir suivi ces 120 danseurs qui ont travaillé pendant presqu’un an. J’espère que ça va vous plaire. Il n’y a pas que le résultat qui compte. Tout est toujours une histoire de chemin.”
C’est justement ce chemin qu’on imagine parcouru par ces jeunes a priori si éloignés de l’univers de la danse qui saute aux yeux et suscite l’admiration. Acclamés dès leur traversée bruyante de la salle pour rejoindre la scène, les garçons en salopette ont d’un seul coup injecté une sacrée dose de testostérone au spectacle. Corde à sauter, pneu, clé à molette, l’outil mis en scène se fond dans la chorégraphie et imprime sa marque, son rythme à la danse. Le défi est relevé. Hervé Koubi peut souffler.
S’il est de bon ton, à plus ou moins bon escient, de saluer la richesse d’un spectacle, il se trouve qu’en ce qui concerne le programme proposé par Hervé Koubi pour ces 5e Rencontres chorégraphiques départementales, cette diversité n’est pas un vain mot. Le spectacle proposé a ainsi dévoilé une riche palette d’émotions en mettant à l’honneur différents genres et en donnant même carte blanche, en première partie, aux professeurs de danse du cru qui le souhaitaient.
Tour à tour se sont succédé le néo classique avec La Valse des fleurs de Thierry Malandain “le plus grand chorégraphe français”, a souligné Hervé Koubi et Dominique Cordemans; le hip hop avec deux danseurs de la compagnie qui s’avançaient pour la première fois dans le champ de la création; L’Été, “une commande que m’a fait le Conservatoire de Brive” et enfin le jazz avec Le Bal des fallacieux de Carl Portal qui a travaillé avec Marie-Claude Pietragalla, dansé pour de grandes comédies musicales comme Notre-Dame de Paris et qui est actuellement chorégraphe de la nouvelle version de Roméo et Juliette. Difficile ce soir d’imaginer qu’il y a quelques mois encore les danseuses de ce dernier tableau s’entravaient dans leurs grandes robes et appréhendaient de parler et chanter en dansant…
“Le rapport des amateurs à la danse est très beau, il est plein d’amour”, confiait il y a quelques mois Guillaume Gabriel de la compagnie Hervé Koubi lors d’une des répétitions du spectacle de ce soir. C’est cet amour qui a irradié dans chaque tableau au travers de l’investissement dont ont témoigné les danseurs “âgés de 10 à 60 ans et de tous niveaux: débutants, confirmés et presque professionnels, mais tous passionnés”, a souligné Hervé Koubi. Le “Je t’aime”, crié à un Milord menteur par une des 17 danseuses à la toute fin du Bal des fallacieux résonnant alors comme une véritable déclaration d’amour à la danse portée en chœur par le monde amateur.
Après un rapide entracte, c’est la création d’Hervé Koubi, Bref séjours chez les vivants qui a clos ces Rencontres. Un moment de poésie, incarné sur un plateau transfiguré, étincelant et habité par des êtres argileux baignant dans une atmosphère lunaire. Pas un bruit n’a filtré jusqu’au tonnerre d’applaudissements finals. A la sortie du spectacle, il aura bien fallu les foires franches, saisissant par ses effluves, ses cris et ses couleurs, dès le bas des marches du théâtre, pour faire retomber à terre l’imaginaire.
Nouvelle représentation demain à 17h. Complet.
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