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Jean-Yves Dottin dit Arthus : de la magie dans sa vie

Depuis près de 50 ans, le spectacle est sa passion, la magie son fil d’Ariane. Itinéraire d’un pharmacien redevenu magicien. Et qui en vit.

Nul n’est prophète en son pays. L’adage pourrait s’appliquer pleinement au Briviste Jean-Yves Dottin. Voilà un artiste qui depuis 20 ans vit de ses spectacles donnés dans une grande partie de l’hexagone, mais qui reste pour autant ignoré aujourd’hui sur ses propres terres. Un temps, aura-t-illuminé les folles Nuits du musée. Une situation qui n’assombrit pas longtemps le sieur, plus enclin à s’amuser des mots comme à jouir de l’émotion. On le dit magicien « mais pas que » ajoute-il, car ses tours sont savamment enrobés de culture et d’histoire.

Photo Frédéric Coune / Association pour l’Histoire vivante

Ce drôle de personnage à la haute stature aurait pu mener une vie tracée de pharmacien, il a d’ailleurs tenu pendant 11 ans sa propre affaire en Bretagne. Il pensait alors avoir remisé à tout jamais spectacles et magie de sa jeunesse. Mais la routine de l’officine n’a pas tardé à réveiller le virus qui sommeillait à peine et pointait en quelques tours de passe-passe pour inciter les enfants à avaler leur remède. Neuf mois après son installation, il retrouve le chemin de la scène et mène un quotidien à double détente. Le Corrézien va même jusqu’à apprendre le breton pour s’adonner au théâtre local, se met à l’escrime ancienne, la cascade équestre, monte un spectacle de voltige cosaque, se vent comme chevalier, intègre des spectacles historiques jusqu’à finir par monter son propre label sous son nom de scène.

Il renonce à la pharmacie et revient à Brive, « au croisement des deux autoroutes ». Idéal pour celui qui fait 30% de son chiffre à l’étranger. Car Arthus vit pleinement de sa passion et propose une panoplie de 17 spectacles à géométrie variable, certains joués plus de 1000 fois : L’Homme à la valise d’où il déballe tout le matériel même la table, Roro le machino, de la magie sans magicien, Doc’Tus et son dresseur de siphonaptères ptérygotes holométaboles (de puces), Le Mestre des senteurs, L’antre du dragonnier, Full Metal Père Noel, Petites arnaques entre amis

Photo Frédéric Coune / Association pour l’Histoire vivante

« La magie est partout, c’est le fil de ma vie », assure-t-il. Tout a commencé incidemment lorsqu’à 8 ans, il a reçu pour Noël une boîte de magie. « Ca a été le déclic, mais à Clergoux, Corrèze, pas facile de trouver du matériel. Pour apprendre, je regardais les rares magiciens qui passaient à la télé, noir et blanc à l’époque. Je prenais des cailloux et je les manipulais, je faisais avec ce que je trouvais. » A 10 ans, il fait déjà ses premiers spectacles, à même le sol. S’enchaînent les fêtes de collège, lycée, les Tours de Merle et autres spectacles de magie, des extras qui lui vont aussi lui assurer le superflu même pendant ses études de pharmacie à Limoges. C’est toujours cette proximité de l’humain amenée par la rue où il fait encore beaucoup de spectacles qui le fait vibrer encore aujourd’hui.

« C’est mon mélange de théâtre et d’illusions. » Une alchimie qui pousse les cadres et joue de tous les ressorts. « C’est la recherche de toute ma vie. » Un art de la scène que Jean-Yves Dottin a inoculé à ses fils. La flamme n’est pas éteinte et Arthus a encore bien des projets à sortir de sa manche. « Je ne regrette rien. Toutes ces années, ce sont des milliers de sourires, des mamies qui viennent remercier par un bisou, des dessins d’enfants, des tapes dans le dos, des coups à boire, des applaudissements… Pour moi, ce sont de vrais Molière. »

Son site : arthusspecatcles.com.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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