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Jean-Marie Laferté : Combattre le dragon

Fin 2019, Jean-Marie Laferté apprend qu’il souffre d’un cancer. L’art sera sa thérapie face à la maladie.

Professeur d’arts plastiques, passionné de science-fiction et de fantastique, Jean-Marie Laferté, 66 ans, a fait un brusque et terrible retour sur terre quand, en octobre 2019, on lui annonce qu’il a un cancer. « J’ai décidé que j’allais me battre et m’agripper à quelque chose. » Comme une évidence, face à ce combat, l’art sera sa thérapie, le soutien cérébral, moral aux épreuves qui s’annoncent. Face à la maladie qui ronge, les séances de chimiothérapie qui se profilent, dont on entend beaucoup parler, que l’on craint, et leurs terribles effets secondaires, il faut une échappatoire, un défi. Auteur de BD, Jean-Marie Laferté décide de coucher sur le papier le scénario de cette épreuve qu’il s’apprête à traverser. Il en fera un album. « J’ai fait un pacte avec moi-même. Je me suis dit : le jour où l’album sera fini, je serai guéri. » La BD s’apprête à sortir, Jean-Marie se porte bien. Pas question pour autant de parler à la première personne. « Cet album est une suite du précédent, c’est-à-dire un récit fantastique, avec le même personnage principal, une femme qui se bat pour sauver la Terre mais je me suis inspiré de ce que j’étais en train de vivre. » Il faut voir dans cet album une métaphore. Cette jeune femme, c’est Jean-Marie qui se bat contre le dragon – le cancer – qui s’est réveillé et qui s’apprête à détruire la Terre. « Je pense qu’il faut arriver à qualifier son mal, l’identifier, le nommer pour mieux le combattre », explique le professeur d’arts plastiques. Son objectif fixé, la confection de la BD va lui permettre de s’occuper l’esprit. « Le fait de dessiner à chaque fois que j’étais sur mon lit d’hôpital m’a tenu éveillé », confie le professeur. L’album est truffé de références à la maladie et rend hommage aux soignants dont la plupart y sont intégrés sous forme de personnages. « J’ai pris du plaisir à les observer, les croquer, ils ont été et sont toujours formidables. Pendant tout ce temps d’observation et de retranscription, on ne pense pas à la maladie. »

« Il faut arriver à qualifier son mal,

l’identifier, le nommer pour mieux le combattre »

Jean-Marie Laferté ne s’arrête pas là. « Quand on vous dit qu’il vous reste entre un an et cinq ans à vivre, c’est un choc. J’ai décidé de tenter le maximum de choses. » C’est ainsi qu’il se retrouve dans le projet initié par le service oncologie de l’hôpital de Brive « Tout commence par un rêve ». L’idée ambitieuse était de rendre réel le rêve de patients de ce service et d’en donner une représentation la plus fidèle possible au théâtre de Brive (la représentation a eu lieu en juin dernier). Les patients interprètent leur propre rôle, leur propre rêve. « Je ne connaissais pas vraiment le monde du théâtre. J’ai fait une découverte fantastique. » Sur scène, Jean-Marie bien entendu dessine. Une sorte de pirate qui à bord de son vaisseau spatial s’échappe dans l’infini du cosmos… La référence à un célèbre personnage de BD est évidente, on ne se refait pas. « S’échapper de la maladie, s’échapper de la morosité ambiante… s’échapper, ce n’est pas mourir. »

Le professeur a repris ses cours à l’École municipale d’art, où il enseigne la peinture, « avec beaucoup d’énergie et de plaisir comme si c’était la première année. Cela fait du bien et cela a été également un objectif constant de retrouver ses élèves qu’il connaît pour certains depuis 20 ans. » Transmettre est une mission liée étroitement au métier de professeur, Jean-Marie Laferté aimerait partager son expérience avec les patients du service oncologie et que l’art, quel qu’il soit, les aide à traverser les épreuves. Un nouveau défi pour Jean-Marie.

 

Julien Allain, Photos : Fatima Kaabouch

Julien Allain, Photos : Fatima Kaabouch

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