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Intéresser les enfants à la Résistance par la BD

Une nouvelle exposition temporaire a pris place au Musée Edmond Michelet jusqu’au 20 mars 2021. Originale, elle est tirée d’une série d’albums de bandes dessinées, Les Enfants de la Résistance de Benoît Ers et Vincent Dugomier, aux éditions Le Lombard, et permet de mettre en valeur la richesse des collections de notre musée briviste consacré à cette période. Les Journées Européennes du Patrimoine ce weekend du 19 et 20 septembre sont une excellente occasion de la découvrir.

Pas toujours évident de parler de l’Occupation, du nazisme, ou de la Résistance à des enfants de 2020 pour qui la Seconde Guerre Mondiale est un épisode du siècle dernier. “Ils sont étonnamment curieux et très demandeurs d’informations”, réplique Thierry Pradel, Chef de service Mémoire et Archives à la Ville de Brive.

C’est d’abord à titre personnel qu’il découvre la série Les Enfants de la Résistance en achetant la bd à son fils. L’esthétique lui plaît, et le volet pédagogique de 8 pages à la fin de chaque album va le convaincre. “On rentre très facilement dans le récit”. Des couvertures soignées, un graphisme ligne claire qui reste dynamique, de belles couleurs…

De manière simple y sont expliquées des choses complexes, comme la France divisée entre Pétain et De Gaulle, les sentiments ambivalents aux débuts vis à vis de l’occupant, ou encore les risques encourus par toute résistance à l’ennemi. Quid du rôle des enfants pendant la Résistance ? “Dans la réalité, ils ont servis principalement à transmettre des messages”. Dans la BD, ils poussent les adultes à résister, par tracts sauvages et sous le nom de code : LYNX.

“Il y a un point commun entre ces personnages qui distribuent en secret des messages dans les boîtes aux lettres, et l’action d’Edmond Michelet : la Résistance par les idées.”

Avec Lucie Boyer, Directrice adjointe du Centre Edmond-Michelet, ils contactent alors l’éditeur Le Lombard qui leur propose une exposition clés en main. “L’idée c’est de ne pas se contenter de l’expo mais de l’adapter !”. Ce que les enfants voient dans la bd, ils vont pouvoir le voir en vrai au musée. Notamment des propagandes de l’époque tirées du fond unique constitué de 450 affiches de la 2nde Guerre Mondiale. Avec des couleurs étonnamment vives elles couvrent tous les sujets de la période : Hitler, l’antisémitisme, l’exode, la Collaboration, le travail obligatoire, le sport, la pénurie, Vichy, la Libération…

Le musée s’attend à une belle affluence. “Changer le public qui vient au musée, sortir des sentiers battus, attirer des visiteurs plus jeunes, une audience familiale et scolaire !” c’est le pari tenté par le Musée Edmond Michelet avec cette exposition ludique et pédagogique.  Elle s’inscrit de plus dans l’année  de la BD 2020 initiée par le Ministère de la Culture, repoussée et étendue du fait du confinement. Une bonne façon de sortir du COVID pour les enfants, leurs parents et leurs grands-parents.

“Le point commun entre la BD et Michelet : la Résistance des idées !”

Un vrai succès de librairie

Juin 1940, 3 enfants, Lisa, Eusèbe et François, tout juste âgés de 13 ans, vivent la guerre dans un petit village en zone occupée : Pontain-l’Écluse. C’est la débâcle ! Une partie de la population fuit massivement vers le Sud, quand d’autres restent là où ils sont, à la ferme, à l’école, la mairie, ou dans leur boutique en ville… Mais le trio d’enfants est bien décidé à braver l’occupant Allemand, et au mépris du danger ils font acte de résistance… Nom de code  : LYNX.

De tome en tome, ils grandissent et sont de plus en plus impliqués dans la grande Histoire. La période est racontée à hauteur d’enfants, mais sans édulcorer les aspects tragiques de l’Occupation. “On ne peut pas montrer la violence frontalement. Le dessin aide beaucoup, mais ça reste un drame !”

Un beau duo

“On fait de la bd depuis 30 ans, et c’est la 4ème série en commun avec Benoît Ers, le dessinateur.” Ce qui fait dire à Ers : “J’ai fait le scénariste qu’il est, et il a fait le dessinateur que je suis”. Après une série humoristique, Muriel et Boulon, une autre fantastique, Les Démons d’Alexia, et un thriller pour adolescents, Hell School, Les Enfants de la Résistance plonge dans l’histoire quotidienne de la Seconde Guerre Mondiale.

“On voulait faire un travail de mémoire qui se transmette de génération en génération. Un travail citoyen ! C’est important pour nous que les enfants puissent comprendre l’histoire, et que leurs parents prennent du plaisir à la lire. “

Pour ce récit, les auteurs ont utilisé quelques souvenirs familiaux. “Je connais Benoît depuis longtemps. C’était un truc qui le fascinait totalement depuis tout petit. Et chacun de nous deux avait un grand-parent résistant. Quand on a eu l’idée d’inclure des enfants c’était parti ! Benoît s’est alors lancé à fond dans la reconstitution, et moi dans le recueil des récits, des anecdotes, des témoignages…”. Chaque album de 48 pages est accompagné d’un dossier pédagogique pour aller plus loin.

Déjà 700.000 albums vendus ! “On ne s’attendait pas à un tel succès !” s’écrit Vincent Dugomier, scénariste de la série chez Le Lombard. La série est un modèle du genre et a déjà reçu de nombreuses récompenses, dont le Prix des Collégiens au Festival d’Angoulême en 2016. Déjà 6 tomes parus : “On pense prolonger la série au delà de la Libération, et raconter la difficulté de certains à revenir à une vie normale. Et un autre projet est de faire un bond en arrière, et de raconter l’histoire de Lisa à Berlin dans les années 30’ : la montée du nazisme, l’antisémitisme, les jeunesses hitlériennes, la nuit de cristal…

Le musée Edmond Michelet a mis en place un partenariat avec la librairie Bulles de papier pour l’occasion qui permet aux visiteurs d’acheter les albums tout de suite après avoir visité l’exposition. Histoire de prolonger la visite par la lecture des albums.

Exposition temporaire

Du 19 septembre 2020 au 20 mars 2021

Musée Michelet, 4 rue Champanatier, 19100 Brive-la-Gaillarde.
Horaires d’été : du 1er mai au 30 septembre du lundi au vendredi de 11h à 18h et le samedi de 13h à 18h.
Horaires d’hiver : du 1er octobre au 30 avril : du lundi au samedi de 13h à 18h.
Entrée libre et gratuite.

Xavier HARISMENDY, Photos : Diarmid COURREGES

Xavier HARISMENDY, Photos : Diarmid COURREGES

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