Quid novi sub sole? (Quoi de neuf sous le soleil?). La réponse se tapit à l’ouest de Brive, au niveau de l’ancien aérodrome. C’est là que la station météorologique a été installée en 1986. Un site assez méconnu qui doit sa localisation à sa première mission: l’assistance aéronautique. Rencontre avec Claude Nano-Ascione, le délégué départemental de Météo-France Corrèze qui rappelle quelques unes des particularités climatiques de la ville passées, présentes et à venir.
La station météorologique de Brive est un centre départemental de Météo-France qui abrite également une unité de maintenance. Elle a commencé à fonctionner à l’été 1987. “Notre mission est de répondre à toutes les demandes météo sur un département, en terme de prévisions et de climatologie”, précise Claude Nano-Ascione, le délégué départemental de Météo-France Corrèze. Différentes mesures y sont effectuées: relevé de températures, pluviométrie, insolation, vitesse et direction du vent, poids de l’air… Tous les caprices de dame Nature sont passés au crible de leurs mesures, intuition et savoir.
Présent sur le site depuis la première heure, Claude Nano-Ascione en a vu passer des déchaînements de la nature. Parmi eux, les intempéries du 23 juillet dernier: “C’était du jamais vu. En une heure, il est tombé 70 mm de pluie. C’est ce qui tombe normalement en un mois ici. Il y a aussi bien sûr les turbulences des 27 et 28 décembre 1999 avec des vents qui ont soufflé jusqu’à 126km/h dans la ville. Et en Haute-Corrèze, ils ont même dépassé les 140. Il y a aussi les fortes chaleurs d’août 2003 avec des maximales à 41°C”, relate le délégué départemental. Concernant ce mois de juillet, il est tombé 85 mm d’eau, une quantité supérieure à la moyenne mais qui s’est concentrée sur deux jours de pluie. Le mois a été chaud avec une température moyenne de 22°C, supérieure de 1,5 degré à la moyenne. Petite prévision réjouissante, “l’arrière saison devrait jouer les prolongations dans toute l’Europe occidentale et s’annonce relativement chaude.”
Nous ne sommes pas soumis au climat du Limousin ici, à Brive, mais à celui du Périgord caractérisé par la douceur et l’humidité. “Brive est un dôme de chaleur. La ville bénéficie d’un fort rayonnement et ne connaît pas d’hiver vraiment très rigoureux. La neige tombe plus souvent qu’avant mais avec la douceur, elle fond plus rapidement et se transforme en pluie. D’ailleurs, la Corrèze est le château d’eau de la France. Il y pleut plus qu’en Bretagne. Moins souvent, mais plus avec des épisodes plus intenses”.
La météorologie est une science qui a énormément progressé en l’espace d’une trentaine d’années. “C’est grâce aux radars, aux satellites et aux relevés automatiques. Aujourd’hui, on a plus de précisions sur 9 jours qu’il y a 20 ans sur 24h. Déjà à l’époque c’était mieux que rien, mais alors maintenant c’est de la haute voltige!” Cette précision a rapproché la météo de la population et de certains professionnels comme les assurances pour les accidents de la route ou les dommages domestiques causés par les intempéries, le BTP pour les travaux de construction des autoroutes ou encore plus étonnant, les cosmétiques. “Une fois, un industriel du secteur a fait appel à nous pour vérifier que l’évolution non satisfaisante d’une crème sur la peau était liée non pas à la qualité du produit mais à la météo”.
“On sert à beaucoup de choses et on ne fait pas d’élucubrations. La comparaison de la météo avec l’astrologie par exemple me fait bien rigoler. Nos mesures sont rigoureuses, on ne fait pas dire n’importe quoi aux chiffres.” Les informations collectées sont en effet confiées à des “super-calculateurs” qui les intègrent à des formules mathématiques de simulation de l’atmosphère. Ils en déduisent plusieurs scénarios. Le météorologue complète alors les cartes et établit la prévision qui lui semble la plus probable.”
Le rôle des stations automatiques est à ce titre déterminant. Il y en a une vingtaine en Corrèze. “C’est un peu Big brother!” Installées entre 1994 et 1997, elles fournissent des informations en temps réel. “Elles ont été une révolution pour nous. Avant, il pouvait s’écouler un mois avant que nos correspondants nous fournissent des infos climatiques”. Aujourd’hui, tout est de plus en plus automatisé. C’est une raison avancée pour justifier la fermeture d’un centre départemental sur deux. En 2012, Brive ne sera plus centre départemental. Les prévisionnistes quitteront les lieux et seuls quatre techniciens assureront la maintenance du parc qui aura été d’ici là rénové et automatisé.