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« Il y a une recrudescence d’affaires liées aux violences conjugales »

On ne peut évoquer les droits des femmes portés par la journée du 8 mars sans ouvrir le dérangeant dossier des violences à leur encontre. C’est ce que fait le tribunal de Brive en mettant en lumière jusqu’au 29 mars le travail photographique de l’artiste Julie de Waroquier. « Ces photographies illustrent toutes les typologies de violences faites aux femmes que nous rencontrons”, décrit la procureur Émilie Abrantes.

Intitulée « Clichés de femmes : violences visibles et invisibles », l’exposition d’accès libre dans la salle des pas perdus associe des images aux citations sexistes ou misogynes écrites par nos plus grands philosophes. Bien loin de juger – O tempora, o mores – les propos de ces hommes révélateurs d’autres époques, il s’agit de s’interroger sur la portée des mots qui amènent aux actes. L’approche s’appuie sur le travail de Julie de Waroquier, une artiste qui a remporté plusieurs prix nationaux et internationaux et qui expose dans des galeries en France comme à l’étranger. L’exposition s’adosse plus précisément à un ouvrage de cette photographe, également professeur de philosophie, intitulé Clichés de femmes et paru en 2019 aux éditions Atlande (collection Photo-Philo).

« Il y a une recrudescence d’affaires liées aux violences conjugales », pointe le procureur Émilie Abrantes, à l’origine du projet. « Ce sont des photographies qui m’ont parlé car elles illustrent toutes les typologies de violences faites aux femmes que nous rencontrons et qui alimentent en grande partie notre juridiction. » Car la parole se libère. « Les femmes parlent davantage, elles sont mieux informées. Les professionnels sont également mieux formés à détecter et accompagner. Tout un réseau s’est ainsi établi et développé localement. »

C’est également tout le sens donné à un travail engagé auprès des jeunes par la procureur à travers deux lycées brivistes, Lavoisier et Simone Veil. Déjà l’an dernier, des classes de ces établissements avaient étudié la notion du consentement. Ces mêmes élèves, en formation mécanique d’un côté et aide à domicile de l’autre, portent cette année leur regard sur les photographies de Julie de Waroquier. Un travail entamé depuis la rentrée de septembre et qu’ils auront à restituer début mars en amont de l’exposition et en présence de l’artiste. “L’idée est encore de les amener à s’interroger, à travers leur interprétation des images, sur ce que peut être une violence, physique, sexuelle, psychologique, économique…”

Car il y a ce que l’on voit et ce qui échappe au regard. D’où la précision apportée dans l’intitulé de l’exposition: “violences visibles et invisibles”. Parce que la violence se niche aussi dans le huis clos du couple ou d’un milieu familial où peut régner la terreur, sur les femmes comme sur les enfants témoins et eux aussi victimes, avec les séquelles que cela entraine dans leur construction et leur rapport aux autres. Un engagement fort du palais pour lutter contre un fléau social et pour que la peur enfin change de camp.

Cette exposition ouvre ainsi plus largement les portes du palais au public, au même titre que ses participations depuis deux ans à la Nuit du droit. “Cela donne un autre regard sur notre quotidien. Nous voulons nous inscrire dans la cité, dialoguer avec les justiciables à travers différentes approches.”

 

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

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