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Il y a 150 ans, le rail atteignait Brive (5) : une inauguration qui va grand train

Le livret du centenaireLes trains fonctionnaient déjà depuis 13 jours lorsque l’arrivée du chemin de fer fut solennellement inaugurée. Les festivités se sont déroulées le 30 septembre 1860, un dimanche, sur une avenue de la gare ornée de mâts vénitiens et de flammes tricolores. Une cérémonie très pavoisée à grand renfort de fanfares et sous fond de comice agricole. Des airs de 14 juillet!

Brivemag.fr poursuit sa série d’articles puisés dans l’ouvrage commémorant en 1960 le centenaire de l’inauguration du chemin de fer. Episode 5.

C’est l’événement! A quelques jours de ce 30 septembre 1860, “dans tous les environs, il n’est question que de se rendre à la fête de Brive“, relate le livret du centenaire. La ville attend “une quantité considérable de curieux” et “de grands approvisionnements sont faits dans les maisons particulières et dans les hôtels et auberges: les visiteurs peuvent arriver sans crainte.” Alors, on ne lésine pas sur les festivités pour que la fête prenne “des proportions remarquables”. On prévoit d’illuminer la gare, un feu d’artifice, une cérémonie religieuse et même un festival de musique… “Un peu de gaieté n’est pas de trop, ce n’est pas dans une ville qui s’appelle Brive-la-gaillarde qu’il faut laisser perdre les bons usages de réunion et de plaisir. En avant donc, fifres et musettes!” Comme cette inauguration coïncide avec un comice agricole, cette double solennité va marquer les annales.

Dès la veille, les visiteurs et les curieux arrivaient de tous côtés: les promenades publiques étaient déjà couvertes d’étrangers“, constate Le Corrézien de l’époque. En ce dimanche, les deux premiers trains ont déversé leur “masse énorme de population”, “accrue encore par le flot qui s’écoulait de tous les autres points de l’horizon”. Bref, il y avait foule! “La compagnie du chemin de fer a même été dans l’impossibilité de prendre toutes les personnes qui se sont présentées aux quatre ou cinq dernières stations: il en est demeuré plus de mille, assure-ton qui n’ont pas trouvé place.”

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A 13h30, les autorités se sont dirigées vers la gare. Un “immense cortège” conduit par le préfet de la Corrèze et le maire de Brive, avec comme escorte “une belle compagnie de pompiers en grande tenue, un détachement d’infanterie de Tulle et plusieurs brigades de gendarmerie“, détaille le livret. “L’excellente musique du régiment de Périgueux ouvrait la marche et faisait retentir l’air de ses délicieuses fanfares.” De son côté, monseigneur l’évêque de Tulle et son clergé, en habits sacerdotaux, les avaient un peu devancés. Un double cortège qui préfigure inconsciemment la future séparation de l’église et de l’Etat.

Pour Le Corrézien, “le coup d’œil était vraiment magique” et le journal se laisse emporter dans la description de tout ce faste: “Cette magnifique avenue ornée de mâts vénitiens et de flammes tricolores, ce boulevard dont chaque arbre était aussi décorée d’un drapeau, cette population si nombreuse couvrant les deux côtés de l’avenue et le revers de la montagne qui domine la gare, ces uniformes, ces tambours, cette musique, cette longue file de prêtres revêtus de leurs aubes blanches…” Les spectateurs en sont “frappés d’admiration”. Dommage qu’il n’y ait pas trace visuelle de toute cette splendeur!

Devant l’estrade officielle dressée au milieu de la gare, s’avance alors “majestueusement” une locomotive pavoisée aux couleurs nationales. De l’autre côté de la voie, un autre estrade accueille “au moins cinq ou six cents dames”. Autour, toute la population “plongeant ses regards sur la cérémonie”. La société chorale de Brive entonne alors un chant religieux et monseigneur l’évêque bénit gare et voie de fer avant de prononcer un discours aux airs d’anathème. Puis tout ce monde a redescendu le boulevard pour se rendre sur la Guierle où se tenait le comice.

Menu du centenaire de l'inauguration“On a beaucoup agité la question pour le 30 septembre d’un banquet et d’un bal”, rapporte le livret du centenaire. “Le banquet payé sur les 1.500 francs votés par la commune, risque de faire “dévorer” au-delà des ces 1.500 francs.” Le texte ne dit pas si banquet il y eut. Ce qui est certain, c’est qu’il y eut un banquet très officiel pour le centenaire de cette inauguration. Un menu précieusement gardé par un certain Roger Nauche, père du maire actuel et alors chef de la fanfare Les Touristes, nous informe que ce banquet s’est déroulé au grand buffet de la gare, sous la présidence d’Edmond Michelet, garde des sceaux et ministre de la Justice. C’était le 18 septembre 1960 et il fallait un estomac de l’époque pour affronter le menu composé de “Hors-d’œuvre variés, Saumon à la Vladimir, Mignon de Charolais Périgueux, Légumes de saison, Poulet truffé, Cœurs de laitue, Délices de la ferme, Nègre en chemise, Corbeilles de fruits”. Le tout arrosé de Rouge et Blanc, Blanc de Blanc, Rosé Pradel, Côte de Provence, Champagne et bien évidement café, sans oublier Liqueurs!

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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