C’est un spectacle à regarder en ligne, Sylphides ou un hommage chorégraphique aux femmes, toutes les femmes, sans distinction de race ou de religion du bassin méditerranéen. Corps libérés, âmes dévoilées courent vers la lumière comme « une » seul(e).
Hervé Koubi à l’habitude de faire danser des hommes. Telle est la vocation de sa troupe. Parce qu’il aime aller à contre courant, contre tous les courants, ils s’est mis en quête de d’artistes étrangères pour incarner cette éclosion. Maroc, Israël, Algérie, Belgique, Palestine, France Tunisie, des pays qui ne se rencontrent pas, certains aussi que tout oppose. “C’est la première fois dans l’histoire de la danse qu’une telle création a lieu, raconte Hervé Koubi. Lorsque j’ai mis en place ce projet, tout le monde m’en a dissuadé raison pour laquelle il a entièrement été financé avec des fonds propres.” Peu importe, Hervé Koubi est un homme de conviction et va jusqu’au bout pour nous délivrer son message, car telle est la vocation de l’art. L’art comme passeport universel, l’art contre la barbarie, l’art de tous les langages, de toutes les confessions. Parce qu’il est ici question de mélange, l’auteur Pascale Anglès en découvrant la vidéo de Sylphide a été tellement touchée qu’elle a composé un poème dédié aux femmes-monde d’Hervé Koubi, difficile d’éviter la tentation de vous le faire partager.
Le film a été tourné au Maroc par Pierre Magnol / Bright Photon et Romain Granchamp.
Sylphides
Sur les rives du Jourdain,
Ou sur celles des premiers matins,
Accrochées aux parois des grottes de Qumram,
Ecloses au commencement de l’humanité
Regardez les femmes voilées d’aurores,
Leurs visages cachés se couvrent d’or,
Quand elles les donnent en offrande au soleil.
Au creux de ce décor biblique,
Elles sont amazones au cœur guerrier,
Pour défendre leurs nouveau-nés,
Et leurs hanches rondes faites pour l’amour,
Ondulent fécondes,
Dansez sœurs de tous les continents,
Pour que l’amour nous inonde,
Ecoutez le maître du ballet,
Il sait les secrets de votre féminité,
Il aime célébrer la beauté de vos origines,
Je vois dans vos diversités,
Des paysages baignés de lumière,
NOA est un olivier millénaire,
Là-bas, avec ses bras noués,
Une belle au front pur,
Tresse le lierre de l’amour à l’azur,
Vous êtes mes fleurs d’orangers
L’alpha et l’Omega,
De toutes les blessures,
Les traces de poussière sont des étoiles à vos pieds de sylphides,
Mes beaux génies de l’air, au ventre repu de parfums,
Je vous regarderai danser
En remerciant les Dieux,
De vous avoir créées
Femmes d’Orient ou d’Occident,
Vous portez dans vos longues tuniques,
Emmêlées par le vent, toutes les musiques,
Du pays qui me vit enfant,
Espérer un destin de géant.
Une vie de rencontres, et de passages secrets,
Pour regarder derrière les moucharabiehs,
Et faire danser le silence,
Des corps ligotés par des liens de servitude,
Pour qu’ils nous livrent un alphabet
De la plus grande exactitude,
Un éclat de vérité tombé des monts du Djurdjura,
Dans la mémoire d’Hervé Koubi.
Pour faire danser les cœurs dans d’incandescentes couleurs.
Le 13 juin 2019, pour mon ami Hervé Koubi et ses danseuses portées par la grâce.
Pascale Anglès