Comme prévu, le trafic SNCF est perturbé ce mercredi en raison d’une grève à l’appel des quatre grosses fédérations représentatives, la CGT, la CFDT-FGAAC, l’UNSA et Sud. A Brive, l’intersyndicale s’est rassemblée en fin de matinée au dépôt d’Estavel. A 11h, elle estimait l’action unitaire bien suivie, à 42% pour la région ferrée. En cause: “l’éclatement de l’entreprise” qui s’opère “au détriment du service public et des voyageurs“.
Pour les syndicats qui réclament “l’arrêt de cette réorganisation forcée“, “cette grève est un ultimatum” et ils menacent de la reconduire “si la direction et le gouvernement ne veulent rien entendre”.
“Eclatement d’entreprise”, “coupes sombres”, “logique de business”, “destruction du service public”… les mots fusaient en fin de matinée devant l’EIV (Etablissement industriel voie) d’Estavel où s’étaient rassemblés quelque 150 cheminots. Les représentants des syndicats se sont succédés au micro pour dénoncer “la réorganisation forcée”, pomme de discorde d’avec la direction.
Seule satisfaction en ce jour : les taux de participation à la grève. “L’action est bien suivie: à 42% tous collèges confondus à 11h, 52% pour les agents d’exécution, 41% pour ceux de maitrise et 18% parmi les cadres”, comptabilise Gérard Bagnol, secrétaire général CGT cheminots Brive, tout en précisant que “ces chiffres évoluent en fonction de l’heure et des services des agents”.
“La SNCF en tant qu’entreprise intégrée est en train de disparaître“, argumente le syndicaliste. “Les réorganisations s’empilent à marche forcée. On découpe la SNCF pour en faire des filiales par activité. C’est une privatisation rampante, une dégradation des conditions de travail et du service public.” Plus inquiétant: “On va toucher bientôt à la sécurité des circulations. Nous sommes là pour alerter les populations“, avertissent les représentants.
Pour les syndicats, ce n’est pas faute d’avoir attirer l’attention de la direction sur les divers dysfonctionnements. Et de rappeler les incidents qui ont émaillé ces derniers mois: “retards énormes pour mettre des rames sur Austerlitz, voitures sans chauffage, couvertures de survie distribuées aux voyageurs, manque de pièces détachées, trains supprimés en fin d’année pour que les conducteurs puissent prendre leur congés…”, égrène les CGTistes. “Le froid et la neige n’excusent pas tout.”
La revendication est claire: stopper ces réorganisations. “C’est une grève avec un ultimatum. Si la direction ne réagit pas, une autre demande de concertation sera déposée dès demain“, assure Gérard Bagnol.
Son collègue de Sud rail ne mâche pas non plus ses mots: “Nous reconduirons la grève”, prévient Pascal Schoepff dénonçant “un retour en arrière“. “Il fut un temps où le transport ferré était assuré par plusieurs entreprises qui ont fédéré en une société, la SNCF. Aujourd’hui, on suit le mouvement inverse, en revenant sur tout ce qu’on a construit et amélioré. On régresse au nom d’une rentabilité financière“, déplorant la mise à bas d’une “culture cheminote” et la “démotivation des agents”.
“Des milliers de voyageurs ont exprimé leur mécontentement“, renchérit au micro Frédéric Cueille. Le CGTiste souligne un mécontentement “grandissant” face aux conséquences “des restructurations incohérentes menées au pas de charge“: “la réduction des moyens humains, matériels, financiers”. En illustrant: “Ce qui se passe avec le démantèlement du fret va à l’encontre de tout ce qu’on entend sur le développement durable.”
Et de prévenir: “2010 est une année clé: on nous annonce 3.600 suppressions d’emploi“. “Depuis 2002, c’est 25.000 cheminots en moins”, rappelle le syndicaliste. “On casse les services. C’est diviser pour mieux régner. Il est donc important que l’on soit mobilisé le plus nombreux possible.”
Une action unitaire qui a également rallié d’autres revendications similaires, comme celle du personnel de la société ISS chargé de la propreté sur les sites de Brive. “La SNCF n’a jamais mis de locaux à notre disposition. Nous devons nous changer dans les toilettes publiques”, s’insurge Pierre Laborie. Le délégué CGT n’oublie pas d’interpeler sa propre entreprise sur les conditions de travail “dégradées”: “Il n’y a pas de remplacement en cas d’arrêt maladie. On nous réduit les heures pour effectuer le même travail. Nous avons également dû attendre 6 mois pour obtenir nos EPI (Equipements de protection individuels, NDLR).”
Des revendications qui viennent grossir le lot et la colère grondait ce matin au dépôt d’Estavel où l’on se voyait bien en appelait à la fronde. “On joue la carte intersyndicale pour remotiver les collègues cheminots et les autres services publics et tous les salariés.” A suivre.