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Gaubre a son jardin partagé, solidaire et responsable

Le jardin partagé de Gaubre, inauguré récemment, permet à certains habitants du quartier de cultiver un potager. Une initiative du conseil de quartier 14 qui a transformé cet espace jusque-là abandonné.

Au niveau du Prieur, en bas du quartier de Gaubre, près de la Corrèze, à deux enjambées de la voie verte, du parc et de la plaine des jeux de Tujac, là où auparavant régnait un certain capharnaüm végétal, plus de 8 000 m2 ont été transformés en un magnifique jardin partagé. Cet espace tiré au cordeau est divisé en 27 parcelles, chacune d’elles est entretenue par un locataire qui y a installé son potager (deux autres parcelles sont réservées au jardin pédagogique). Des légumes de saison, cultivés sans aucun pesticide, ni phytosanitaire, engrais chimiques, poussent sur un terrain sain. L’arrosage est assuré par les pluies, les cabanes à outils plantées sur ces lopins de terre sont aussi équipées d’un récupérateur d’eau de pluie, une cuve de5 000 litres d’eau (voir par ailleurs) complète ce système responsable, sept points d’eau au robinet sont répartis sur ce terrain. Un emplacement pour le compostage est aussi là au fond du jardin, des petites aires de tri sont également positionnées vers la sortie. Cet endroit bucolique est finalement un petit paradis sur terre pour tout amateur de tomates, choux, salades et autres cucurbitacées. Ouvert il y a quelques mois, on doit cette initiative au conseil de quartier de Gaubre dirigée par Claude Peyronnet. De l’idée sur plan à la réalisation, il aura fallu quatre années pour arriver à ce résultat.

Soutenu par la Ville, l’Agglo et même l’État, ce jardin partagé est réservé aux habitants de Gaubre selon un critère de revenus et ne possédant pas déjà un potager. Presque toutes les parcelles sont déjà louées (la liste d’attente s’allonge de jour en jour ; une sélection stricte est opérée pour choisir le bon jardinier), les récoltes sont destinées à un usage strictement familial. Aucune vente de ce qui est produit dans ce jardin n’est autorisée. Le surplus (souvent énorme, un des jardiniers a récolté 130 kg de tomates, un autre 100 kg de pommes de terre) est partagé ou laissé en libre-service pour tous ceux qui sont intéressés. À l’entrée du jardin, trône en effet un petit abri afin d’y déposer les légumes offerts, il n’y a plus qu’à se baisser. Une manière fraternelle de diffuser le bien manger. Ce jardin partagé, géré par une association ad hoc, est aussi engagé et pédagogique. Trois parcelles sont réservées à la régie du territoire du Bassin de Brive qui y propose des ateliers à destination de personnes éloignées de l’emploi afin d’acquérir des compétences potagères et deux autres parcelles forment le jardin pédagogique en faveur des enfants scolarisés dans le quartier. Ces parcelles ont été aussi pensées pour les personnes à mobilité réduite qui peuvent elles aussi profiter de ce grand rectangle de verdure, des sons et des odeurs du jardin. La parcelle attenante au jardin partagé d’environ 3 000 m2 devrait être prochainement aménagée par la Ville.

La parcelle attenante au jardin partagé d’environ 3 000 m2 devrait être prochainement aménagée par la Ville

Vingt-sept parcelles, ce sont au moins autant de jardiniers qui cohabitent, qui apprennent à vivre ensemble, à travailler côte à côte. Ce jardin est à l’image de Gaubre. Multiculturel. C’est sa spécificité et sa force. Un espace de convivialité, c’est-à-dire une grande table et deux bancs sous une tonnelle, permet à ces passionnés de se réunir et de refaire le monde, d’échanger des astuces entre jardiniers, de parler du quartier et de ce jardin dont d’autres projets vont sortir de terre. Une serre devrait, en effet, faire son apparition afin de préparer les plans de légumes et chaque terrain sera équipé prochainement d’un petit composteur. Une petite formation sera d’ailleurs proposée aux jardiniers pour faire leur propre compost car ce n’est pas si simple. Enfin, une haie devrait en partie recouvrir le grillage qui ceinture le jardin le long de l’allée qui désormais porte le nom de Claude Peyronnet. Une reconnaissance de son engagement. La boucle est bouclée.

 

Christian Roque, le sourcier du jardin partagé

Christian Roque, le sourcier du jardin partagé
Pour faire venir l’eau jusqu’au jardin partagé et alimenter la cuve de 5 000 litres, un sourcier est intervenu. On pourrait penser qu’il s’agit d’une méthode folklorique d’un autre temps, pourtant son efficacité n’est plus à prouver surtout quand on s’adresse à un vrai professionnel. Christian Roque, qui habite Juillac, en a fait son métier. Il est devenu sourcier un peu par hasard mais il en avait le don. Il y a sans doute une part inexplicable, un peu magique, mais c’est surtout un travail colossal et minutieux. « En amont du forage, je me renseigne précisément sur la situation géologique du terrain, et l’hydrologie du secteur. Chez moi, je commence à chercher les veines d’eau grâce à mon pendule en me projetant comme si j’étais sur le terrain. Je trace les veines sur un plan. Après, je me rends sur place et je cherche les veines, le sens du courant et le point de forage grâce à une baguette en Y. Une fois trouvées je les marque et j’enregistre les coordonnées GPS. Il n’y aura plus qu’à creuser plus ou moins profondément. Mais trouver de l’eau n’est pas toujours le plus difficile. Il faut qu’il y ait un débit assez conséquent et continu. Cela aussi je le détecte. Enfin, lors du forage, j’indique la profondeur et je guide le foreur jusqu’à la source. » Une méthode efficace qui fait gagner du temps et qui a déjà fait ses preuves puisqu’à Brive, Christian Roque est déjà intervenu au jardin des Beylies-Basses avec le même succès. »

 

 

Julien Allain, Photos : Fatima Kaabouch

Julien Allain, Photos : Fatima Kaabouch

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