Au cœur du cortège, un drôle de Robin des bois avec un air de président de la République. Sans doute un effet du masque porté par le militant. Derrière lui, cette inscription: “Le nouveau prince des voleurs: il prend aux pauvres pour donner aux riches.” Ce matin, des milliers de personnes (4.000 selon la police, entre 10 et 12.000 selon les syndicats) ont défilé dans Brive pour protester contre la réforme sur les retraites.
“La mobilisation est forte car les gens sont excédés de voir que la priorité du président de la République est de recevoir Thierry Henry au lieu de se soucier des vrais problèmes“. Dans le cortège, la colère ne se cache plus. La mobilisation fut forte ce matin dans la cité gaillarde. A l’appel des organisations syndicales CFDT, CFTC, CGT, FSU, Solidaires et UNSA, des manifestants ont défilé dès 10h à partir de la place Thiers.
Avant le départ, René Peyrical (CGT) s’est exprimé au nom de l’intersyndicale: “A quoi sert de forcer les plus âgés à travailler au delà des 60 ans alors que les jeunes sont sans travail ou dans la précarité?”. Le discours, sagement écouté puis applaudi par les manifestants parmi lesquels de nombreux élus socialistes comme le sénateur René Teulade ou le député-maire de Brive Philippe Nauche, s’est fait mobilisateur: “Souvenez-vous du CPE! Ensemble, nous l’avons combattu et, malgré son adoption au Parlement, celui-ci a été abandonné!”.
Estimant que “seule la poursuite de la lutte pourra contraindre le gouvernement et le patronat à rejeter ce projet de casse de nos retraites”, René Peyrical a expliqué que “d’autres choix sont possibles”, comme par exemple:
Sur la question du financement, l’intersyndicale se fait force de propositions: “Instaurer des cotisations sociales sur les revenus financiers à un taux équivalent à celui de la cotisation patronale vieillesse (8%) rapporterait 23 milliards d’euros”, explique René Peyrical, avant de poursuivre ses calculs: “La taxation de l’intéressement, participation, stock-options rapporterait 9 milliards, l’instauration d’une modulation entre masse salariale et valeur ajoutée rapporterait 5 milliards, la suppression des 486 niches fiscales (en augmentation de 46% en cinq ans) dont bénéficient les plus fortunés rapporterait 73 milliards par an.”
S’ajoutent encore à cette addition “2,7 milliards gagnés avec la suppression des exonérations de cotisations des heures supplémentaires” et “2,6 milliards avec la taxation à 8% des dividendes versés aux seuls actionnaires du CAC40”.
Lutter contre “la casse des retraites” a donc fortement mobilisé. Mais cette manifestation, où se retrouvaient public et privé, fut aussi l’occasion de lutter plus largement contre la casse de l’emploi. Symboliquement, la tête de cortège était constituée de salariés de l’entreprise Deshors tandis que, pour fermer la marche, on pouvait voir des salariés en colère de Jacob Delafon.