C’est une référence incontournable du journalisme de terrain. Il était donc naturel que la présidente de la 41e édition se saisisse de l’actualité avec ce même regard affuté questionnant les faits. Comment écrire le réel, rendre compte de la guerre, la place des faits divers… Ce matin lors d’une conférence de presse à la médiathèque, Florence Aubenas a posé quelques jalons dans une programmation déjà bien dense. Et on a hâte d’être au week-end du 10 au 12 novembre.

“À la Foire de Brive, il y a une connotation qu’on ne retrouve pas dans les autres manifestations littéraires”, compare d’emblée Florence Aubenas. “C’est moins conventionnel qu’ailleurs, beaucoup moins Saint-Germain des Près. Les lecteurs posent des questions auxquelles ils attendent vraiment une réponse.” Et de raconter une anecdote lorsqu’elle était venue en 2005, au sortir de sa prise d’otage en Irak, dédicacer son livre sur l’affaire d’Outreau. Elle se souvient de la gentillesse des gens, du lien direct, de la simplicité du contact.

“C’est sans manière, avec bonne humeur. Et c’est précieux.” Car elle est foncièrement comme ça Florence Aubenas, sans chichi, au travail comme dans la vie, les deux se confondant. Son regard s’attache ainsi à trouver dans l’ordinaire des petites histoires ce qui illustre la grande. Alors bien que la moitié du temps en Ukraine, si la grand reporter au Monde a finalement accepté “avec grand enthousiasme” cette présidence, c’est après avoir pris conseil auprès d’une de ses prédécesseurs. “Tu peux faire ce que tu veux”, l’a rassurée sa grande amie Laure Adler. Et elle ne s’en est pas privée.

“J’ai voulu faire venir des gens pas forcement très connus mais qui sont importants pour moi, en résonance avec mon questionnement journalistique.” Sa programmation va dérouler cinq rencontres littéraires au fil du week-end. Il y aura par exemple Laurent Garcia, lanceur d’alerte sur la question des EHPAD pour parler avec elle du travail, la romancière Maylis de Kerangal pour confronter sa façon d’écrire sur le réel, son confrère écrivain Jean Hatzfeld et le fixeur iranien Kaveh Seyed Hosseini pour s’interroger sur la manière de rendre compte de la guerre, l’écrivain et journaliste Antoine Albertini pour évoquer l’évolution de la place des faits divers dans l’information…

“Et une tocade, une passion qui ne sera plus secrète: je suis fan de Simenon, avec ou sans Maigret“, conclut-elle. “Pour moi, c’est la quintessence du type qui en trois coups de plume vous dresse une atmosphère. J’admire cette sobriété”, s’incline celle qui sait si bien s’immerger dans le quotidien pour rendre compte d’un “monde en désordre”. Comme dans son Quai de Ouistreham, ouvrage pour lequel elle s’est fait passer pendant six mois pour une chômeuse et a travaillé comme femme de ménage. Son récit journalistique sera d’ailleurs porté sur scène en amont de la Foire, mercredi 8 novembre à 20h au théâtre (réservation auprès de L’Empreinte), avec en matinée une représentation réservée aux scolaires.

À presque un mois de l’événement, la programmation s’affine, comme la liste des auteurs et les rencontres. Elle sera mise en ligne sur le site foiredulivredebrive.net. “Même si ce n’est pas une décennie anniversaire, nous avons préparé cette 41e édition avec beaucoup de passion et d’originalité”, assure le commissaire général François David. Les grands chapitres sont déjà écrits.

Ainsi de “Temps présent”, le cycle de rencontres avec des spécialistes dédié à la réflexion sur une grande question de notre époque qui portera cette année sur le travail. “La Covid a changé beaucoup de choses, les générations montantes voient le travail différemment…” entame le commissaire.

Choix instauré en 2022, les deux grands invités sont cette année Jul pour la BD et Timothée de Fombelle pour la littérature jeunesse. La Foire va revivre une poussée de jeunesse car en faisant le choix de retarder d’une semaine la date habituelle de la manifestation, elle se tient à nouveau pendant le temps scolaire.

Les auteurs vont ainsi retourner dans les classes. Plus de 100 rencontres sont programmées dans les divers établissements. Un calendrier qui permet une belle innovation en associant plus de 700 élèves du primaire à des déclamations poétiques dans différents lieux. La poésie s’ancre davantage à L’Ouvroir de la Providence avec par exemple une mise en lumière, et en musique par les élèves du conservatoire, des poésies orientale et africaine. Des auteurs viendront également lire le poème de leur vie…

La Foire du livre a l’art de marier les expressions et de tisser par delà les frontières puisque des élèves en théâtre du conservatoire porteront également sur scène, avec des élèves turcs du lycée français d’Ankara la BD Zaï Zaï Zaï Zaï du génial Fabcaro.

Le cinéma aussi: en plus de la programmation coutumière du Rex, s’ajoutent cette année deux avant-premières au CGR. Le Festival de la Vézère y va aussi de sa note avec la comédienne Julie Depardieu accompagnée  au piano par les sœurs Bizjak pour une soirée Cocteau…

Comme l’a rappelé l’adjoint à la Culture Philippe Lescure, la Foire du livre est “un moment exceptionnel” qui vibre d’une multitude de rendez-vous, de partages, d’émotions irradiant la ville. Un succès porté par la Ville, les libraires et de nombreux bénévoles. Cette édition va encore rassembler plus de 400 auteurs venus de divers horizons, mais aussi de pas loin grâce à une mise en valeur des Talents d’ici avec l’édition de Nouvelle Aquitaine. Impossible de ne pas rendre aussi hommage à Michel Peyramaure, une de ses plumes les plus prolifiques, disparu depuis la dernière Foire du livre et qui fut un de ceux qui, un jour, il y a bien longtemps, eurent l’idée d’installer quelques tables sur le marché avec quelques livres… Tout est parti de là. Une histoire qui sera racontée dans un livre édité par Privat.

Plus d’infos sur dulivredebrive.net.

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