Deuxième volet de nos reportages sur ces lycéens étrangers qui ont passé leur année scolaire à Brive. Aujourd’hui, rencontre avec Victoria, 17 ans, une jeune Brésilienne à la peau dorée, tout droit venue de son Rio cosmopolite. D’un air chantant et chaloupé du Brasil, l’élève de 1ère L au lycée d’Arsonval jette un regard pétillant d’humour sur son pays d’accueil.
Victoria Cosato a 17 ans. Elle est arrivée à Brive en août dernier, hébergée dans une famille d’accueil et en classe de 1ère L au lycée d’Arsonval, la même classe qu’une autre élève étrangère, la Japonaise Miyu, devenue depuis son amie. “Au Brésil, il est très courant que des jeunes de mon âge partent découvrir un pays. Je parle déjà très bien anglais et je voulais apprendre une autre langue. Sans le connaître, le français sonnait bien, je le trouve proche de ma langue, le portugais, donc le vocabulaire me paraissait plus facile à assimiler.” Voilà à quoi tient son choix d’une année d’exil volontaire. ” Quelques cours particuliers pris pendant quatre semaines et la Brésilienne s’envole avec enthousiasme pour l’hexagone.
“Avant de venir, la France pour moi, c’était le cliché: du fromage, un béret, la tour Eiffel, les Français qui lisent le journal en buvant un café sur les Champs Elysées… Par comparaison avec le grand Brésil, je voyais la France comme un petit pays uniforme. Et j’ai découvert des régions très différentes. J’adore cette diversité.”
D’emblée, la jeune fille élevée dans la culture de l’esthétisme a vu quelques une de ses évidences balayées: “ici, les filles ont les cheveux courts alors que chez moi, elles ont fatalement toutes les chevaux longs.” Dans les autres bizarreries relevées par l’expatriée: “les oreillers sont carrés et non rectangulaires.” Jusque là, rien de trop préoccupant… “Les gens ici gaspillent beaucoup au self, ils prennent des choses qu’ils ne consomment pas entièrement.” Un peu moins glorieux!
Victoria se souvient surtout des affres de son arrivée: “La première semaine, c’était horrible! Je ne comprenais rien, je me sentais seule et j’en ai pleuré pendant un mois. Jamais, je n’allais pouvoir m’adapter. Dans ma classe, les élèves ne se connaissaient pas forcément; donc nous étions tous des étrangers parmi d’autres. Et puis en octobre novembre, ça a commencé à s’arranger. Je me débrouillais mieux et ça m’a boosté.” Heureusement aussi, elle a trouvé réconfort dans sa famille d’accueil. “C’est ma seconde mère. J’ai vraiment confiance. C’est une belle famille, très chaleureuse. Tous les week-end, on se retrouve à treize.”
Aujourd’hui, quelques mois plus tard, Victoria maîtrise parfaitement le français et joue allègrement avec un vocabulaire étendu. A s’y méprendre! Si ce n’est par instant une légère pointe d’accent qui la trahit sans prévenir. “Je suis même venue parler de mon pays aux élèves de terminale”… qui en sont restés ébahis devant ses progrès. “Je vais continuer à parler français et à l’apprendre, sinon je finirai par le perdre. Avant de partir, je vais acheter des livres.”
“La scolarité ici est très différente:les cours durent toute la journée, alors qu’au Brésil, ils s’arrêtent à 13h pour nous laisser nous adonner à d’autres activités. Chez nous, ce sont les élèves qui restent dans la salle et les profs qui se déplacent et on les appelle par leur prénom. Ici, les profs sont sympas mais plus distants avec les élèves.” Il lui aura aussi fallu un peu de temps pour se plier aux horaires décalés: “En France, on ne mange que trois fois, mais beaucoup. Alors qu’au Brésil, on fait plusieurs petits repas. En quatre mois ici, j’ai pris quatre kilos. Ça va faire plaisir à ma mère qui voulais me voir plus charnue.”
Malgré les débuts difficiles, Victoria ne regrette absolument pas cette expérience. “J’ai découvert beaucoup de choses.” Loin de ses plages ensoleillées, la Brésilienne frissonne encore: “J’ai eu très froid, je n’étais pas habituée. J’ai même vu de la neige pour la première fois. Connaître une autre culture est enrichissant et peut se révéler très utile plus tard.” La lycéenne se destine à travailler dans la publicité ou le marketing. “J’aimerais bien recommencer lorsque j’aurais 20 ans, en Italie, en Australie ou en Angleterre…” Mais avant de s’en retourner dans son pays, Victoria comme Miyu passera le bac à la française. On croise les doigts pour toute les deux.
Lire aussi notre rencontre avec Miyu, Japonaise