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Etrangers dans leur lycée: Patrick (3/4)

Patrick BackhousTroisième volet de nos reportages sur ces lycéens étrangers qui ont passé leur année scolaire à Brive. Aujourd’hui, rencontre avec Patrick Backhous, jeune Canadien de 16 ans, en seconde 7 au lycée Cabanis, et qui ne semble jamais se départir ni de son sourire d’Outre atlantique ni de son air décontracté.

Patrick Backhous venu de l'île de VancouverDe son lointain Nanaimo, deuxième plus grande ville (80.000 habitants) sur l’ile de Vancouver, tout semblait attirer l’anglophone Patrick vers la France: “Le français est la deuxième langue officielle au Canada. Ma mère est prof de français et depuis deux ans, j’apprenais cette langue à l’école, quatre heures par semaine.” Presque naturellement, Patrick a donc voulu “voir la France” de plus près, “surtout Paris, obligé!: la Tour Eiffel, les Champs Elysées, Notre Dame, les villages… Dans ce pays, partout, il y a des traces de l’histoire”. Vivre une telle aventure n’est pourtant pas si répandu chez les jeunes gens de son pays: “Je suis le seul sur les 800 élèves de mon école à partir comme ça pendant un an.

Sauf qu’une fois sur place fin août, grâce à Education first, Patrick a vite compris que les choses seraient moins évidente que prévu: “Au début je ne comprenais rien. Je ne savais dire que “Bonjour”, “Je m’appelle Patrick”, “Je suis Canadien”… des trucs de base. En deux semaines, ça s’est arrangé… J’arrivais à comprendre, mais je ne pouvais pas m’expliquer. Je n’avais pas les mots.” Aujourd’hui, Patrick s’est bien acclimaté: “c’est un peu normal, en entendant tout le temps parler la langue. J’aime bien parler français.” Et d’ajouter fièrement: “Maintenant, j’arrive même à remarquer les accents des étrangers qui parlent en français.” C’est dire!

Patrick dans les couloirs du lycée CabanisDeuxième écueil vite franchi également: l’entrée en seconde. “Le premier jour, personne ne connaissait personne. Heureusement, j’étais dans la même classe que ma sœur d’accueil, Marion, c’est elle qui a fait le lien. J’y ai aussi un petit frère de 11 ans. Dans ma famille d’accueil, je me suis senti comme un autre de leurs enfants. Sinon, en vrai, j’ai un frère qui a 18 ans.”

“Tout de suite les profs et les élèves ont été gentils avec moi, en essayant de me parler anglais. C’est vrai que j’avais plus de mal à suivre que les autres. Les trois premiers mois, les profs me donnaient à faire des contrôles différents.” Le jeune Canadien ne peut s’empêcher de comparer les deux systèmes scolaires. “En France, il y a moins d’options que chez moi et on doit porter toutes les affaires pour la journée. Il n’y a pas de casier comme chez moi. Au Canada, les profs et les élèves ont aussi des rapports plus détendus.” Sans oublier, l’organisation des journées de cours: “c’est super long, ici. Je n’étais pas habitué à ce rythme, on sort plus tôt au Canada… Le 1er mois, j’étais très fatigué.”

Patrick aura vécu aussi quelques expériences incomparables pendant cette année scolaire: “Surtout le procès que ma classe a monté au tribunal, ça m’a permis de voir comment fonctionne la justice. Il n’y a pas ce genre de projet chez moi. En SVT (Science et vie de la terre), nous sommes aussi allés visiter le Futuroscope…”

Patrick, toujours sourire d'Outre-AtlantiqueEn sociologue qui s’ignore, Patrick porte un regard perspicace sur notre façon de vivre: “En France, la vie est plus basée sur la famille. La nourriture, aussi, c’est super important pour vous. Elle fait partie de votre vie. Chaque soir, en famille, on mange ensemble plusieurs plats et on discute. Alors qu’au Canada, on prend un encas et on se met devant la télé. On vit plus nos moments conviviaux le week-end, en faisant du sport ensemble.” Mais Patrick ne dédaigne nullement notre gastronomie: “J’ai beaucoup apprécié la nourriture, les rillettes, le pâté, le foie gras… Demain, je vais goûter vos champignons, je crois qu’on dit des cèpes.”

“En France, les jeunes sont libres plus tôt qu’au Canada. Par exemple, tu peux acheter de l’alcool à 18 ans.” Faut-il s’en réjouir? “Ce que j’aime beaucoup aussi, c’est que tu peux aller partout à pied dans le village (entendez la ville, Ndlr). Nous n’avons pas d’aussi belles églises en centre-ville. Mais c’est bizarre, chez vous les gens sont moins souriants, plus insatisfaits. C’est peut-être une question de culture?”

Bien sûr, certains jours, tout n’était pas rose pour le jeune expatrié. “J’ai eu par moments le mal du pays, de ma famille, de mes copains… Mais je ne regrette pas du tout l’expérience. J’ai l’impression d’avoir grandi, d’être plus vieux. En tant qu’étranger, je représentais aussi le Canada, c’est un peu de responsabilité.”

“J’ai envie de revenir plus tard. Mais pour l’instant, je suis très excité à l’idée de rentrer chez moi. J’ai invité ma famille d’accueil et plusieurs copains à venir… Ça va être intéressant de voir si les liens vont continuer…”

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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