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Etrangers dans leur lycée (1/4) : Miyu

De gauche à droite: Miyu la Japonaise, Patrick le Canadien, Victoria la Brésilienne et Guillermo l'Argentain.

Tous les ans, une bonne douzaine de lycéens étrangers passent une année scolaire à Brive. Ils ont dans les 16 ans et viennent du monde entier, des Etats-unis, d’Allemagne, d’Afrique du Sud, de Croatie…

Rencontre avec quatre de ces jeunes: Patrick, le Canadien, Guillermo, l’Argentin, Miyu, la Japonaise et Victoria, la Brésilienne. Pour tous, au départ, il s’agissait d’un grand saut dans l’inconnu, sans même parler français. Au fil des mois, l’aventure est devenue une belle expérience de vie. Ils nous racontent comment ils ont vécu ce déracinement et ce qui les interpelle dans notre culture.

Premier volet aujourd’hui avec Miyu, à l’aube des épreuves du baccalauréat. La suite demain.

Miyu Endo au lycée d'ArsonvalPeu d’ados osent vivre une tel déracinement: un an à l’étranger, loin, très loin de la famille, coupé des amis, de ce cocon rassurant qui leur permet habituellement d’asseoir leur identité naissante. A l’âge où la plupart se conforte de ce cordon familial, quelques uns osent s’embarquer pour l’aventure. Ils ne sont pas baroudeurs dans l’âme, pas plus avides de liberté revendicative, seulement désireux, tant qu’ils sont jeunes, de “vivre une expérience unique”, sans quelquefois en mesurer d’emblée toutes les implications.

Miyu Endo, 16 ans, est Japonaise. Elle est originaire de Nagoya, quatrième ville du Japon, côté Pacifique, sur l’autre face du globe. Un jour s’est présentée l’opportunité de partir à l’étranger avec American field service (AFS). “Je n’avais pas envie d’aller dans un pays anglophone. Je voulais découvrir une autre langue, qu’on entend pas trop. Alors j’ai choisi la France. J’ai toujours été attirée par ce pays, la mode, la culture, la cuisine… Les fromages aussi, j’adore”, sourit la jeune fille.

Avant de s’envoler pour son pays d’accueil, Miyu a suivi quelques cours dispensés par l’Alliance française. Mais, arrivée en France, elle a vite déchanté. “Les premiers jours, je ne comprenais rien du tout. On communiquait par gestes. Je n’arrêtais pas d’utiliser mon dictionnaire électronique.” Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir. Elle a très vite progressé en baignant dans la langue de Molière, autant dans sa famille d’accueil qu’au lycée d’Arsonval. “Je me sentais obligée d’aller vers les autres.”

Miyu mutine saute dans le couloirMiyu qui a interrompu en août dernier sa seconde pour venir en France (au Japon, l’année scolaire commence en avril) a intégré à la rentrée la classe de 1ère L. Au bout de neuf mois, la jeune Japonaise est devenue impressionnante d’élocution. Cette bavarde au débit de mitraillette, a même décidé de passer, au même titre que ses camarades de classe, la première partie du baccalauréat cette deuxième quinzaine de juin. “Juste pour voir!”

Le travail scolaire en France est plus personnel, avec plus d’analyse. Au Japon, on nous demande du par cœur. C’est un peu collégien”, compare-t-elle. “Ici, le contenu est plus précis. On écrit davantage, on réfléchit plus, sur l’évolution de l’histoire, sur des textes de Rousseau, Montesquieu… C’est trop bien, même si c’est aussi plus dur. Il y a aussi des échanges: par exemple, comme on étudiait la 2e guerre mondiale, on a demandé à plusieurs élèves étrangers de venir témoigner sur la façon de voir cet événement dans leur pays. On peut plus facilement exprimer son opinion. C’est le pays de la liberté.” Et elle y a pris goût. D’ailleurs, c’est promis, une fois rentrée chez elle en juillet, elle veut continuer le français, “pour ne pas l’oublier”.

Ici, tout le monde s’habille un peu pareil, toujours en sombre, comme si c’était un uniforme dans la vie“, s’interroge Miyu. Un détail d’importance pour la jeune fille assez coquette. “C’est bizarre, alors que normalement on serait libre de porter ce qu’on veut. C’est très différent dans mon pays. On doit porter l’uniforme en classe, les règles sont strictes, ni maquillage, ni vernis. Mais dès que ça sonne, on se précipite pour se changer et faire du karaoké.” Et d’ajouter après une petite réflexion: “Au Japon, je suis fière de porter l’uniforme de mon école, c’est une appartenance, et on ne voit pas les différences de richesses entre les élèves.”

Miyu pensiveTrès populaire, Miyu déclare fermement ne s’être jamais sentie seule. “Je n’ai jamais pleuré à cause du mal du pays. Je savais que ça ne durerait qu’un an.” J’ai des copines, je fais du shopping, du trombone au conservatoire…” L’ado n’a pas eu le temps de s’ennuyer, sauf peut-être les premiers week-end: “Au Japon, ces jours-là, on va dans les magasins. Ils sont tout le temps ouverts.” La jeune Japonaise s’est finalement bien régulée à l’heure française et a appris à profiter autrement des moments de repos hebdomadaire. Je suis dans une grande famille d’accueil très sympa qui aime se réunir.”

Et il y a aussi Victoria, la Brésilienne, venue par le même organisme qu’elle et devenue sa meilleure amie, sa confidente. Toutes deux sont dans la même classe et leurs familles d’accueil sont cousines. “Donc, on se voit au lycée, on se voit tous les week-end. C’est la personne à qui je fais le plus confiance.” Sans oublier depuis quelque temps, un petit copain… “Je sais que le départ sera dur. Si je n’ai pas pleuré en arrivant, je vais pleurer en partant.”

Demain, rendez-vous avec Victoria.

Miyu en mosaïque

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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