La Chambre régionale des comptes vient de rendre son rapport sur l’EHPAD de Rivet. Des conclusions particulièrement critiques sur la gestion de ce dossier du premier coup de pioche au dernier coup de pinceau. “L’irresponsabilité politique est manifeste dès la page une du rapport qui en compte vingt et une”, a souligné Philippe Nauche, député-maire.“L’inconséquence de la précédente équipe municipale dans la conduite de ce dossier “plombe et plombera” pour longtemps le budget de la ville“, précise d’emblée Philippe Nauche lors d’un point presse consacré à ce rapport de la CRC. Le dossier de l’EHPAD n’est pas épinglé, il est cloué au pilori par les inspecteurs de la Chambre régionale des comptes.
Le choix du terrain d’entrée ne trouve la moindre grâce, le rapport mentionne: “Le terrain est pentu et il entraîne une construction à plusieurs niveaux ce qui n’apparaît guère propice à l’accueil des personnes âgées“. Chacune des étapes du chantier est de la même veine. Le choix du maître d’œuvre n’échappe pas à cette règle de l’approximation. Ainsi, le maître d’œuvre retenu sera celui qui n’avait pas respecté l’anonymat ce qui a entraîné l’arrêt du premier concours de concepteurs. Plus grave encore selon la CRC: le dossier retenu n’était pas conforme et le strict respect des formes aurait pu suffire à écarter sa candidature. Philippe Nauche s’interroge alors: “On se demande d’où peut venir cette mansuétude envers ce maître d’œuvre dont la candidature aurait dû en tout état de cause être écartée, dès l’examen des candidatures. Après l’amateurisme,, on passe dans le bizarre, la CRC a conclu qu’il y a pour elle une incontestable faiblesse dans la conduite du dossier”. Toujours sur le même registre, le CCAS qui ne dispose dans ses effectifs d’ aucun ingénieur et d’aucun technicien, se verra confier le suivi du chantier, une hérésie pour la Chambre régionale des comptes.
Le choix des entreprises
Là encore pas de surprise, les travaux sont dans la suite logique de tout ce qui s’est passé depuis le début. Premier résultat, le montant du gros œuvre va presque doubler par rapport à l’estimation initiale de 3.175.000 euros à 6.250.000 euros. Dans les marchés publics, la conduite à tenir est guidée par l’écart entre les prix et l’estimation faite par la collectivité. Dans ce genre de situation, la CRC est très claire. Si cet écart est important, on relance le marché, on se pose des questions sur l’estimation de l’architecte et on lui demande de reprendre les études et les caractéristiques du projet. “C’est ce qu’auraient dû faire les élus, car il y avait des enseignements à tirer de ce premier appel d’offres, en particulier sur le gros œuvre qui est l’élément essentiel de la construction. Une seule entreprise avait répondue et 92% au dessus de l’estimation de notre excellent architecte”, a encore ajouté Philippe Nauche.
Le rapport de la Chambre régionale des comptes est effarent, il met en exergue un flot de malfaçons qui s’ajoute à des retards qui ont eux aussi un coût chiffré à à plus de 1,5 millions d’euros. Les conducteurs des travaux d’alors font une petite erreur lourde de conséquences: ils oublient d’émettre un titre de recettes ce qui signifie que cet argent sera perdu, la trésorie ne pourra recouvrer cette somme. En synthèse, un chantier pourri du sous-sol à la couverture et la facture qui initialement était d’un montant prévisionnel de 17 millions est passée à 25 millions d’euros. Chaque année, il en coûtera 260.000 euros de fonctionnement au CCAS et 700.000 euros à la Ville de Brive. Une dérive financière condamnée par Philippe Nauche: “C’est l’équivalent d’une baisse de 5 % du foncier bâti, c’est un boulet pour les finances de la collectivité”. Un lourd préjudice financier qui va courir des années et des années et à cela il faut ajouter le prix de journée qu’il a été nécessaire de revoir à la baisse, il se situe à 55 euros alors qu’il aurait pu s’élever à 77 euros, la collectivité prenant à sa charge la différence.
Face à cette situation, Philippe Nauche qui a par courrier alerté le procureur n’exclut pas une action en justice: “On n’a pas envie que les élus précédents aillent devant un tribunal, mais nous souhaitons défendre les intérêts des Brivistes”, puis le maire ajoute: “La marque de fabrique de ce dossier c’est l’amateurisme. Quant à la réponse de mon prédécesseur, j’hésite entre irresponsabilité et lâcheté. Sa réponse peut se résumer en une seule phrase c’est la faute des autres, je n’étais pas au courant. Le maire de l’époque n’aurait été consulté que sur le choix de la couleur des murs et le mobilier. C’était le plus important projet de la mandature précédente. Qu’en penser? Soit il s’agit d’un gros mensonge, soit cela montre l’incapacité à assumer la responsabilité de ce mandat.”