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Douze jours de paix à Brive pour 40 jeunes Ukrainiens de Melitopol

Moment chargé d’émotion lors de leur réception en mairie. Les jeunes Ukrainiens ont laissé un temps derrière eux la guerre et ses privations pour savourer une parenthèse de paix et de sécurité, un peu de joie et de sourire. Après douze jours passés dans leur ville jumelle, ils repartiront demain retrouver leur ville occupée par les Russes.

Ils ont entre 11 et 17 ans, la plupart plutôt entre 13 et 16 ans. Tous marqués par le conflit qui se déroule chez eux. Les quarante enfants sont venus accompagnés de quatre adultes et deux chauffeurs vivre un séjour dans le bassin de Brive qui s’est effeuillé au rythme d’un programme bien fourni.

“Cela s’est fait dans une relation de confiance et de fraternité. Finalement, c’était un jumelage qui fonctionnait le moins bien et il faut une guerre pour que les peuples se rapprochent”, constate le maire Frédéric Soulier. Le jumelage créé en 1967 et en sommeil depuis des années, a été réactivé par la guerre qui s’est déclenchée en février 2022. Les Russes occupant Melitopol ont mis à la tête de la ville une femme politique locale à leur solde, mais des liens se sont malgré tout tissés avec le maire précédemment élu, Ivan Fedorov, contraint d’œuvrer désormais dans la clandestinité.

“Depuis le début du conflit, nous avons un contact régulier. Notre volonté commune était d’offrir à ces enfants un moment de pause, une respiration dans le quotidien qu’ils subissent.” Cette première entre les deux villes a ravivé le sourire sur les visages. “Ils n’oublient pas la guerre mais profitent d’un peu de paix en se sentant en sécurité. Pour eux, c’est une bouffée d’air. Vous savez, certains des enfants présents ont perdu leurs parents”, confient Irina, représentante de la mairie de Melitopol. “Tout le monde est ravi de l’accueil chaleureux.”

Logés à la Base de La Lombertie, les jeunes ukrainiens se sont adonnés au tir à l’arc, à l’escalade, au swing golf, à la course d’orientation. Ils sont allés nager à la Piscine, glisser à la patinoire, s’amuser avec d’autres jeunes au centre culturel Raoul Dautry. Ils ont même fait un jeu de piste au musée Labenche. Ils ont également visité le centre de performance du CAB, la chocolaterie Lamy, Rocamadour… sans oublier un peu de shopping en ville.

Ce qui les a étonné le plus ? “La propreté dans les rues.” Unanimement. Et une découverte des Français qui ne correspondait pas au cliché qu’ils en avaient: “Ils sont comme nous, ils s’habillent simplement et ne se promènent pas en vêtements de luxe.”

“Ce que j’ai le plus aimé, c’est la piscine et la patinoire”, assure Anastasia, 15 ans, “et j’ai appris beaucoup de choses sur la France. Je suis contente aussi d’avoir rencontrer d’autres enfants. Même entre nous, on  se connaissait pas tous.” Tous ont été touchés par le bonjour en ukrainien prononcé par le maire pour les accueillir.

Pas de protocole, des choses dites simplement avec l’élan du cœur. Comme le poème que leur ont lu des représentants du Conseil municipal des enfants après avoir pris soin de leur distribuer la traduction dans leur langue: Liberté de Paul Eluard. Des mots forts que les enfants revêtus de leur en écharpe ont voulu partager avec des jeunes à peine plus âgés qu’eux. Un geste citoyen, un partage fraternel sans par moments les mots pour se comprendre, mais avec le regard de l’empathie pour les rendre vivants.

Des émotions que les Ukrainiens, enfants comme adultes, ont voulu graver en enchainant photos et selfies avec le maire. L’une d’entre eux a tenu à lui nouer au poignet le bracelet aux couleurs de l’Ukraine. Jaune et bleu, également les couleurs de Brive.

“La situation à Melitopol est très difficile. C’est beaucoup de souci pour se nourrir, se soigner. Toute la ville est occupée par les militaires russes. Des gens disparaissent. Il nous est interdit de dire ce qu’il se passe”, confie Irina. “Les Russes s’approprient les maisons et les entreprises de ceux qui ont quitté la ville. On est obligé d’avoir un passeport russe sinon on peut-être déportés. Il est nous est interdit d’enseigner et de parler ukrainien. Nous manquons de médicaments, d’infirmiers, de médecins. Nous n’avons pas accès aux aides humanitaires. Il y a bien des médicaments russes, mais qui ne sont pas efficaces.” Un quotidien glaçant. “Mais on reste à Melitopol car c’est chez nous. Nos parents y vivent.”

Demain, toute la délégation repartira pour le long voyage du retour, deux jours, en faisant une petite halte à Paris pour voir la Tour Eiffel, avec précieusement au fond du cœur cette bouffée de liberté, ce chaleureux souvenir de Brive pour affronter à nouveau le quotidien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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