Ce matin, c’était au tour du colonel Goisque et son staff opérationnel de retrouver Brive après plus de 5 mois de mission en Afghanistan. Sur place, à la caserne Laporte, les attendait le général Pierre Chavancy, commandant la 3e Brigade mécanisée. “Grâce à vous, la situation en Kapissa et dans la vallée de Surobi a progressé de façon considérable. Soyez fiers de vous et dites ce que vous avait fait sur place.”
Le 9 février 2011, une prise d’armes devrait rassembler à Brive les différentes unités qui ont composé cette task force Bisons: les 500 du 126e RI, le 31e génie de Castelsarrasin, le 1er RIMa d’Angoulème, le 3e médical de La Valbonne et une section de Belfort et ses nouveaux blindés VBCI. En tout un millier de militaires.
9h50. Le car aux vitres embuées a déversé les 51 Bisons composant le Bureau opérations instruction (BOI) au pied du mess pour des retrouvailles souriantes avec leur collègues restés en portion centrale. Dans le comité d’accueil, une présence des plus chaleureuses: le caporal-chef blessé en octobre dernier pendant l’opération qui a coûté la vie au major Thibault Miloche. Les arrivants ont pu constater avec soulagement que leur camarade se remettait de ses blessures à l’abdomen et au bras.
“A chaque fois que vous sortiez, on croisait les doigts pour que tout se passe bien“, leur a déclaré le lieutenant colonel Pascal Goujon qui assurait le commandement arrière. “Mais vous ne vous êtes pas croisé les bras”, a répondu le colonel Goisque. “Vous avez tenu la boutique à bout de bras en notre absence, en assumant autant de missions avec la moitié des effectifs.”
Le général Pierre Chavancy, commandant la 3e brigade mécanisée dont relève le 126, avait fait le déplacement pour accueillir lui aussi le staff du régiment. “Continuons à soutenir les familles pour lesquelles le retour n’est pas un jour de joie“, a-t-il rappelé. Lui-même était sur place il y a un mois: “Je suis toujours perplexe d’entendre tout et n’importe quoi sur notre présence en Afghanistan. Nous voyons au quotidien les Afghans avancer, leur armée, leur police, prendre en charge ses responsabilités et surtout une population qui constate qu’elle n’a pas d’avenir avec les Talibans et aucun intérêt à retomber sous leur joug.”
“Ça porte, mais il faut être patient“, confirme le colonel Goisque. “Il y a des signaux qui ne trompent pas: c’est la population qui nous a livré la cache des trois tonnes de munitions. Elle en a assez de l’insurrection et du danger permanent. Nous avons eu l’obsession d’éviter de tuer un seul civil et c’est un grand soulagement d’y être parvenu.” Pour le chef de corps, le combat n’en était pas moins inégal: “Nous, on ne terrorise pas la population. Notre action est de la convaincre que nous ne sommes pas là dans une optique d’occupation ou de croisade. Nous ne sommes pas un rouleau compresseur qui arrive pour faire la chasse aux talibans quoi qu’il en coûte. Nous avons été respectueux de leur coutume et des principes fondateurs de leur société. La population le reconnait et ça nous a permis de gagner leur confiance. Nous avons appuyé notre action par des micro-projets comme la construction ou la rénovation d’écoles, mixtes de préférence, ou de puits. Dans un pays qui n’a connu que 3 heures de pluie en 5 mois, l’eau est un enjeu majeur.”
Une mission pour autant périlleuse comme en témoignent les deux décès et six blessés qu’a connu le bataillon commandé par le colonel Goisque: “Ça situe bien la dureté de l’adversaire, sa lâcheté aussi parfois”. Et d’ajouter: “Ce serait presque un jour de fête complet s’il n’y avait pas eu le décès du major Miloche”. Une absence qui les hante tous. “Beaucoup d’émotion, quelques moments difficiles… mais le bataillon a su montrer une cohésion et une capacité à serrer les coudes pour continuer la mission. C’est le meilleur hommage qu’on pouvait lui rendre. Et nous avons aussi senti un extraordinaire soutien de la population briviste.”
A l’extérieur du poste de garde, quelques familles attendent de renouer elles aussi avec les leurs. Parmi eux, Erwan, 4 ans, très impatient. “Il est réveillé depuis 6h et il a énuméré tout ce qu’il veut faire avec son papa“, explique sa maman. “Nous, on n’a pas dormi, les filles se sont réveillées à 3h puis à 6h”, ajoute une autre mère. Au compte-gouttes, les militaires sortent après avoir sacrifié aux dernières formalités administratives. Moments de joie, effusion, gros câlins et petites attentions comme celle de ce père qui extrait de son paquetage une petite peluche pour son fils.
Deux autres vagues rentrant d’Afghanistan sont attendues: 158 Bisons ce samedi 18 décembre puis les derniers deux jours plus tard, le 20 décembre, leurs collègues qui s’occupent du fret. Après un repos bien mérité, le régiment se retrouvera au complet fin janvier. Pour le chef de corps, l’objectif désormais est “d’éviter d’avoir un régiment à deux vitesses avec ceux qui y étaient et ceux qui n’y étaient pas”. La vie normale du régiment va reprendre entre entretien de l’existant, partage de cette récente expérience, accueil de nouveaux Bisons et participation aux différentes alertes. Bref, tout ce qu’avait jusque là assumé seul la moitié de la garnison. Sans oublier de préparer les troupes à leurs prochains théâtres d’opération: une première compagnie doit partir à l’été 2011 pour la Centre-Afrique puis début 2012, d’autres partiront à nouveau pour la Centre Afrique et le Gabon.
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