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Des photos chocs au service de la lutte contre la violence conjugale

La photographe Lizzie SadinAprès l’inauguration de la stèle en hommage aux victimes de violence conjugale, le cortège a rejoint la chaleur de la salle d’honneur de la mairie. Discours, projection de photographies, témoignages informels ont marqué cette fin d’après-midi émotionnellement éprouvante mais porteuse d’un espoir: que des femmes ne meurent plus sous les coups de leur conjoint. Que cesse la violence au sein des familles.

Lizzie Sadin, des sanglots dans la voix: “Rarement j’ai vu autant de femmes s’exprimer après une projection de mes photos. Après plusieurs années à parler de la violence conjugale à travers mes images, je reste toujours aussi sensible à la souffrance de celles qui témoignent”. Celle qui dit photographier “pour dénoncer” n’aurait pas pu ne pas répondre à la demande de son agence de presse, à savoir travailler sur la violence conjugale. “Même si je ne savais pas comment traiter le sujet, ça aurait été me rendre complice de ne rien faire.”

La photographe a donc suivi des policiers lors d’interventions, des femmes battues déposant plainte ou vivant dans des foyers, et même des hommes coupables dans leur parcours de réinsertion. Ses images sont toujours pertinentes, parfois insoutenables. Hier, le silence était pesant pendant la projection commentée par Lizzie Sadin. Quelques “oh” de frayeur se soulevaient de temps en temps du public face à la description des violences subies par les femmes photographiées : celle-ci a été ligotée à la tuyauterie de sa baignoire et battue avec des câbles électriques. L'une des photos de Lizzie SadinUne autre a été frappée par un marteau. Cette dame a eu la cage thoracique écrasée par son mari sautant dessus à pieds joints ! Quant aux “raisons” de ces terribles violences de toute façon injustifiables, elles sont tout aussi surréalistes que les atrocités commises : une évocation de divorce, une facture qui arrive ou même… un désaccord sur le programme télé !

Après les images, un micro a circulé dans l’assistance. Les langues ont eu du mal à se délier. Puis, peu à peu, des femmes ont parlé. Le plus souvent elles mêmes victimes, beaucoup ont évoqué le silence qui entoure ce type de violences.

Leur propre silence (contraint) pendant la période où les violences, tant psychologiques que physiques ou économiques, s’accumulent, mais aussi, parfois, le silence de l’entourage. Voire de la justice, qui, parfois, est contrainte de classer des affaires pour des faits “pas assez caractérisés”. Violaine Canovas-Jardel, substitut du procureur, a expliqué le fonctionnement de la justice dans ce type d'affairesCar, dans ce genre d’affaires comme sur d’autres, l’émotion ne doit évidemment pas prendre le pas sur le droit de la défense.

La substitut du procureur Violaine Canovas-Jardel a expliqué à l’assistance les recours possibles pour les victimes, a assuré qu’il n’y avait aucun classement “sec” des affaires traitées par le tribunal de Brive (entendez qu’il y a toujours une recherche de la vérité des faits, la parole d’une victime potentielle est donc toujours prise en considération), et insiste sur le fait qu’il “faut aller vers la police et la justice” pour lutter contre la violence conjugale.

Un discours qui sera repris en substance par les co-directrices du foyer Solidarelles qui accueillent des femmes battues et leurs enfants, par le président de SOS Violences conjugales* Jean-Claude Ducruezet et par la photographe Lizzie Sadin.

Catherine Gabrielle représentait la municipalité

Le discours de Catherine Gabriel, représentante de la municipalité, qui a précédé projection et témoignages, se terminait ainsi et aurait sans aucun doute pu être repris par l’ensemble des personnes de l’assistance : “Nous sommes solidaires du mouvement national, en marche aujourd’hui contre la violence, contre toutes les formes de violences que l’on puisse faire aux femmes. La stèle en est le témoin. Elle est lieu de mémoire, elle signe notre engagement. Elle est là pour rappeler que jamais, parce qu’on est une femme, on puisse, à un moment ou à un autre de sa vie, se sentir menacé“.

* SOS Violences conjugales est joignable au 05.55.88.20.02

Olivier SOULIÉ

Olivier SOULIÉ

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