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David, l’épicier ambulant en ville

Après deux décennies dans la sécurité, David Gontier a choisi de se reconvertir dans un métier délaissé: épicier ambulant. Il se déplace en campagne comme en ville, dans les quartiers de Brive. Un service de proximité qu’il apporte là où on lui demande. Avec en plus l’impression d’être utile à l’égard des personnes âgées. Et pas seulement.

Si les commerces ambulants sont très souvent associés aux zones rurales, David Gontier a décidé quant à lui d’investir aussi la ville. “Il nous rend bien service“, affirme Renée, résidente des Lilas, au foyer-logement de Rivet à Brive. “Sans lui, je ne pourrais faire mes courses qu’une fois par semaine lorsque ma fille vient me chercher. Ici, on est loin de tout”, explique-t-elle. “Je lui prends du lait, tout ce qui est frais, des légumes, des fruits, du pain… et j’en suis très contente”, renchérit la résidente. Il faut dire que la journée de David commence tôt le matin par le marché de Cana où il s’alimente quotidiennement en produits frais. Destination ensuite le seuil des maisons.

Chaque lundi, les résidents des hauteurs de Brive guettent le camion magasin comme un gardien de phare attend la relève. Très vite, une petite queue se forme. Il va rester environ une heure avant de filer sur Travassac. L’itinérant a rentabilisé au mieux le moindre centimètre carré de son véhicule. Il a un peu de tout: café, lait, confiture, packs d’eau, conserves, essuie-tout, produits d’entretien, piles, fruits, légumes, biscuits, yaourts, beurre, plats régionaux sous vide… “J’ai aussi votre chocolat à l’orange”, ajoute-t-il à une cliente. Car s’il n’a pas à bord le produit souhaité, il s’engage à l’apporter si besoin la semaine suivante. “On me prend pour une grande surface ambulante“, s’amuse-t-il. “Je n’ai pas 8.000m2 derrière.” Tout au plus 7 à 8. Serviable, il va même jusqu’à porter les sacs trop lourds jusqu’à la porte de leurs propriétaires.

On a l’impression qu’il fait ça de puis toujours, pourtant David n’est épicier que depuis septembre. Pendant 22 ans, il était agent de sécurité, surtout la nuit vers la fin. “Cette idée me trottait depuis longtemps”, explique-t-il. Alors lorsqu’il a perdu son emploi, il a tout naturellement passé le pas et s’est reconverti à 40 ans. “C’est en allant donner mon sang à l’immeuble consulaire que j’ai vu une affiche d’information sur la création d’entreprise.” Il ne s’est pas lancé à l’aveugle: il a suivi un Jeudi de la création de la CCI, s’est fait accompagné pour ses démarches – “c’est le côté administratif le plus lourd” -, découvert que ce service n’existait pas à Brive dans le registre du commerce, puis a affiné son projet. “J’ai constaté plus tard que d’autres épiciers ambulants tournaient sur les extérieurs, mais à Brive même, dans la zone urbaine, je suis le seul.” Pour être sûr de sa démarche, il a même suivi un épicier itinérant de Nantiat dans sa tournée en Haute-Vienne, avant de se constituer en EURL (Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée, une SARL constituée d’un seul associé).

David Gontier a transformé un camion en supermarché “roulant” et l’épicier ambulant briviste a démarré ses tournées en septembre dernier. L’épicier a d’abord pensé bien sûr à “ceux qui ne peuvent se déplacer” et donc au troisième âge, notamment au travers des foyers-logements excentrés, à Rivet, à Tujac, aux Chapélies. Mais pas seulement: “J’ai aussi “ceux qui achètent du temps”, des jeunes actifs qui ne veulent pas gaspiller leur temps avec les courses.” Le créateur a distribué lui-même ses flyers au porte-à-porte, “mais certains n’osent pas m’appeler parce qu’ils hésitent à me faire venir seulement pour eux. Alors que ça ne me dérange pas de passer pour une seule personne, c’est le principe des tournées.” A grands coups de klaxon, David Gontier donne ainsi un petit air de village à la ville. Un service de proximité jugé indispensable par ceux qui l’utilisent, car à bord de son camion magasin, en plus du service rendu, l’épicier ambulant retisse un lien social disparu.

Pour en savoir plus: 06.03.46.20.78.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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