Brivemag.fr débute aujourd’hui une série de trois reportages sur la crise économique dans le pays de Brive et ses conséquences.
Premier volet de cette enquête, le regard des syndicats, le jour même où le Président de la République a invité à l’Elysée les cinq confédérations syndicales et les trois organisations patronales.La crise économique n’épargne pas le pays de Brive, même si, pour l’instant, il n’y a pas eu de plans sociaux massifs. En revanche, les salariés précaires ont déjà payé au prix fort les effets de la crise selon Gérard Bagnole de l’Union locale CGT à Brive.”Dans beaucoup d’entreprises, explique t-il, on a commencé par ne pas renouveler les contrats à durée déterminée, c’est notamment le cas chez Blédina. Dans le BTP aussi, on sent bien que la situation se dégrade, une entreprise à Noailles n’a pas passé l’hiver”. Ces contrats précaires qui ne sont pas reconduits ont des incidences sur les chiffres du chômage.
“Sur l’ensemble du département, le seuil des 6000 demandeurs d’emplois à la fin de l’année dernière a été franchi : c’est une progression de 20% par rapport au 31 décembre 2007 et on ne sait pas quand cela va s’arrêter”, précise Laurent Vialle, le secrétaire de l’Union départementale CGT.
Avec des carnets de commandes de moins en moins noircis, les lendemains sont incertains. Les salariés ont aussi des craintes pour leur pouvoir d’achat qui s’effrite chaque mois un peu plus. Ce soir, le Président Sarkozy doit s’exprimer à la télévision à l’issue de la rencontre avec les syndicats. Un salarié d’une importante société implantée en périphérie de la ville est sans concession. ”Si le Président exclut une fois encore un coup de pouce sensible pour les bas salaires, je pense que la situation va se compliquer et se durcir. Les gens sont à bout, il a bien trouvé des milliards pour les banques, on ne se contentera pas des miettes”.
Ce salarié qui s’est exprimé, souhaite rester anonyme, mais ses propos traduisent un sentiment plus général. Un sentiment mêlé de doutes et de flou pour les jours et les semaines à venir.
Prêts à redescendre dans la rue
A l’évidence, sur le pays de Brive comme partout ailleurs, les syndicats sont mobilisés. Marie-Christine Caquot – Secrétaire de l’Union départementale de Force ouvrière – fait un lien avec la situation à la Martinique ou bien encore à la Guadeloupe : “Les salariés de Brive ou des communes environnantes sont dans la même situation que ceux de la Martinique. Ils ont besoin de 200 euros par mois pour vivre mieux, si le Président n’annonce rien de concret ce soir, il ne faudra pas se contenter d’une manifestation bien gentille le 19 mars, nous devons aller vers une grève générale et bloquer le pays”.
A la FSU, Jean-Louis Puydebois, secrétaire départemental, ne dit pas autre chose : ”Nous, les enseignants, la crise nous la subissons deux fois comme une double peine. Dans les salles de classe, l’ambiance est morose, les élèves sont perturbés par la situation de leurs parents et nous, nous n’avons pas été augmentés depuis 7 ou 8 ans. Notre pouvoir d’achat est en chute libre. A cela, il faut ajouter encore 13.000 suppressions de poste d’enseignants pour la rentrée prochaine, nous sommes prêts à battre le pavé et peut-être avant le 19 mars, date prévue pour une journée de mobilisation.”
Situation alarmante pour certains, voire explosive pour d’autres. En attendant des jours meilleurs, les salariés font face comme ils le peuvent à cette crise qu’ils subissent.
Demain suite de notre enquête avec le regard sur la crise du président de la CCI , il nous expliquera comment se comportent les entreprises dans cette période tourmentée. Vendredi ce sera le MEDEF qui évoquera la crise.