Demain 25 novembre, c’est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes avec le vernissage à 9h30 de l’exposition “Contrastes et résilience” au centre socioculturel Raoul Dautry. Autre rendez-vous à ne pas manquer: le moment de recueillement dimanche 27 novembre à 16h30 à la stèle à la Roseraie (square Marcel-Cerdan) à l’appel de l’association SOS Violences conjugales et en présence de Julie Gayet. L’actrice Judith Henry lira également un poème.
Georgette, c’est la quintessence de l’engagement, celui de l’expression du refus. Le refus de fermer les yeux sur la souffrance, celle qui frappe pourtant à huit clos, le refus de la peur, celle qui grignote et paralyse. Le refus d’abandonner quand ce serait parfois si reposant après tant d’années de lutte. Georgette Chastanet, c’est la présidente de SOS Violences Conjugales, association de terrain qui écoute, soutient, accompagne les femmes, les enfants, et les hommes victimes de violences (354 en 2021 en Corrèze, dont 145 à Brive) et les aide à se reconstruire. Douze ans d’engagement constant et sans artifice, de courage et d’élan qui ont fait d’elle la voix de celles et ceux pour qui il est si difficile de parler. Elle est accompagnée de femmes – uniquement de femmes – qui donnent de leur temps, un travail de fourmi, minutieux, discret, pour accueillir l’indicible et trouver les mots à leur tour. Parce que quand ils sont justes, ils peuvent être des étincelles qui deviennent le déclic, celui de s’extraire d’une situation intenable mais intériorisée. Une injonction à donner le meilleur de soi en somme pour ces 12 bénévoles (dont 6 à Brive).
Julie, c’est une actrice lumineuse, amoureuse de l’action, du sens, de la cohérence. De l’endométriose au cancer du sein, du droit des filles à la lutte contre les violences, elle n’est pas dans la guerre des sexes, mais elle porte avec constance la soif de liberté et d’égalité des femmes et leurs indignations face aux injustices. Julie Gayet, c’est la délicatesse mais aussi l’audace, elle offre, par son statut de femme publique, une caisse de résonance aux femmes et enfants victimes de violence. Leur complicité transpire dans leurs échanges nourris, leur bienveillance apaise. Deux façons de percevoir les choses qui convergent par leur force et leur volonté d’agir pour prendre soin des femmes et les relier entre elles pour mieux briser ces plafonds de verre.
Le mouvement #MeToo a eu cinq ans le 5 octobre dernier et trois ans après le Grenelle consacré à la lutte contre les violences conjugales, un espoir de révolution s’est esquissé, la parole des femmes s’est libérée, la société a pris conscience de ce tabou millénaire. L’ignorance a disparu. Mais depuis 2017, les faits constatés de violences sexuelles ont augmenté de 82 %. Comment faire face sur le terrain à cette demande de prise en charge exponentielle ? D’abord en recrutant. Nadège, par exemple, juriste arrivée en novembre 2021 à l’association et qui permet de répondre à la montée en charge des réquisitions judiciaires : 19 Téléphones Grave Danger (TGD) en novembre 2021, 26 en octobre 2022, et son prolongement pour assurer la continuité de la protection : trois bracelets anti-rapprochement (BAR) en 2021, quatre en 2022. L’association compte 5 salariées. Mais la réalité des associations, c’est aussi la précarité des contrats. Alors que « la réussite, c’est le temps, il faut détricoter les situations ».
Douze ans que Georgette remplit des demandes de subventions, elle alerte : « La présidente que je suis, ancienne victime de surcroît, a honte de ne pouvoir créer, par manque de ressources pérennes, des postes précaires, occupés par des femmes qui viennent en aide à des femmes dans la précarité. » Et elle a trouvé un écho auprès de Julie et la Fondation des Femmes. « Je me suis engagée à la Fondation des Femmes précisément pour ça… pour soutenir toutes les associations qui agissent pour venir en aide aux femmes.
Lever des fonds pour sensibiliser l’opinion publique par des campagnes nationales, former les jeunes, et permettre aux associations de ne plus fonctionner avec des bouts de ficelle, 2 000 € par-ci, 1 000 euros par-là, grâce à des enveloppes substantielles (25 000 à 50 000 € par attribution) pour agir en menant des projets au long cours que nous accompagnons. » 25 000 € ont ainsi été alloués au déploiement de permanences délocalisées en zones rurales sur l’ensemble du département de la Corrèze, pour aller au plus près des victimes, là où elles vivent. Les actions de sensibilisation se sont développées, en partenariat avec le réseau partenarial local, afin que les élus, les professionnels puissent mieux repérer les situations de violences pour ensuite mieux orienter vers les structures spécialisées locales.
Enfin, il a été nécessaire d’adapter les pratiques au numérique, en assurant une présence socio-éducative numérique via les réseaux sociaux. Parce que ces violences sont la manifestation et la conséquence la plus aiguë des inégalités hommes-femmes, la priorité doit être l’anticipation par la prévention et l’éducation pour ne plus avoir à agir en réaction. Aussi, parmi ses salariées, SOS Violences Conjugales compte une formatrice qui déploie des actions en faveur du respect et contre le sexisme ordinaire, à la notion de consentement, à la lutte contre les violences et cyberviolences, les risques liés à l’activité prostitutionnelle afin d’aider les jeunes générations à faire de cette égalité la norme sociétale.
Georgette et Julie seront toutes les deux au square de la Roseraie à Brive ce dimanche 27 novembre pour rendre hommage à toutes ces femmes et leur dire qu’elles ne sont pas seules. Un poème sera lu par Judith Henry, que nous avons pu découvrir aux côtés de Julie Gayet sur la scène de L’empreinte pour la lecture, ô combien engagée et bouleversante d’extraits du livre – portraits de 30 femmes : “Je ne serais pas arrivée là si…” d’Annick Cojean.
Article de Brive Mag novembre 2022. Coraline Santos.