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Caroline Secq sublime nos rebuts à la chapelle Saint Libéral

Avec son exposition Anthropoplages“, Caroline Secq fait un éloge de la matière. Mais pas n’importe quelle matière. Celle qu’on abandonne sur les plages. De ces déchets, elle fait œuvre. Œuvre joyeuse, colorée et foisonnante dans laquelle on se perd, devant laquelle on se réjouit, paradoxe du geste créatif qui transcende “le rebut en re-beau”. Jusqu’au 1er septembre à la chapelle Saint-Libéral. Entrée libre. Infos: 05.55.74.41.29.

“Ma toute première pièce aurait mérité le diplôme de l’école maternelle!”, commence Caroline Secq, volubile, dans un large sourire. Les premières créations de l’artiste touche-à-tout (lire son parcours sur son site) prennent alors la forme de petits personnages constitués avec des petits bouts de bois, un bouchon et du fil de fer.

Puis sa technique a évolué, son matériel aussi. De retour de Santa Barbara avec une cargaison de bois ramassés sur les plages, elle commence, en France, à s’intéresser aux plastiques délaissés, abandonnés par les hommes, métamorphosés par les vagues. Puis elle se met à ramasser la diversité infinie de petits rien qui parsèment ici et là les plages: jouets d’enfants, semelles, flotteurs, fibres naturelles, lunettes, bigoudis, téléphones, manches de parapluie, etc. Dans ses pièces, le fourmillement de matière est stupéfiant et joyeux. Il forme une sorte de jeu de piste où l’insolite est toujours au bout du chemin. Et la beauté jamais loin.

“C’est là le paradoxe!” s’amuse-t-elle. Ce sont des détritus, mais assemblés, ils conquièrent leur lettre de noblesse. Les voici anoblis par le geste créateur. “Il y a beaucoup de beauté dans ces petits bouts de rien. Regardez ces bidons: ils sont des sculptures vivantes!” Alchimiste de la matière, Caroline Secq change ces ramas en art. Ou plutôt, elle les assemble “avec un peu de colle, surtout des vis et beaucoup de miracles!” Elle poursuit: “Je compose, j’assemble. Je ne touche rien, ne coupe rien, ne colore rien”, assure-t-elle tandis que, confie Marie-Odile Sourzat, conseillère déléguée au développement culturel qui a inauguré l’exposition vendredi soir: “Je n’ai pas pu croire tout d’abord que c’était naturel.” De fait, sur les pierres de la chapelle, les couleurs des pièces s’affirment et sont comme un écho aux vitraux du 19e.

Les personnes venues découvrir les œuvres à l’occasion de l’inauguration ne sont pas passées à côté de la tonalité joyeuse d'”Anthropoplages”: “Ah! Il y avait du gasoil ce jour-là”, plaisante un monsieur devant la pièce Roger Rabbit, assemblage de matière blanche comme éclaboussée de noir. “Je ne revendique rien“, poursuit l’artiste. “Les matériaux sont assez grands pour parler tout seul!” Et pourtant, derrière la légèreté de la démarche, “l’artiste fait référence à notre patrimoine commun”, a noté Marie-Odile Sourzat, celui que nous rejetons. Celui dont plus personne ne croit vouloir. Celui que tout le monde redécouvre, métamorphosé, et dont Caroline Secq a fait sa matière première. Une matière qui habillera l’intérieur de la chapelle Saint-Libéral durant tout l’été.

Retrouvez toutes les œuvres de la série “Anthropoplages” en cliquant ici. A la chapelle Saint-Libéral, rue de Corrèze à Brive. Du mardi au samedi de 10h à 18 et le dimanche de 15h à 18h. Infos: 05.55.74.41.29. Entrée libre.

 

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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