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Brive-Sikasso : un jumelage plus que jamais dans le concret

intro sikasso

Une ambulance acheminée au Mali, un chirurgien traumatologue et le directeur général de mairie en stage à Brive, bientôt des visioconférences entre les deux continents… les actions de Brive-Sikasso témoignent de la vitalité d’un jumelage fondé sur l’amitié. Quatre Sikassois dont le maire Mamadou Tangara ont ainsi assisté vendredi soir à l’assemblée générale de l’association conventionnée pour conduire le jumelage.

 

distribution hopital

Du matériel pour l’hôpital

“Si vous voulez rendre les hommes frères, faites leur construire quelque chose ensemble.” Une maxime de Saint-Exupéry qu’affectionne particulièrement Michel Blancher, président de l’association Brive Sikasso, tant elle traduit pour lui la philosophie de ce jumelage: “être utile, se comprendre, avoir un projet commun et réaliser des choses concrètes”. Layes Touré et Koué Dioma en sont l’illustration.

Le premier est un jeune chirurgien orthopédiste traumatologue de Sikasso qui, grâce au jumelage, a pu vivre en immersion tout le mois de mai au centre hospitalier de Brive, dans le service du dr Bertrand Bedin. Cette coopération inter-hospitalière n’est pas une nouveauté (l’établissement briviste avait déjà accueilli l’an dernier un autre chirurgien et deux ans auparavant un cardiologue) et elle va même se renforcer prochainement par des visioconférences à thèmes ciblées sur les besoins (nursing, infections nosocomiales, traumatismes crâniens, dialyse, biomédical…).

“Un mois parait court, mais j’ai vu tout ce que je voulais voir, j’ai appris beaucoup de choses dont une nouvelle technique de prothèse de la hanche qui n’est pas pratiquée partout en France”, commente Layes Touré, par ailleurs chef de service à l’hôpital de Sikasso. Pour sa première venue en Europe, le chirurgien a été touché par “la chaleur de l’accueil”: “Malgré la différence de pratique, je ne me suis pas senti dépaysé. L’intégration a été facile, mes collègues d’ici s’étaient préparés à me recevoir.”

Même enthousiasme pour le deuxième, directeur général de la mairie de Sikasso. “A aucun moment je ne me suis senti à l’étranger”, assure Koué Dioma qui s’est immergé deux semaines à la mairie de Brive pour s’imprégner de l’organisation des services. Un stage qui s’est révélé là aussi très instructif: “A Sikasso, nous avons 230 employés pour 300.000 habitants. On ne peut pas transposé, mais s’inspirer notamment en matière d’état-civil, d’élections, de gestion des marchés, pour améliorer aussi la “bonne gouvernance” (l’équivalent de notre démocratie participative, NDLR) qui s’appuie sur des chefs de quartier et des comités de développement de quartier.”

ambulance hopital

L’ambulance donné par l’hôpital de Brive

Ces deux Sikassois déjà sur place ont été rejoints pour l’assemblée générale de l’association briviste par le maire Mamadou Tangara et Youssouf Diakité, directeur adjoint de l’hôpital régional. Egalement médecin, ce dernier s’est félicité de cette forte coopération en matière de santé. “Grâce aux stages de nos médecins, nous avons pu placer une pile cardiaque à double chambre, une première au Mali. Cette transmission de compétences a également révélé la nécessité de nous doter d’un technicien biomédical pour assurer la maintenance des matériels.” Mais le point fort de cette année 2016 aura été sans conteste l’arrivée en février de l’ambulance donnée par l’hôpital de Brive. “Elle est entrée immédiatement en service, car nous n’en avions que deux vétustes.”

materiel pour hopital

L’arrivée des dons en février

Pour le maire Mamadou Tangara, “ce jumelage a suivi une ascension considérable“: “Du petit dispensaire, on est aujourd’hui au niveau de l’hôpital régional. Je suis témoin oculaire de cette amitié depuis les années 82 et des avancées en matière de santé, d’éducation, que ce soit en infrastructures, en matériel, en appui…” Un “nouveau souffle” qui impacte également l’économie. D’autant que la ville a sa carte à jouer dans la décentralisation qui s’opère au Mali. “Sikasso risque de se confondre à Brive-la-Gaillarde”, lance-t-il avec malice. Sikasso-la-Gaillarde… Avec des préoccupations similaires: ici comme là-bas, l’un des enjeux est de savoir “retenir les jeunes générations”. D’où un renforcement sur les formations et les activités de micro-crédit, génératrices de ressources.

Seul nuage au tableau: “Aucun maire de Brive n’a encore foulé le sol de Sikasso”, désespère Mamadou Tangara qui souhaiterait également voir dans la cité gaillarde un monument dédié à la gloire de ce jumelage. “Quelque chose de visible pour concrétiser nos liens.” Des liens qui s’expriment aussi par une fidèle “empathie”. “Elle s’est exprimée de part et d’autre aux moments des événements au Mali, des attentats en France”, commente Michel Blancher. Chacun a également déploré la disparition brutale du docteur Sylvestre Guth, un des pionniers de ce jumelage. En sa mémoire aussi, tous se mobilisent pour la suite. “Nous avons ouvert énormément de perspectives en 3 jours”, assure le président. Outre les actions déjà engagées, il est question d’un projet de collecte des ordures ménagères avec le SIRTOM de Brive, de la sécurité alimentaire pour le transport de la viande, de renforcer le micro-crédit, développer la formation… “Le chemin le plus court pour aller d’un point à un autre n’est pas la ligne droite, c’est le rêve”, dit un proverbe malien.

 

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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