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Boulot macho

Tout une journée d'information et de formation sur les violences sexuelles au travail

Ça ne fait pas partie du boulot et pourtant ce sont des violences ordinaires faites aux femmes dans le monde du travail: vocabulaire déplacé, discrimination, agression verbale ou physique, harcèlement jusqu’au viol. Les chiffres masquent une réalité plus insupportable encore et trop souvent banalisée. Pour mieux cerner ce problème se tient actuellement à Brive une journée d’information et de formation. L’objectif est de créer sur le département un réseau de personnes ressources au plus près des victimes.

La préfet Sophie Thibault et le procureur Jean-Pierre Laffite ont ouvert les débatsCette journée, organisée par la Direction régionale du travail et la Mission aux droits des femmes de la Corrèze, était prévue de très longue date. La récente abrogation du délit de harcèlement sexuel par le Conseil constitutionnel lui aura conférer une ampleur particulière. Certes un nouveau projet de loi est à l’étude, mais au delà du vide juridique temporairement créé, cet état de fait pose la douloureuse question du regard que notre société pose sur ces violences faites aux femmes dans le domaine professionnel et surtout l’attention qu’elle témoigne aux victimes.

Il y a très peu de plaintes car nous sommes dans une relation d’autorité, il y a une barrière psychologique à passer“, constate la préfet Sophie Thibault. “Les parquets peuvent mener des enquêtes dès lors qu’ils ont connaissance de faits, sans pour autant qu’il y ait plainte“, précise le procureur Jean-Pierre Laffite. Se pose aussi le problème de la preuve face à la qualification pénale. “Mais lorsque les textes ne sont pas rédigés avec beaucoup de précision, ils s’offrent à la critique”, témoigne le magistrat.

Violences sexuelles au travailReste qu’avant d’en arriver à ce stade, les victimes subissent longtemps un calvaire avant d’oser porter plainte et entrent dans une procédure qui ne les ménage pas. C’est cette réalité qu’ont largement expliqué deux chargées de mission de l’AVFT (Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail) venues animer cette journée. Sur la base de témoignages et de chiffres, si tant est que ces derniers soient suffisamment révélateurs. Tous les domaines professionnels sont touchés, même si certains, par leur relation de pouvoir, emportent la palme, comme les secteurs de l’entretien ou les collectivités. La situation semblerait même banalisée au sein du domaine hospitalier.

Dans l'assistance, une forte représentation de la gendarmerie48% des femmes affirment qu’elles travaillent dans un climat général sexiste et déplaisant. Pire, une étude a montré en 2007 que plus de 56%, soit plus de la moitié des salariées, ont subi ou subissent un harcèlement sexiste, sexuel ou un viol dans le cadre de leur travail! Des chiffres qui ont atterré l’assemblée. Sur la vingtaine de participants espérés, il y en avait le triple. En majorité des femmes. Très visible aussi dans leur uniforme, une rangée de gendarmes. Studieuse, l’assemblée était constituée de représentants administratifs ou d’entreprises, d’acteurs sociaux. “Le but de cette journée est d’inciter les participants à construire une culture commune sur le repérage de ces actes et les outils à mettre en place“, explique Anne-Marie Chastré, chargée de mission départementale aux droits des femmes et à l’égalité. Un travail long et délicat pour amener aussi les mentalités à changer.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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