Sur la plaque érigée en mémoire des héros de la résistance ayant fréquenté dans les années 1940 l’édifice qui accueille aujourd’hui le musée de la rue Champanatier, Edmond Michelet a fait figurer en première ligne le nom de Berty Albrecht. C’est à cette héroïne de la Résistance, dont la vie a été un modèle d’engagement, que le centre Michelet consacre la première des cinq expositions temporaires qui proposeront un regard particulier sur la seconde guerre mondiale. Une exposition citoyenne, inaugurée hier soir et riche de documents inédits, également présentée durant les journées du patrimoine, les 18 et 19 septembre puis jusqu’au 2 octobre. Entrée libre.
“Tu sais Elo, je veux faire quelque chose de grand, aller au fond des choses. Je n’ai peur de rien”, confiait à une amie à l’âge de 12 ans Berty Albrecht. De fait, entre 1893 à Marseille où elle naquit et 1943 à la prison de Fresnes où elle périt, la vie de cette personnalité emblématique de la Résistance, féministe et impliquée dans la question sociale, a été héroïque.
“Le centre d’études et musée Edmond Michelet retrace le parcours de cette femme plongée dans la tourmente d’un siècle et revient dans le même temps sur l’action des femmes mal connue ou peu reconnue au sein de la Résistance”, a rappelé Françoise Gautry, adjoint au maire en charge de l’action culturelle lors de l’inauguration de l’exposition hier soir. Richement illustrée d’archives personnelles, cette exposition réalisée par l’association “Mémoire de Berty Albrecht” et circulant dans toute la France grâce à la Fondation Résistance, revient sur ses combats pour la femme, la liberté et la démocratie, ses évasions et ses arrestations.
“Ça a été une grande bonne femme qui a fait ce que d’autres n’ont pas été capables de faire. Cela ne m’inspire que du respect”, a confié un visiteur de l’exposition hier soir. Membre de la Ligue des Droits de l’Homme, fondatrice d’une revue, Le Problème sexuel, dans laquelle elle défend notamment le droit des femmes à l’avortement libre, elle s’occupe également des réfugiés allemands fuyant le nazisme puis des Espagnols républicains exilés en France : cette femme aura été de tous les combats et de “Combat”, également, le mouvement de résistance fondé par Henri Frenay et à l’intérieur duquel elle a activement œuvré.
Arrêtée à Mâcon le 28 mai 1943 par la Gestapo, Berty Albrecht est torturée, emprisonnée et son corps est retrouvé dans le jardin potager de la prison de Fresnes. Une mort dans des circonstances étranges, gardées secrètes par la Gestapo mais sur laquelle l’exposition revient grâce aux archives de la prison retrouvées en 2004 qui semblent confirmer que Berty Albrecht se soit donnée la mort par pendaison. Inhumée dans la crypte du Mont Valérien, elle est une des rares femmes faite compagnon de la Libération à titre posthume.“La vie ne vaut pas cher, mourir n’est pas grave. Le tout, c’est de vivre conformément à l’honneur et à l’idéal qu’on se fait” disait Berty Albrecht, quelques semaines avant de se donner la mort.