“Pourquoi aller chercher ailleurs ce qu’on a chez nous ?” Patricia Verlhac a donc ouvert aux créateurs locaux son insolite boutique design vintage chine, rue Farro, 805. Une totale reconversion pour cette ancienne agent bancaire.
“J’aurais voulu faire les Beaux-arts, mais ça a été la banque.” Ainsi résume-t-elle 20 ans d’une vie révolue. Avant qu’un cancer à récidive ne bouleverse la donne. “Après 7 ans de traitement, lorsqu’on reprend le boulot, on ne voit plus les choses pareilles. On essaie d’aller vers où l’on tend. Moi, c’est la peinture, la chine, le design…”
Alors, il y a un an, Patricia Verlhac a marié tout ça dans une ancienne brûlerie qu’elle a pratiquement gardé dans son jus rétro. Il faut presque se baisser pour accéder comme dans une caverne à cet espace de 200m2 structuré par des poutres métalliques. Les lignes épurées des meubles contemporains tranchent avec les murs à l’aspect brut, comme labourés par les conduites des radiateurs en hauteur, vestiges de l’activité d’imprimerie qui a précédé celle de brûlerie.
Au 805 (des chiffres qui se référent à son histoire familiale), règne une atmosphère à la fois moderne et nostalgique, un côté chaleureux qui fait resurgir les souvenirs d’enfance. Le regard est sollicité par la diversité d’objets, le mélange de styles et d’époques dont le contraste s’harmonise finalement dans un “chaos ordonné” dirait un amateur de passage.
“L’idée, c’était d’être différent pour sortir de ce qu’on peut trouver partout avec internet.” D’où son envie aussi de “mettre en avant nos petits créateurs locaux. Pas la peine d’aller très loin pour trouver des gens talentueux”. Antoine Courtiol qui fabrique à Aubazine des meubles en béton ciré a été le premier d’une liste à rallonge. La Briviste Baba Maillard y expose ses coussins, tout comme le relieur Eric Selle ses objets en cuir ou la Brivo-toulousaine Karine Soult ses gros poufs berlingo. Bruno Roberti y fait œuvre éco-responsable et solidaire avec ses objets hifi en bois, assemblés par des travailleurs handicapés.
On y trouve des sacs vintage de la Limougeaude Kimeko qui commence à percer à Paris, des bijoux fantaisie venus de Creuse, de la faïence créée par une artisane du Lot, des suspensions du Cantal, des luminaires en papier de lin, des artistes peintres… “Ça vient petit à petit”, se réjouit Patricia Verlhac. “Je démarche mais le bouche-à-oreille fonctionne aussi.” D’autant mieux que les clients font le relais.
Evidemment, il faut que le tout s’harmonise: une table design fait ainsi vivre une chaise vintage et inversement. Un subtil dialogue. “Les objets ressemblent au lieu: ils racontent des histoires”, assure cette dénicheuse de créateurs. Au bout d’un an, Patricia Verlhac ne regrette rien : “J’ai fait de belles rencontres humaines”, sourit-elle en brandissant la mascotte de son 805, un drôle de nain surnommé Charlie. “Joie de vivre et bonne humeur”, garantit sa carte de visite, un préliminaire pour suivre son conseil: “Sortez du rang, soyez différent”.
très beau texte. Merci