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Assyna Griffith plein chant

Aînée d’une famille monoparentale de quatre enfants, cette jeune Briviste de 20 ans trouve sa voie dans le chant lyrique. Une vocation qui a mis du temps à éclore tant elle la croyait hors de portée.

Lauréate du tout nouveau prix Sing’in Corrèze lancé par le Festival de la Vézère, Assyna Griffith a participé en août à l’académie d’été de la Fondation Voces8 à Milton Abbey en Angleterre. « C’est un lieu magique, immense, ça ressemble à Poudlard, la grande salle de réfectoire, les dortoirs avec des noms, les couloirs… Il y règne un vrai esprit de communauté, le plaisir d’être ensemble autour de la musique avec des jeunes venus du monde entier. Je partageais ma chambre avec une Anglaise et une Australienne, heureusement j’ai la chance d’être anglophone ! », pétille cette jeune femme pleine de joie de vivre qui ponctue ses phrases d’un rire mélodieux.

La Briviste a vécu un rêve inespéré, une semaine intense en répétitions, ateliers, concerts, cours pour finir par donner l’oratorio d’Haendel, Israël en Egypte. « C’est un projet qui ailleurs aurait pris deux mois », argument-t-elle à l’appui de cette méthode d’enseignement reconnue internationalement. Ce moment hors du temps l’a confortée dans un avenir qu’elle croyait hors de portée. « N’étant pas issue d’un milieu privilégié, j’ai longtemps pensé ne pas pouvoir bénéficier d’un accès à la culture. »

@Olivier Soulié

Pourtant, du plus loin qu’elle se rappelle, le chant a toujours était là. « Ma mère chante tout le temps, c’est elle qui m’a donnée cette envie. Elle avait un air pour nous endormir le soir chacun d’entre nous, mes frères et sœurs. Moi, c’était Peter et Elliot le dragon », raconte Assyna Griffith. « C’est drôle, je me revois toute petite imiter des voix d’opéra dans la salle de bain, comme une diva, et aujourd’hui c’est le cursus que je vais suivre. »

Pour l’aînée de cette famille nombreuse habitant Rivet, les activités devaient se décliner avec gratuité, ce qui les limitaient à l’heure de chant en primaire – « c’était ma matière préférée » ou à la chorale au collège. « Le conservatoire, je pensais que c’était réservé à une élite qui pouvait se le payer. » Jusqu’à ce qu’elle y fasse son stage de 3e, à trois semaines du concert du Nouvel an. « Ils étaient en pleine répétitions, c’était la première fois que j’entendais un orchestre en vrai, que je ressentais les vibrations des sons, wahou ! »

Elle découvre aussi que les tarifs sont calculés sur le quotient familial. « Lorsque je m’y suis inscrite, je ne savais même pas lire les notes et je me suis retrouvée à 16 ans en premier cycle avec des enfants de 9 ans. » Le sort s’acharnerait-il, six mois plus tard, elle se heurte au confinement. « Suivre des cours de chant lyrique en visio, surtout en débutant, c’était compliqué. » Mais elle s’accroche, obtient son bac, évidemment avec l’option musique, puis s’accorde le temps de la réflexion.

Grâce la Mission locale, elle enchaine les stages en librairies, à la Foire du livre, dans une association de chant lyrique dont elle devient choriste… Avec le Festival de la Vézère et notamment le projet Sing’in Corrèze auquel elle participait déjà avec le conservatoire, elle passe côté organisation. « Ça m’a permis d’aider les intervenantes anglaises pour les échauffements des enfants. J’ai appris à diriger un atelier. L’important, c’est de chanter, de créer quelque chose et c’est un vrai partage. »

Du découragement, il y en a certes eu sur le parcours. « J’ai cru que je n’y arriverais jamais. La musique, c’est de la rigueur, mais c’est aussi ce que j’adore. Je ne me vois pas arrêter sous prétexte que j’ai commencé trop tard. Alors, je me donne les moyens. » Plus difficile, mais pas impossible. Assyna a suivi des cours de 3e cycle en plus de son deuxième cycle afin de reprendre les études et à la rentrée, elle intègre une licence en musique et musicologie à Lille. L’aube d’une nouvelle vie dans laquelle elle aimerait transmettre. « J’ai beaucoup plus travaillé pour en arriver là. C’est ce parcours que j’aimerais partager plus tard en enseignant. Je tiens à prouver qu’on peut réussir un projet personnel, même s’il est ambitieux, malgré les difficultés, indépendamment des origines sociales. »

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

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