A n’en pas douter, c’est une année exceptionnelle pour le cèpe de basse Corrèze. Ce matin, sous la halle Georges Brassens, tous les vendeurs de champignons s’accordaient à le dire et à l’expliquer.A 10h, il ne restait plus qu’une poignée de cèpes sur l’étal de Jean-Pierre Picon, à peine de quoi préparer une omelette. Si ses cagettes affichaient du vide, la bouche de Jean-Pierre, elle, était pleine de conseils sur le cèpe, de sa naissance à sa cueillette.
Pour lui, cette poussée quelque peu incongrue serait due aux averses de grêles localisées qui auraient permis un rafraîchissement salvateur des sols: “Pour que le cèpe pousse, il faut la conjonction de trois conditions: l’hygrométrie, la température du sol et la lumière”, confiait-il d’une voix docte, trois de ses doigts brandis successivement.
Avant de s’adonner à un rangement succint, Jean-Pierre n’hésita pas à rappeler que si l’on voulait retrouver chaque année des champignons au même endroit, il fallait absolument respecter ces règles strictes: “Savoir abandonner les cèpes les plus vieux, ceux à tête verte, et ne pas fouiller le sol au bâton, véritable prédateur du champignon puisqu’il détruit le terreau naturellement riche en mycélium de celui-ci.”
Quelques bancs plus loin, Anna, elle aussi cueilleuse impétueuse de champignons, reprenait ce dicton pour expliquer cette manne providentielle des sous bois: “Année à guêpes, année à cèpes.”