Déjà multimédaillée en jujitsu, la Briviste Annabelle Reydy a décroché l’or aux Jeux mondiaux à Taïwan en – de 55kg. C’était son rêve, avant de raccrocher en beauté, ainsi soit-il.
Mais voilà qu’on parle d’un nouveau rendez-vous: un grand tournoi regroupant tous les arts martiaux à Pékin en septembre 2010. Alors, à 43 ans, Annabelle n’a peut-être pas encore dit son dernier mot sur tatami.
La démarche est déterminée, le visage toujours souriant, la quarantaine athlétique. A l’âge où beaucoup ont largement grignoté une retraite sportive, Annabelle Reydy tient encore le haut du tatami. Elle est là, bien campée sur ses appuis, toujours redoutable. De l’acier trempé.
Par sa force tranquille, cette Jeannie Longo des arts martiaux en impose. Aux jeux mondiaux qui se sont déroulés à Kaohsiung fin juillet, ses trois dernières concurrentes, non des moindres, en ont encore fait les frais. Le tirage au sort n’avait pourtant pas favorisé la Française.
Premier combat: elle mène au point l’Autrichienne Corina Cekada qui l’avait précédemment battue en championnat du monde. Au deuxième tour, elle terrasse de 10 points une redoutable Polonaise et s’ouvre la finale. Soulagement. Ultime combat contre la Taïwanaise Ching-Yi Li. “C’était chaud au niveau de l’ambiance. Elle avait son public. A côté, les supporters français étaient peu nombreux mais très présents de la voix. Ma concurrente avait fait les JO en judo, alors je savais qu’il fallait que je la domine d’emblée sur la première partie, plutôt karaté. J’ai plus verrouillé sur la deuxième partie en contrôlant ses attaques. J’ai même réussi à l’immobiliser deux fois au sol. Le public était très sympa et a apprécié le spectacle qu’on lui a offert.”
Annabelle peut enfin savourer son rêve: se retirer en remportant les Jeux mondiaux, les seuls qui manquaient à son palmarès. “C’était ce qui était prévu. Mais ce n’est peut-être pas fini: il est question de créer l’an prochain à Pékin un grand tournoi réunissant tous les arts martiaux. Ceux qui ont fait un podium seraient automatiquement sélectionnés pour y participer. Alors.., on verra bien.”
Pour l’heure, la licenciée à l’UJBC (Union judo Brive Corrèze) a décidé de se reposer et de se préserver. “Je vais faire plus de la préparation physique que du tapis. J’attaquerai vraiment en février-mars.”
Malgré toutes ses médailles, la championne garde le triomphe modeste. Elle sait la contrepartie d’une victoire, la souffrance des entraînements, le tourment du doute et tous ces sacrifices qu’il faut consentir pour garder le cap. Pourtant comme son homologue cycliste, elle avait failli se retirer de la compétition et tourner une page bien remplie.
N’en déplaise aux plus jeunes, ses concurrentes ont souvent la moitié de son âge, la Briviste est toujours en lice même si elle a traversé quelques mois de turbulences, cumulant blessures et contre performances. “Aux championnats du monde en novembre dernier, je perds au premier tour. Ensuite, je fais 3e à la coupe d’Europe à Anvers, c’est très moyen. J’ai failli arrêter. Il faut dire que j’avais un peu relâcher depuis deux ans.”
Mais après les vacances de février, la Briviste a retrouvé un nouveau souffle: “Je voulais tenir ce challenge des jeux mondiaux, alors j’ai repris l’entraînement plus sérieusement. Je me suis mise à la corde à sauter pour travailler ma tonicité.” Malgré des blessures consécutives, Annabelle retrouve la forme. “Tous les week-ends, à chaque vacances, j’étais en stage. C’était très intensif.” Mais quelle belle victoire au bout! A l’image de l’équipe de France qui sur les 10 catégories présentées a raflé 8 médailles dont 4 en or: deux chez les filles, une chez les garçons et une en duo mixte. “La meilleure performance depuis un bon moment!”