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Anna Nozière accouche de La Petite

La dramaturge d’origine limousine Anna Nozière était venue présenter aux Brivistes Les Fidèles, histoire d’Annie Rozier la saison dernière Elle revient cette année avec sa pièce La Petite, jouée jeudi à 20h30 au théâtre, et dans laquelle elle continue d’explorer les thèmes de l’espace-temps et de la transmission. Infos et réservation auprès des Treize arches: 05.55.24.62.22. A noter qu’une rencontre avec Anna Nozière est proposée jeudi, à 18h30, à la médiathèque. Entretien avec un auteur à suivre.

Elle s’était illustrée la saison dernière avec Les Fidèles, histoire d’Annie Rozier, comédie noire et jubilatoire autour de la famille. Anna Nozière revient à Brive avec sa dernière création qu’elle a aussi mise en scène: La Petite, créée en septembre dernier au théâtre national de la Colline et co-produit par les Treize arches.

L’action se déroule dans un théâtre. Un théâtre qui a vu naître la petite, et mourir sa mère en couches. Aujourd’hui, c’est à son tour de porter la vie. Une vie qui soudainement refuse de grandir, de naître. Comme si elle exigeait de Jennie, la petite, qu’elle digère un héritage qu’elle n’a pourtant pas reçu.

Brive Mag’: Vous étiez venue avec Les Fidèles la saison dernière au théâtre municipal. Un bon souvenir?

Anna Nozière: Oui ! On est très heureux de revenir à Brive. Nous avons beaucoup aimé cette salle, la scène. C’est d’ailleurs la meilleure date que nous avons faites dans toute la tournée. On espère que ce bonheur passé va nous porter chance pour jeudi…

Brive Mag’: Pourquoi à 13 ans on entre dans l’univers théâtre ?

Anna Nozière: L’ennui a eu un rôle dans tout ça. J’ai grandi dans la campagne limousine et je me suis lancée dans le théâtre par le biais d’une aventure collective. A cet âge, soit on construit, soit on détruit. Puisque la génération d’avant avait beaucoup détruit, on a essayé de bâtir quelque chose.

Brive Mag’: Bientôt 30 ans que vous vous êtes vouées au théâtre. Comment votre travail a-t-il évolué au fil des années?

Anna Nozière:  Mon imaginaire et mon désir d’écriture sont restés les mêmes, par contre, le contexte a changé. C’est aujourd’hui plus institutionnel et contraignant. C’est une grande chance d’être soutenue par cette très grosse maison du théâtre de la Colline, c’est une très grande reconnaissance mais en même temps, cela ne facilite pas la spontanéité. Il est dès lors intéressant de chercher un moyen de ne pas contraindre son imaginaire.

Brive Mag’: Un imaginaire que vous avez mis en mots dans la solitude comme ce fut le cas pour l’écriture des Fidèles?

A. N. : J’ai écrit ma précédente pièce dans une abbaye et commencé celle-ci sur la scène aux côtés des comédiens. Je ne suis pas arrivée avec un texte pré-existant. Le point de départ était décousu. Les comédiens ont eu un rôle important à jouer et la part d’impro a été grande. Le pari d’écrire en direct, au fur et à mesure, a été très flippant. J’ai traversé des peurs jamais encore traversées. Se retrouver à trois semaines de la première, et savoir qu’on n’a pas fini d’écrire, que le texte bouge encore n’est pas très confortable. On est tous très heureux de l’avoir fait. Ça a été beau mais ça m’a épuisée!

En parallèle, j’ai continué à écrire dans la solitude d’une abbaye. Ça aide à ne pas se dénaturer, à assumer sa parole singulière, à être au plus proche de soi, à descendre en soi sans être influencée par les courants, les modes, ce que les autres attendent de nous. Il ne se passe rien dans une abbaye, les seuls événements sont ceux qui se passent en nous-mêmes. Cela débouche sur une écriture intime. Je pense que c’est pour cela que l’accueil est si différent. On pénètre ou non dans cet univers. Pour certains, tout cela est resté très obscur et en même temps, je n’ai jamais autant reçu de lettres et de témoignages de gens qui ont été bouleversés par la pièce.

Brive Mag’: Qui est Jennie, alias la petite? D’où vient-elle ?

A. N. : On ne sait jamais, c’est un mystère. J’ai bien pensé de loin à certaines personnes, certaines histoires, mais… C’est probablement une des seules questions à laquelle je ne peux pas répondre.

Brive Mag’: La Petite reprend certains thèmes déjà présents dans Les Fidèles. Cela a été conscient ou sont-ce des thèmes qui vous obsèdent?

A. N. : Avec La Petite, nous avons voulu aller au bout de ce que nous avions commencé dans Les Fidèles. On est allé encore plus loin dans le travail autour de l’espace-temps en allant jusqu’à créer sur scène un espace qui mêle le lieu du théâtre, le réel, le rêve, le monde des morts. Maintenant je vais me lancer dans tout autre chose, quelque chose de plus clair!

En ce qui concerne la transmission, c’est un thème qui me tient à cœur et que je n’ai moi-même pas fini d’explorer. Cela m’intéresse de voir comment les ascendants soit présents (Les Fidèles) soit absents (La Petite) continuent à tirer les ficelles…

La Petite, au théâtre municipal,  jeudi 15 novembre à 20h30. Infos et réservations: 05.55.24.62.22. Durée: 1h30. Tarif plein: 18 euros, réduit: de 8 à 4 euros. Placement libre.

 

 

 

 

 

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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