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André Laban peint l'insondable bleuté des mers

“Cousteau ne m’a pas pris à bord du Calypso pour faire de la peinture sous-marine”, plaisante André Laban, ingénieur chimiste à bord du navire et pionnier de l’équipe du commandant. Dès le milieu des années 1960 pourtant, il s’y est appliqué. Inaugurée ce soir à 18h à la galerie d’art L’Appart’, l’exposition présentée par l’association briviste Maecene Arts offre de découvrir nombre de ces toiles dévoilant l’insondable et l’infinie variété des bleus marins. Jusqu’au 6 octobre, entrée libre.

Il flotte autour de la personne d’André Laban un océan d’images, d’expéditions. Célèbre pour avoir été l’un des pionniers de l’équipe du commandant Cousteau dès 1952 où il a rejoint l’équipage du Calypso, l’ingénieur chimiste est aussi peintre sous-marin.

“J’ai commencé à peindre avant de plonger”, avance-t-il. “J’avais 11 ans, j’avais une boîte d’aquarelles”, extirpe-t-il de sa mémoire d’une voix rauque, abyssale. Puis j’ai continué à peindre à l’huile; et c’est après avoir découvert l’univers du monde sous-marin que  l’envie de retranscrire ce que je voyais s’est peu à peu imposée.”

Peu à peu. “Il m’a fallu une gestation de 12 ans avant que je ne me jette à l’eau, à tous les sens du terme!” Entre-temps, il y a la conception des caméras de cinéma 35 mm grâce auxquelles Le Monde du silence, palme d’or à Cannes en 1957 et lauréat de l’oscar du meilleur documentaire, a pu être réalisé.

Directeur de l’office français de recherches sous-marines entre 1956 et 1966, il participe également en 1965 à une expérience de plongée profonde: Précontinent 3 où il s’agissait de passer 3 semaines à 100m de profondeur. “Le fait d’être au fond, sans trop de lumière, à peine assez pour faire des photos, m’a donné l’idée de recourir à d’autres moyens que la photo ou la vidéo pour retranscrire ce que je voyais. C’est alors que j’ai fait mes premiers essais de peinture dans l’eau.” Passé par le PVC, il se dirige ensuite vers une toile classique qu’il enduit d’un produit gras à base d’huile de lin pour l’imperméabiliser. “A partir de là, je n’avais plus de problème d’adhérence de la peinture sous l’eau.”

Il poursuit: “Au début, j’allais un peu n’importe où, ensuite j’ai cherché des endroits qui me plaisaient: des grottes, des tombants verticaux en Mer Rouge, en Corse, Turquie, Grèce, Tunisie, Caraïbes“, égrène-t-il. A fleur de toile, des océans de bleu, infinis et différents, dans lequel plonger, se perdre.

Aujourd’hui, à 85 ans, il continue de plonger, moins loin, moins souvent comme avec sa petite-fille l’été passé. Il continue de peindre également. Des toiles inspirées par son imaginaire qu’il recouvre d’une résine liquide conférant un aspect vernis, glacé, au paysage à mi-chemin entre les profondeurs marines et l’espace cosmique.

L’exposition, présentée par l’association Maecene Arts, créée à Brive en août dernier et qui propose de promouvoir des artistes et les mettre en relation avec des mécènes, offre un véritable voyage au cœur d’un monde qui d’ordinaire ne se dévoile pas. Jusqu’au 6 octobre à la galerie L’Appart, en face de l’Hôtel de Ville. Du lundi au samedi de 10h à 19h et le dimanche de 14h à 19h. Entrée libre et gratuite. Plus d’infos: 06.14.35.46.15

 

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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