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Alexis Jaubert, l’honneur en politique

Les archives rendent hommage jusqu’à la fin de l’année à un homme politique corrézien quelque peu oublié aujourd’hui. Alexis Jaubert est pourtant une figure importante de la scène politique du siècle dernier, dans le département et au niveau national, puisqu’il fut l’un des rares à dire “non” à Pétain.

Qui de nos jours est capable de dire qui était Alexis Jaubert? Peu d’entre nous en fait. Pourtant, cet homme aura marqué la vie rurale et la politique durant une carrière qui a duré plus de cinquante ans.

Issu d’une famille qui mélange notaires et fabricant de fers à bœufs, né en 1879, Alexis Jaubert entre en politique dès 1908 en devenant conseiller municipal de Larche. Village dont il devient maire 4 ans plus tard, et cela jusqu’à sa mort en 1961. 49 ans de mandat durant lesquels, ce spécialiste des questions rurales et agricoles va développer son village et le moderniser. Adductions d’eau, égouts, éclairage électrique, téléphone, foyer rural, pont de Fournet, terrain de sport ou groupe scolaire, du confort et de la modernité pour ce petit village situé à quelques encablures de Brive.

424px-Alexis_JaubertOn se souvient également d’Alexis Jaubert par le rôle de premier plan qu’il eut au sein du parti radical socialiste dont il fut l’une des figures nationales jusqu’au début de la seconde guerre mondiale. Ami de Herriot et de Queuille, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l’agriculture en 1924 et 1925, il occupa à plusieurs reprises des postes de sous-secrétaire d’Etat. L’agriculture de décembre 1932 à janvier 1933 dans le gouvernement Joseph Paul-Boncour, les finances en février 1934 dans le gouvernement Daladier, les travaux publics de janvier à mars 1938 dans le gouvernement Chautemps.

Dans le même temps, Alexis Jaubert continue son implantation locale. Elu député de la Corrèze en 1928, il siègera au Palais Bourbon jusqu’aux heures noires de 1940.

10 juillet 1940, l’heure des choix. Une date à laquelle ses convictions de gauche, républicaines, le conduisent à dire non aux pleins pouvoirs à Pétain que Laval veut faire adopter par l’Assemblée et le Sénat. Un acte courageux que peu feront puisqu’ils ne seront que 80 sur 679 députés et sénateurs à s’opposer à ce qui était la naissance du régime de Vichy et le commencement d’une période sombre où notre pays dérive vers le nationalisme puis vers la collaboration avec l’Allemagne nazie. Ce choix, Jaubert l’assumera jusqu’au bout, ce qui l’obligera à entrer dans la clandestinité quand en 1943, les troupes allemandes envahissent la zone libre et que la Gestapo le traque. Faux papiers, de cache en cache, il attendra la fin de la guerre, réfugié en Savoie.

A la libération, la politique a changé et le poids de ceux que l’on appelait “les rad-soc” s’est plus qu’effrité. Alexis Jaubert reviendra néanmoins sur ses terres corréziennes et se fera réélire maire de Larche dès 1945. Il deviendra également sénateur en 1952, siège qu’il occupe jusqu’en 1959.

Cette figure de la vie politique, qui traversa les IIIe République, la IVe République et la Ve République, était un homme très intelligent et cultivé. C’était également une personnalité complexe car derrière le politicien, rigoureux, sérieux, homme de dossiers, se cache un amoureux des mots. Alexis Jaubert était également poète, ami de nombreux écrivains, et ses rimes sont riches et bien tournées. L’exposition en présente quelques unes entre affiches d’époque, photos et explications du monde politique français du centre dernier.

Madame Gautry


Patrick MENEYROL

Patrick MENEYROL

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