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“Adolescentes” nominé aux Lumières ce soir

Le documentaire entièrement tourné à Brive pendant cinq ans fait partie des nommés pour la 26e cérémonie des Lumières de la presse internationale, équivalent des Golden Globes, qui sera diffusée en clair et  seulement sur Canal+ ce soir mardi 19 janvier à 20h.

Unanimement salué, déjà distingué à Locarno par le prix Zonta de la Semaine de la critique, Adolescentes brigue ce soir une distinction très enviée. Figurer dans ces nominations qui sont établies par les correspondants de la presse internationale, est déjà une belle reconnaissance et témoigne du haut niveau du film. Créé en 1995 à l’initiative de Daniel Toscan du Plantier et du journaliste anglais Edward Behr, cet événement mobilise la presse internationale autour du cinéma français. La cérémonie des Lumières qui sera diffusée ce soir est ainsi aux Césars ce que les Golden Globes sont aux Oscars, un rendez-vous incontournable et une marche à gravir pour tous les talents du cinéma français.

Adolescentes de Sébastien Lifshitz (Les Invisibles, Bambi, Les vies de Thérèse) concourt dans la catégorie documentaire avec 4 autres réalisations : La cravate d’Etienne Chaillou et Mathias Théry, Kongo d’Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav, Un pays qui se tient sage de David Dufresne et Si c’était de l’amour de Patric Chiha.

Le film qui a été entièrement tourné à Brive est un projet au long cours concentré à la sortie sur 2 heures 15 que l’on ne voit pas passer. Deux jeunes filles filmées de 13 à 18 ans, deux Brivistes, Anaïs et Emma, sur fond de cité gaillarde. Deux portraits d’adolescentes/ ados naissantes que tout sépare et qui sont pourtant les meilleures amies du monde, réellement. On les suit de l’âge où l’on n’est déjà plus une enfant à celui où l’on n’est pas encore tout à fait une adulte. On voit Emma et Anaïs entrer en classe de 5e. Aussi dissemblables physiquement que socialement. L’une est issue d’une famille plutôt aisée, l’autre d’un milieu populaire.

Les deux copines sont ainsi suivies jusqu’à leur bac par la caméra de Sébastien Lifshitz. Immergé dans le quotidien des ados, le réalisateur a ainsi filmé leur transformation sans savoir lui-même où le mènerait cette entreprise hasardeuse. On y voit leur complicité, leur insouciance, leurs émotions, leurs interrogations, leurs différences… Une légèreté apparente qui n’en est pas moins une chronique poignante dressant le portrait de notre société. Et c’est cela qui plait. Cette véracité épurée, fruit de 500 heures de rushes et 1100 séquences.

Pourquoi avoir choisi Brive comme toile de fond ? D’abord car le réalisateur était désireux de s’éloigner de l’archétype faisant trop souvent coïncider adolescence et banlieue. Dans les villes de province repérées, la nôtre s’est imposée car les saisons y sont très marquées. Les paysages de Brive et alentour sont ainsi filmés comme des tableaux qui scandent le temps qui passe, accompagnant la métamorphose des jeunes filles.

Programmé au printemps puis décalé avec la pandémie, Adolescentes a reçu un accueil enthousiaste. On ne voit pas passer les deux heures et quelque de ce documentaire qui n’en parait pas un tant la caméra a su se faire discrète dans le quotidien de ces deux adolescentes qui ont grandi devant elle. D’une fascinante justesse et d’une saisissante densité, le film en dit long aussi sur le poids des déterminismes sociaux et sur notre part de liberté. Bouleversant et immanquable. Alors on croise d’autant plus les doigts pour ce soir.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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