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A J-1 des 24h chrono

Sylvie Peuch du PBAC lors des 24 heures de Brive 2008Demain, jeudi 21 mai, à 10h, ils seront exactement 102 coureurs et coureuses venus de toute la France à prendre le départ des 24 heures pédestres de Brive. 24 heures à courir, et quand ce n’est plus possible, à marcher, malgré la fatigue, la douleur, la souffrance… Avancer, toujours, jusqu’au bout et au-delà. Un défi fou, surréaliste!

L’exploit, difficile à comprendre, impose le respect. Alors, n’hésitez pas à venir les soutenir, ne serait-ce qu’un instant, sur leur parcours en boucle, sur la Guierle. Ils y seront, de jour comme de nuit.

Mais comment se prépare-t-on à une telle épreuve? Et qu’est-ce qui motive ces ultrafondeurs? Début de réponse avec François Lacassagne du CABrive course sur route et Sylvie Peuch du PBAC organisateur.

Vous pourrez retrouver nos reportages sur la course tout au long de ces 24 heures.

François Lacassagne se promenant sur le parcours des 24 heures de Brive, à la veille de l'épreuveLe but de la discipline est de courir sur un circuit d’un kilomètre, tracé en boucle sur la Guierle, sa place et son parc, en s’arrêtant le moins possible pour se reposer ou manger et afficher un maximum de kilomètres au bout des 24 heures.

François Lacassagne, 44 ans, licencié au CABrive course sur route et spécialiste du raid aventure, participera pour la deuxième fois aux 24 heures de Brive. “Ma première expérience remonte à huit ans. Je m’étais préparé très moyennement. En fait, j’ai fait n’importe quoi: je suis parti vite, comme dans mes autres courses, je pensais pouvoir me refaire, gérer la fatigue et le sommeil. Je me suis maintenu en tête les 5 premières heures et puis ça a été la galère. J’ai quand même fini en affichant 170km, mais je me suis promis que jamais je ne referais ce genre d’épreuve.

Et pourtant, François s’est inscrit à nouveau. “J’ai un peu fait le tour de ce qui existe comme course sur route; maintenant, je préfère m’investir sur du grand fond. Ces 24 heures seront un excellent tremplin pour mon prochain raid au Chili en mai 2010: 280km par étapes. Ça va m’endurcir sur la distance.” Le leitmotiv de l’ultrafondeur: “J’ai toujours envie de me remettre en question, de me prouver quelque chose. Bien sûr, je sais pertinemment que pour y arriver, je vais devoir me faire mal. C’est le prix à payer, un dur moment à passer pour atteindre le bonheur. C’est un peu comme dans la vie, il y a toujours une contre-partie.”

Sylvie Peuch aux 24 heures de Brive 2008Un leitmotiv partagé par tous les ultrafondeurs, toujours partants pour dépasser leur ombre, souvent taxés d’ultrafondus (c’est d’ailleurs le nom d’un de leurs magazines). Ils s’attaquent ainsi à des distances allant au-delà du marathon. A force, les 42,195 km du marathon, qui hier encore représentait l’épreuve reine, ont fini par leur devenir insipides! Alors, ils se tournent vers d’autres défis à leur mesure: 100km, 200km, 6 heures, 12, 24, six jours… La discipline a le vent en poupe et attire de plus en plus de coureurs hommes et femmes. De l’extérieur, le défi paraît dément, sauf que les adeptes du genre n’ont rien de toquards qui aiment se faire souffrir. Au contraire, et c’est le plus déstabilisant, ce sont des messieurs et mesdames “tout-le-monde”, épanouis, qui mènent des vies tout à fait normales, et pour certains des carrières brillantes.

24 heures de Brive 2008Parmi la centaine de participants cette année, encore plus de Corréziens. “Ils sont une bonne quinzaine à s’être inscrits. En majorité des Brivistes. C’est la première fois que nous en avons autant”, annonce Bernard Cournarie, secrétaire du Pays de Brive athlétique club devenu expert dans l’organisation de cette course. Et il y aura du beau monde: Jean-Gilles Boussiquet avec son record de 270km, Karine Herry, le champion de Belgique… et même un coureur non voyant, Jean-Claude Perronnet qui veut afficher les 180km, pendant que ses accompagnants se relaieront à ses côtés.

24 heures de Brive 2008Sylvie Peuch, l’allassaco-briviste spécialiste des 24 heures et championne du monde par équipe, sera également de la partie. Début mai, elle a couru les 24 heures du monde à Bergame en Italie. “C’est le pire 24h de ma carrière, j’ai vraiment galéré. Les 6 premières heures, tout allait bien, mais il faisait très chaud, avec beaucoup de pollution car on courait en ville, au ras des pots d’échappement. On a été plusieurs à être malades comme jamais: gastrites, nausées, vomissements… Je vous passe les détails. Pour moi, ça empirait dès que j’essayais de m’alimenter. Je me suis dit: “si tu veux rester sur le circuit, tu dois arrêter de manger et boire”. C’est ce que j’ai fait pendant les 18 heures restantes et j’ai tenu, en alternant marche et course, dans un état second.” Malgré sa contre-performance de 180km contre les 220 espérés, l’équipe de France dont elle fait partie, a maintenu son titre mondial brillamment acquis à Séoul en 2008.

Sylvie Peuch aux 24 heures de Brive 2008Tout juste remise et “avec l’accord du toubib, à condition que je me ménage”, la championne est ravie de se retrouver sur la Guierle. “J’y serai en dilettante. L’ambiance est sympa, le parcours nature et je vais courir avec des gens de mon club. Il faut toujours garder à l’esprit de se faire plaisir.” Et ce qui plaît à la licenciée du PBAC, c’est l’ambiance particulière des 24 heures: “Comme le circuit est court et en boucle, il y a beaucoup d’échanges entre concurrents. On fait partie d’une communauté, un peu comme au rugby”, compare cette fervente supportrice du ballon ovale. “Malgré la performance que chacun cherche à faire, on s’entraide, on remonte le moral au voisin. On sait tous qu’on va souffrir et ça donne beaucoup d’humilité.”

François et sa fille Adèle ce matin à la Guierle, scène des 24 heuresMême philosophie chez François Lacassagne, plus habitué à la décliner par étapes dans une nature aride. Pour sa deuxième participation, le Briviste s’est cette fois sérieusement préparé avec Christian Mallet, l’entraîneur qui le suit depuis 4 ans. “J’ai suivi une préparation spécifique sur 3 mois. En 10 semaines, j’ai couru 1800km, en respectant un quota de 130-140km par semaine. Je courais deux fois par jour, selon ce que me permettait mon boulot. Les dimanches et lundis où je ne travaille pas, je faisais des sorties de 40km. Les autres jours, c’était plus calme, autour de 15km par sortie. Cela m’a appris à enchaîner les efforts, à courir à petite allure, à changer ma foulée, pour la faire “rasante”, moins dynamique, afin de m’économiser.” Depuis quatre jours, le Briviste s’est mis au repos. Cette dernière journée, il l’a vit calmement, en la passant avec sa fille.

24 heures de Brive 2008En spécialiste de la discipline, Sylvie Peuch qui court deux 24 heures par an, se soumet à un entraînement de fond tout au long de l’année, n’abordant une préparation spécifique que trois mois avant l’épreuve. Une méthode qui lui réussit bien: “Je travaille l’endurance et je fais très peu de vitesse. Je pars courir dans ma campagne, dans les chemins, sans me donner un nombre de kilomètres précis. Je pars pour des heures...” A raison tout de même de 16 ou 17 heures de course par semaine. Je cale aussi dans ma préparation des compétitions, des trails, des épreuves de nuit… J’aime la nuit, il y a une magie particulière qui m’aide souvent à retrouver une bonne allure.”

24 heures de Brive 2008Certes, l’exploit des 24 heures relève du physique. Mais pas seulement. “C’est dans la tête et dans la gestion de la course. J’ai prévu de m’alimenter très régulièrement, toutes les 20 minutes, un fruit sec, un bout de fromage, un gel énergisant…” Il a pris soin de testé les meilleurs produits au long de ces derniers mois. “Je puiserai aussi dans le ravitaillement plus costaud, soupe, purée.. assuré par les organisateurs.” Sans oublier la gestion vestimentaire: “Il faudra que je pense à me couvrir pendant la nuit, pour garder un maximum de chaleur, surtout que la fatigue se fera sentir”. L’ennui aussi qui colle à la routine: “Je pense à plein de choses. J’ai prévu aussi de la musique. Et je compte sur les copains et les spectateurs, surtout la nuit. Rien qu’un petit encouragement permet de se motiver pour plusieurs tours.”

Vendredi 22 mai, à 10h, sonnera la fin de ces 24 heures de Brive. On saura alors si de nouveaux records de l’épreuve sont tombés: pour les hommes 252km, 235km pour les femmes. A titre de comparaison, les records mondiaux s’établissent quant à eux pour l’instant à 270km pour les femmes et 303km pour les hommes!!! A ce régime là, c’estdu quasi non stop, sans dormir, en maintenant une allure à 10 ou 11km heure!

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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