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34e Foire du livre: une présidence engagée

Blog Sallenave Danielle

Donner à rêver et à penser, c’est la volonté exprimée par Danièle Sallenave, la présidente de la prochaine Foire du livre de Brive qui s’ouvre demain vendredi 6 novembre. Récemment questionnée sur l’empreinte qu’elle souhaite laisser sur cette 34e édition, l’académicienne a assumé des positions sans concessions, posant un regard sur le monde et sur les livres bienveillant mais jamais bienpensant.

Brive Mag’ : Un festival en chasse un autre. Celui de Savennières que vous animez s’est refermé le mois dernier, la Foire du livre de Brive s’ouvre demain. Qu’est-ce qui, par-delà leur pluralité, fait le sens et l’intérêt de ces rendez-vous littéraires qui essaiment dans l’hexagone ?

Danièle Sallenave: Il y a une grande différence d’échelle entre les deux ! Celui de Savennières est une sorte de fête donnée à un très petit nombre d’écrivains. Et la célébration d’un terroir et d’un vin. C’est la même chose, à Brive, en plus grand ! Le sens de ces rendez-vous littéraires, c’est d’ouvrir un espace de rencontre et de vie autour des livres et de leurs auteurs, bien au-delà des mornes cérémonies de signatures à la chaîne. Cela plaît au public. D’où leur multiplication.

B M: Qu’est-ce qui fait selon vous la singularité – si singularité il y a – de la Foire de Brive ?

D S: La singularité de sa Foire du Livre, c’est Brive elle-même. Comme son nom l’indique, ç’a toujours été un pont, un lieu de rencontres et parfois d’affrontements entre Nord et Sud, entre régions, entre religions. Et elle a été une capitale régionale de la Résistance ! Tout cela laisse des traces, un mélange de gravité terrienne et de chaleur méridionale. On y mange bien, on y boit du meilleur. Les livres prospèrent sur ce terreau.

B M: Quelle tonalité avez-vous eu à cœur de lui insuffler cette année ? Pourra-t-on parler d’une Foire à votre image, c’est-à-dire engagée, en prise avec le réel et l’actualité ?

D S: Engagée, oui c’est le mot. Engagée en faveur du livre, de la lecture publique. Engagée surtout contre un faux esprit du temps, qui voit partout la catastrophe et le déclin. La France ne se suicide pas, elle n’est pas désespérée, elle se bat, et se débat d’abord contre la tentation de l’abandon. Et les livres sont là pour nous faire rêver, nous faire penser, nous inspirer du courage.

B M: Quels sont les auteurs que vous avez tenu à inviter ? Et quelles rencontres avez-vous souhaité programmer ?

D S: C’est d’abord l’affaire des organisateurs, qui sont des amis, et dont j’aime l’énergie. Mais, pour ce qui me concerne, j’ai voulu que soient présents des fidèles de la Foire, comme Alain Mabanckou qui l’a présidée avant moi ou Hamé, le rappeur, qui fait de la langue française une arme de combat.

B M: Quel visage de la littérature voulez-vous donner à voir ?

D S: Vivante, rayonnante, rebelle, résistante.

B M: Quelles résonances attendez-vous du « temps du livre » ?

D S: Le « temps du livre », c’est un moment donné au livre, c’est-à-dire à soi-même ! Où on s’arrache aux occupations, aux obligations, à leur pesanteur, à leur frivolité, à leur répétition qui fatigue et endort. Un moment d’éveil, offert à tous, partagé par tous. Je voudrais que cette habitude s’inscrive dans le quotidien des établissements scolaires, ce serait fantastique. Tous les jours, à la même heure, lire pendant quelques minutes ! Ensemble, mais en silence, on se concentre, on se recentre.

B M: Comment se matérialisera pendant la Foire la question « Pourquoi faut-il lire ? » que vous avez souhaité poser en fil rouge. Quelle réponse y apportez-vous ?

D S: La lecture, c’est comme la bicyclette! C’est un mouvement qui donne de l’équilibre. Et qui élargit le souffle, la respiration. La Foire, c’est cela : l’occasion de mettre et remettre en mouvement, avec les livres, le grand élan de vie, de conscience, qui est en chacun de nous.

Sur la prochaine édition de la Foire du livre de Brive, vous pouvez également consulter nos précédents articles:

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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