Il fallait oser! S’attaquer au chef-d’œuvre de Jules Verne n’a pas dû être chose aisée. L’Imaginaire théâtre a relevé le défi et monté 20.000 lieues sous les mers sur les planches avec panache. Les spectateurs, venus en nombre emplir la grande salle du théâtre, ne s’y sont pas trompés. Le spectacle, fabuleux et ingénieux, est à la hauteur du roman intemporel de Jules Verne.
La longueur de la fiche technique, englobant pêle-mêle décors sonores, musique, menuiserie, peinture, lumière, perruques, postiches et taxidermistes, laissait présager un spectacle haut en couleur. Pourtant, lorsque les lumières s’allument, un simple bureau orne l’espace.
Mais quel bureau! 450 kg de machines et 60 effets y sont dissimulés et serviront l’aventure avec humour et poésie contée par l’élégant professeur Pierre Aronnax, représentant la France à bord de l’Abraham-Lincoln. Alors qu’il avait disparu en mer lors de l’expédition organisée pour débusquer le monstre marin qui hantait dans les années 1860 les mers du monde entier, le professeur a réapparu.
Lors de la réception officielle organisée en son honneur, l’homme va se laisser aller et révéler avec fougue la fabuleuse aventure qu’il vient de vivre, embarquant une salle comble dans le plus fantastique des voyages.
Autour de ce seul bureau rempli d’animaux empaillés, d’os et coquillages qui vont servir au professeur, alias Sydney Bernard, et son acolyte, Thierry le Gad, à incarner les personnages de cette expédition, les aventures les plus folles vont faire surface. Fruit de l’alchimie entre le talent du conteur, la lumière, la musique et les trésors d’inventivité déployées pour rendre grâce à l’imaginaire de Jules Verne, la magie va opérer. Voilà le simple bureau métamorphosé tour à tour en sous-marin, grandes orgues, salle des machines ou banquises et le spectateur, pendu aux lèvres du narrateur, plongé, 20.000 lieues sous les mers. Un tour de force théâtral.
C’est particulièrement le cas lors des premiers pas de l’homme sous l’eau, saisis sur les planches à travers un tableau des plus poétiques ou encore lors de l’invasion surréaliste du poulpe géant dont les tentacules vont se déployer à qui mieux mieux au sein d’une salle hilare et abasourdie.
“6 ans et 650 représentations en France et à l’étranger plus tard, c’est toujours un immense plaisir que de jouer ce spectacle”, a confié à l’issue de la représentation et sous les acclamations des spectateurs, Sydney Bernard, qui rappelle aussi avoir scrupuleusement respecté le texte de Jules Verne dans des passages où le romancier, qui s’illustre par son avant-gardisme, pointe du doigt les dangers de la pêche à outrance ou encore le réchauffement climatique. Un chef d’œuvre de modernité que l’Imaginaire Théâtre sert avec fidélité et bonheur au travers d’un spectacle que les scolaires auront le privilège de découvrir aujourd’hui et demain au théâtre.