Le crachin d’automne n’a pas douché l’enthousiasme des opposants à la réforme des retraites. Ce matin, ils étaient encore environ 8 000 à braver humidité et grisaille . Une “manif”, une de plus pour dire non à cette loi sur le nouvel âge légal du départ à la retraite qui est désormais à 62 ans, mais pas seulement : ” Cette manifestation comme les précédentes est l’occasion d’exprimer un profond malaise accentué par un sentiment d’injustice”, dit une manifestante engoncée dans ces vêtements de pluie.
La tête du cortège arrive à hauteur de l’avenue de Paris, les derniers manifestants sont à peine partis. Le brouillard, les fumigènes donnent à cette manifestation une dimension particulière. Là-bas, au loin les manifestants ne sont que des silhouettes floues noyées dans cette brume épaisse, mais on entend ces bruits lointains qui se rapprochent et se font plus aigus. Puis le grondement devient plus distinct, les manifestants crèvent cet écran de brouillard. Les leaders syndicaux du département portent la banderole, ils ouvrent la” manif”. D’une voix puissante René Peyrical, le secrétaire de l’union départementale de la CGT, invite les passants à rejoindre le cortège. Derrière la sono reprend un air bien connu sur un rythme de techno,” C’est dans la rue que ça se passe”. Un manifestant coiffé d’un béret basque tambourine sur un vieux bidon tout cabossé avec une énergie débordante : ” C’est un têtu, il faudra qu’il finisse par lâcher, puis les jeunes sont là.”Il n’en dit pas davantage, il continue à cogner sur le métal.
On va gagner.
Dans cette manifestation, les jeunes sont moins nombreux que mardi dernier, mais eux aussi ils font du vacarme et brandissent à bout de bras des pancartes : “Jeunes la retraite c’est aussi notre affaire”. Sur une autre affiche on peut encore lire : ” Pas manipulés mais concernés”. Au cœur du cortège, un nouveau slogan, peut-être pour se rassurer : “on va gagner”. C’est l’avenir qui le dira, en attendant ils se sont dits rendez-vous mardi prochain.